Chaque année, les employeurs belges font appel à 600.000 intérimaires. Des outils existent pour aider à garantir la santé et la sécurité de cette main-d’œuvre. Marijke Bruyninckx, Directrice de Prévention et Interim.
Marijke Bruyninckx
Directrice
Prévention et Interim
- Quel accueil réserver aux intérimaires ?
Mettez-vous dans la peau d’un intérimaire, certes qualifié, mais qui ne connaît pas votre entreprise, sa culture, ses infrastructures, ses équipements, vos collaborateurs… En tant qu’employeur, vous attendez de lui qu’il remplace au pied levé un travailleur en congé maladie ou qu’il renforce ponctuellement votre équipe et qu’il s’intègre et s’adapte en un temps record. Vous comprendrez que l’accueil que vous devez organiser est déterminant pour la qualité de ses prestations, sa motivation et, surtout, sa sécurité et sa santé au travail dans votre entreprise. L’accueil est, en réalité, une étape cruciale pour l’ensemble des parties en présence.
L’accueil des nouveaux travailleurs est une obligation légale prévue par la réglementation sur le bien-être au travail.
- L’accueil, une obligation
L’accueil des nouveaux travailleurs est une obligation légale prévue par la réglementation sur le bien-être au travail. Cette démarche est d’une importance capitale lorsque le novice est un intérimaire qui occupera temporairement le poste et, dans certains cas, pour une très courte durée. Il devra rapidement prendre connaissance d’une quantité d’informations indispensables à sa sécurité et à sa santé au travail mais aussi à sa bonne intégration dans l’entreprise. Son bien-être au travail, vous en êtes, en tant qu’utilisateur, responsable dès qu’il franchit les portes de votre entreprise et vous devez lui garantir la même protection que celle dont bénéficie vos propres travailleurs.
- Le recours à la débrouillardise ?
Les statistiques d’accidents montrent que la majorité de ceux-ci surviennent en début de mission. Les causes sont diverses mais la méconnaissance de l’environnement, des équipements et le recours, sans doute trop fréquent ou inapproprié, à la débrouillardise dans certaines situations de travail jouent inévitablement un rôle. L’accueil doit donc se dérouler avant la prise de poste. Toutefois, certaines informations pourront être transmises au fur et à mesure en fonction du déroulement des activités. C’est pourquoi la désignation d’un « parrain » ou d’une « marraine » qui peuvent encadrer l’intérimaire au-delà de la procédure formelle de l’accueil est une bonne pratique.
Les statistiques d’accidents montrent que la majorité de ceux-ci surviennent en début de mission.
- Être préparé
Fournir les informations sur votre entreprise, sur un poste de travail spécifique et la manière dont le travail doit être réalisé ne s’improvise pas. La personne désignée pour réaliser l’accueil (un membre de la ligne hiérarchique) doit bien connaître et respecter elle-même les règles applicables dans l’entreprise ainsi que les procédés de travail sûrs. En outre, elle doit pouvoir transmettre à l’intérimaire, de manière claire et complète, l’ensemble des informations et s’assurer que celles-ci ont bien été comprises. Il faudra peut-être laisser à la personne chargée de l’accueil le temps de se préparer à cette mission si elle n’en a pas l’habitude.
- Une checklist pour se préparer
Prévention et Intérim, le Service central de Prévention pour le Secteur du Travail intérimaire, a développé une checklist qui permet au responsable de l’accueil de contrôler s’il a bien communiqué à l’intérimaire toutes les informations dont celui-ci a besoin. La liste couvre un large éventail de thématiques pour ne rien laisser au hasard et s’assurer que les éléments qui sont imposés par la réglementation ont bien été abordés.
La sécurité des intérimaires en quelques chiffres
PI collecte chaque année les chiffres des accidents du travail des travailleurs intérimaires auprès des agences de travail intérimaire.
1. Les statistiques d’accidents du travail des intérimaires, en Wallonie, enregistrent malheureusement, chaque année, des taux de fréquence et de gravité nettement supérieur à la moyenne nationale.
– En 2021, le taux de fréquence pour la région wallonne était de 45,71 contre 39,53 pour la moyenne nationale.
– Le taux de gravité s’établissait quant à lui à 3,59 alors qu’il est de 2,98 au niveau national. Ces indicateurs sont légèrement inférieurs à la moyenne nationale dans les deux autres régions du pays.
2. Le taux de fréquence est un rapport entre le nombre d’accidents survenus et le nombre total d’heures prestées. Le taux de gravité est le nombre de jours d’incapacité de travail au regard du total des heures prestées.
3. En 2021, la Wallonie représentait 23,32 % des heures prestées en intérim contre 68,45% pour la Flandre et 8,33 % pour la Région Bruxelles-Capitale.