Encore fort peu répandu, le microcrédit professionnel ne concerne que quelques dizaines de milliers de projets en Belgique. Pourtant, comme le soulignent Dirk Dewitte et David Taquin, de l’institution de microfinance microStart, il offre de multiples avantages. Leader en Belgique avec 50 millions d’euros décaissés dans l’économie cette année, la structure fête ses 10 ans.
Texte : Philippe Van Lil
David Taquin
Chief Development Officer
microStart
Dirk Dewitte
CEO
microStart
En quoi consiste le microcrédit professionnel ?
David Taquin : « Il permet à tout porteur de projet, en voie de constitution ou de développement, d’accéder à un crédit qu’il n’aurait pas pu contracter via une banque traditionnelle. Ce microcrédit va de 500 à 25.000 euros et s’adresse généralement à des gens ayant de bonnes idées mais ne disposant pas de fonds suffisants. Il leur donne ainsi le droit à l’initiative économique, quels que soient leurs parcours, situation professionnelle voire origines. »
Dirk Dewitte : « Il s’agit par exemple de magasins de proximité – comme la vente de vêtements ou d’aliments -, de services à la personne – comme les coiffeurs – ou d’initiatives dans l’HoReCa. Tant que le projet est bon, nous n’excluons personne, pour autant qu’il s’agisse d’une activité éthiquement responsable. Nous ne finançons pas par exemple le secteur des cigarettes. »
La prise de risque est-elle dès lors plus grande pour l’institution financière ?
D. D. : « La réponse est mitigée. D’un côté, si un candidat n’a pas pu avoir accès au crédit d’une banque traditionnelle, c’est qu’il ne dispose pas des garanties nécessaires. De l’autre, nos garanties sont d’une autre nature : une tierce personne croyant au projet de l’entrepreneur se porte caution pour le contractant du microcrédit. »
Le microcrédit permet à tout porteur de projet, en voie de constitution ou de développement, d’accéder à un crédit qu’il n’aurait pas pu contracter via une banque traditionnelle.
« Ces garanties sont flexibles. Par exemple, le client met 25 % du montant du crédit sur un compte bloqué et la personne qui se porte caution le fait à hauteur de 50 % du crédit. Au final, notre risque est en moyenne légèrement plus bas que celui du secteur financier traditionnel. »
D. T. : « De plus, nous avons accès au crédit bancaire grâce à des mécanismes de garantie comme le Fonds européen d’investissement. Celui-ci garantit les lignes de crédit de toutes les institutions de microfinance en Europe. Notre source de revenus, elle, est variée, dont la marge financière qui en représente environ un tiers, comme dans le cas d’un crédit normal ; le reste provient de subsides privés et publics. »
La microfinance n’est-elle pas plus chère qu’un crédit d’investissement en banque ?
D. T. : « Généralement, elle l’est effectivement. Néanmoins, elle l’est beaucoup moins qu’un crédit de caisse en banque. En outre, nous appliquons des taux d’intérêts différents selon les produits et offrons gratuitement de l’accompagnement et du coaching pour les business plans et plans financiers. »
D. D. : « Nous disposons de quelque 150 conseillers bénévoles offrant à nos clients un accompagnement avant, durant et après leur crédit. Il y a là des financiers, des avocats, des notaires, des spécialistes du marketing, etc. »
Que faites-vous pour éviter tout surendettement ?
D. T. : « Nous analysons le parcours du candidat, ses budgets personnel et professionnel, etc., vérifions l’absence de crédit ailleurs et la raison de l’éventuel refus de crédit dans une autre banque et refusons que la personne se portant caution fasse partie du ménage de l’entrepreneur. »
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