Dans un monde où les prix de l’énergie augmentent et où la durabilité n’est plus vue comme du greenwashing mais bien comme partie intégrante de la stratégie d’entreprise, la Smart Industry peut faire la différence. Durabilité et numérisation constituent en effet un tandem parfait. Sander van Dasselaar, Vice-Président Industry Cluster Belgique & Hollande chez Schneider Electric – désignée, cette année encore, entreprise la plus durable au monde – nous explique pourquoi.
Texte : Katrien Bonne
En quoi la durabilité fait-elle clairement partie de votre ADN ?
Sander van Dasselaar : « Nous œuvrons d’arrache-pied pour rendre nos produits et usines aussi intelligents et durables que possible. À cet effet, nous avons développé une ‘EcoStructure for Industry’. Elle se compose de trois couches connectées : les produits qui génèrent les données, ‘l’edge control’ ainsi que les logiciels d’analyses et applications. Pour chaque couche, nous examinons à la loupe la consommation d’énergie. Cela peut se faire pour l’ensemble d’une usine mais aussi par machine et même par pièce détachée. Prenons l’exemple de la Chine, où l’énorme demande d’énergie ne peut pas suivre l’offre, de sorte que la production est à l’arrêt par moments. Au lieu d’exploiter de nouvelles mines de charbon, la numérisation accrue fait émerger des données qui permettent de surveiller la consommation énergétique dans tous les domaines. En augmentant ensuite l’efficacité des processus, on obtient beaucoup plus avec la même quantité d’énergie. »
Avez-vous un autre exemple significatif de l’impact positif de la numérisation ?
S. v. D. : « Nombre d’entreprises belges ont externalisé certaines activités vers les pays à bas salaires. Par exemple, des acteurs industriels collectent chez nous du fer et du cuivre pour ensuite les expédier en Chine. Ces matières y sont triées manuellement puis réexpédiées en Belgique dans des conditionnements bien distincts. Ce n’est pas efficace ! De plus, qui voudra encore effectuer ce type de travail à terme ? Si l’on recourt à des systèmes de caméras intelligentes, il n’y a plus besoin de transport intercontinental énergivore. Suspendues au-dessus des convoyeurs de triage, ces caméras peuvent différencier les métaux et alliages ; des engins robotiques effectuent ensuite le tri. Autre avantage de la numérisation : on peut parfaitement surveiller à distance la performance des machines intelligentes qui opèrent dans le cloud, l’adapter et la corriger. Adieu l’envoi d’ingénieurs à travers le monde pour réparer ou réviser des appareils… c’est dépassé ! Malheureusement, ceci n’est pas encore le réflexe adopté par la majorité des entreprises. »
Qu’est-ce qui les retient d’amorcer cette transformation ?
S. v. D. : « La technologie est là mais le passage à une organisation numérique demande de la spécialisation et de la réorganisation. De spécialisation d’abord car parmi les constructeurs de machines, vous trouvez surtout des gens qui comprennent la mécatronique mais moins la numérisation ou les logiciels. De la réorganisation ensuite car nombre d’entreprises et d’usines travaillent de façon cloisonnée avec leurs propres installations qui ne fonctionnent que sur un seul système. Or, il est essentiel d’opérer avec des équipements, des processus et des solutions digitales compatibles à grande échelle, notamment pour pouvoir travailler avec une multitude de produits et de fournisseurs. C’est la raison pour laquelle Schneider Electric promeut l’ouverture des circuits, entre autres en étant membre de l’Universal Automation Organisation. Au sein de cette ASBL, des universitaires, des fournisseurs de logiciels informatiques et opérationnels et des utilisateurs industriels finaux partagent leurs connaissances et logiciels. La Smart Industry passera du statut de ‘concept intéressant’ à celui de ‘concept incontournable’ lorsque les entreprises auront cessé de travailler en silos fermés. »