Gérer son patrimoine dans un environnement dont les taux d’intérêt sont structurellement bas nécessite une approche spécifique. Bruno Colmant, expert économique, nous livre sa vision et ses conseils.
Il ne fait aucun doute que pour des années encore, nous devrons faire le deuil d’une augmentation importante des taux d’intérêt. Qui plus est, dans le contexte de faible croissance économique où le Vieux Continent est entré, en raison notamment du vieillissement de la population, il faudra absorber l’endettement des États… et la Banque centrale européenne ne pourra pas se permettre d’augmenter les taux d’intérêt !
Privilégier les actions américaines
Bien qu’ils reflètent une croissance économique moindre, des taux d’intérêt structurellement bas bénéficient néanmoins au marché des actifs. On assiste en outre à une véritable révolution technologique qui bénéficie aux entreprises, tous secteurs d’activités confondus, et à leurs actions.
Ce renouveau complet des entreprises s’accompagne d’un autre phénomène : certaines entreprises occidentales deviennent de plus en plus mondiales, créant des situations de monopoles grandissants. Cela signifie que le monde est aux mains d’un nombre d’entreprises de plus en plus réduit et que c’est de ces entreprises-là qu’il faut détenir les titres.
Une gestion optimale de son patrimoine nécessite d’opérer un arbitrage entre sécurité, besoin de liquidités et risques liés à la prise d’actions.
Aujourd’hui, la croissance européenne tend vers 1 %, alors qu’elle est de l’ordre de 3,5 % aux États-Unis. À mes yeux, cela justifie que l’on investisse en particulier dans des actions américaines, d’autant plus que les grands opérateurs – digitaux notamment – jouissant d’un quasi-monopole sont américains.
Assurer ses arrières
Toutefois, une gestion optimale de son patrimoine nécessite de prendre le bon risque au bon moment et d’opérer un arbitrage entre sécurité, besoin de liquidités et risques liés à la prise d’actions, entre autres. Il est généralement admis qu’il faut pouvoir disposer de 6 à 12 mois de dépenses courantes en carnets de dépôts pour faire face à une éventuelle perte d’emploi, aux coûts des études des enfants, etc.
En matière de sécurité, plus de 80 % des Belges sont en outre, à juste titre, propriétaires de leur logement ; ceci constitue la protection n° 1 lors du départ à la pension. Ce n’est qu’ensuite qu’on peut commencer à panacher son épargne dans des carcans plus rigides, mais bien diversifiés.
Trop souvent, nous avons tendance à surestimer fortement les montants de nos retraites et à penser que l’État se substituera à notre employeur pour nous assurer le même niveau de vie. Ceci n’est nullement le cas ! Quitte à vivre un peu moins bien lorsqu’on est actif, il doit absolument se forcer à assurer sa retraite, notamment via l’épargne-pension. Ceci constitue aussi b.a.-ba d’une bonne gestion de son patrimoine.