Née à l’initiative de quelques amis entrepreneurs en 2015, MolenGeek a aujourd’hui une dimension internationale. Une vraie success-story, en particulier dans le cadre de la formation au digital d’un public qui en est souvent écarté. Ibrahim Ouassari, son fondateur et CEO, nous parle de cette expérience réussie.
Comment votre initiative est-elle née ?
Ibrahim Ouassari : « Au départ, l’idée était d’organiser une bonne action pour les jeunes de Molenbeek en leur faisant comprendre que les technologies digitales sont accessibles à tout le monde. Cela a finalement pris une dimension incroyable ! MolenGeek fonctionne désormais autour de trois piliers majeurs : les formations, l’incubateur de startups et les projets collaboratifs de programmation informatique du type Hackaton. Aujourd’hui, nous sommes également présents à Anvers et Charleroi et, à partir de novembre, à Laeken. On s’est aussi développé à l’international : à Amsterdam, Rotterdam et Utrecht, aux Pays-Bas, et à Padoue, en Italie. Nous ouvrions bientôt notre première implantation en Afrique, à Casablanca, au Maroc. »
Quel public ciblez-vous pour les formations ?
I. O. : « Tout le monde est le bienvenu chez MolenGeek. Cela peut être par exemple des bacheliers et universitaires désireux de se réorienter vers le digital, mais notre focus principal reste le public des NEET – Not in Education, Employment or Training ; il n’a ni formation ni diplôme ni travail. C’est le public le plus difficile à convaincre car, souvent, il craint l’échec et ne veut pas finir encore plus déçu de lui-même. Quand on a raté l’école, on peut aussi souvent rater beaucoup d’autres choses par après, que ce soit dans sa vie professionnelle ou dans sa vie familiale. Nous avons dès lors créé un environnement positif et bienveillant où nous lui redonnons confiance en lui et lui enseignons que l’échec fait partie de l’apprentissage. »
Tout le monde est le bienvenu chez MolenGeek, mais notre focus principal reste le public des NEET – Not in Education, Employment or Training.
Comment adaptez-vous votre pédagogie à cette fin ?
I. O. : « En premier lieu, nous donnons aux personnes l’envie d’être curieuses, d’apprendre et de croire en elles-mêmes. Ensuite, toujours question de faire sauter les barrières mentales, nous travaillons sur un mode de ‘learning by doing’ : 2 heures de théorie pour 6 heures de pratique chaque jour. Quand il rencontre un problème, le stagiaire doit commencer par chercher une solution par lui-même, soit sur internet, soit en demandant aux autres. Le coach n’est là qu’en dernier recours. Cela rend la personne indépendante. »
Quels types de formations proposez-vous ?
I. O. : « En 2015, nous avons commencé par des formations en codage. Nous les avons ensuite étendues, notamment au marketing, au Salesforce – une solution logicielle CRM en mode cloud – et à des Amazon web services. Actuellement, nous sommes en transition vers des formations plus modulaires : elles passeront de 6 à 9 voire 14 mois. Désormais, il s’agira notamment de donner aux apprenants les bases en codage pour se diriger vers la cybersécurité, le développement en Python avancé ou l’intelligence artificielle. »
Selon les enquêtes réalisées par nos bailleurs de fonds, nous parvenons à un taux de 85 % de sorties positives six mois après la formation.
Qu’en est-il du taux d’insertion ?
I. O. : « Selon les enquêtes réalisées par nos bailleurs de fonds, nous parvenons à un taux de 85 % de sorties positives six mois après la formation. Nos stagiaires trouvent un emploi, lancent leur propre entreprise ou poursuivent leur parcours de formation. Nous avons contacté les 15 % restants et constaté que tous travaillaient, même si cela a pris un peu plus de temps. Pour encore améliorer les choses, nous venons de lancer deux nouveaux programmes d’accompagnement. »
En quoi consistent-ils ?
I. O. : « Le premier programme s’intitule SideGeek, en référence au mot anglais de sidekick, qui signifie ‘acolyte’. Nous allons ainsi former des profils juniors pour épauler des seniors en entreprise. Pour le jeune, c’est une fierté de savoir qu’une entreprise a choisi de miser sur lui, alors qu’il n’avait aucune formation. Pour beaucoup de ces jeunes, ce sera leur première expérience professionnelle. Il faut donc les accompagner afin qu’ils s’intègrent à un environnement dont ils ne maîtrisent pas souvent les codes, qu’ils se familiarisent aux valeurs de l’entreprise, qu’ils développent une certaine loyauté à son égard. »
Qu’en est-il du second programme ?
I. O. : « Il s’intitule Upskilling, littéralement ‘amélioration des compétences’. Ce programme est né du constat que certaines fonctions ne sont pas faciles à pourvoir dans les entreprises, par exemple celle d’opérateur de call center. Et pour cause : ce genre de boulot n’est pas très sexy et est relativement stressant. Dès lors, peu de gens imaginent l’exercer pendant dix ans. Pour nous, la solution consiste à ce que les employés concernés par ce type de fonction puissent l’exercer par exemple 3 jours par semaine et à ce que les 2 jours restants, ils puissent être formés à une autre fonction au sein de l’entreprise qui les emploie. L’employé a ainsi des perspectives d’évolution de carrière, tandis que l’entreprise dispose en suffisance du personnel pour remplir toutes ses missions. »
Molengeek a récemment lancé deux programme d’accompagnement :
✔ SideGeek, qui consiste à former des profils junior qui vont directement épauler des seniors en entreprise.
✔ Upskilling, un programme qui consiste à former des employés à une autre fonction que celle qui l’occupe dans son entreprise.