Le Mineral Circular Center (MC²) se veut le nouveau pôle wallon de référence pour une industrie de la terre et de la pierre encore plus durable et résiliente. IDETA compte bien être aux côtés des entreprises de ce secteur en catalysant les projets collaboratifs et innovants. Une mission très ambitieuse soutenue par Circular Wallonia.
Olivier Bontems
Directeur du service Energie et Solutions Durables
IDETA
L’industrie de la pierre est un élément central de l’histoire du Tournaisis. Depuis des centaines d’années, des générations de travailleurs ont extrait la fameuse pierre de Tournai des entrailles de la terre pour développer toute une région. Mais quand on pense à une activité aussi ancienne, la question de l’avenir ne peut être évitée. Les techniques d’extraction et de transformation ne cessent d’évoluer mais doivent répondre à un impératif écologique.
Les parties prenantes travaillent sur un projet ambitieux de capture de CO2 qui pourrait faire diminuer les émissions wallonnes de 3 millions de tonnes par an.
IDETA, dans le cadre de sa mission de facilitateur en symbiose industrielle soutient la transformation de ce secteur essentiel, en parfaite harmonies avec les industries. « Notre point de départ, c’est de travailler sur la dynamisation d’un écosystème sur la base du terreau industriel existant sur notre territoire. On pense aux carrières, aux cimenteries ou encore aux briqueteries. On parle d’une activité plus que centenaire qui fournit tous les éléments essentiels à la construction des bâtiments et infrastructures au niveau local, et plus largement au niveau wallon », présente Olivier Bontems Directeur du service Energie et Solutions Durables chez IDETA. « Toutes ces entreprises sont à un carrefour majeur parce qu’elles sont de forts émetteurs de CO2 ‘process’. Les industriels ont décidé de transformer cette ‘menace’ en opportunité pour dynamiser un secteur qui trompeusement semble appartenir au passé. »
La première urgence concerne évidemment les émissions de CO2. « Les parties prenantes travaillent sur un projet ambitieux de capture de CO2 qui pourrait faire diminuer les émissions wallonnes de 3 millions de tonnes par an », poursuit Olivier Bontems. « Il s’agit d’un projet à long terme, bien sûr. » Au total, pour les trois cimenteries concernées, ce sont 1,5 milliard d’euros d’investissements annoncés d’ici 2030, pour ces projets de capture de stockage de carbone.
Une opportunité remarquable pour la Wallonie de devenir le lieu d’accueil des cimenteries les plus modernes d’Europe.
D’ici-là, les choses bougent en matière de circularité des matériaux minéraux. « Une attention particulière est portée sur le recyclage des matériaux dans le processus de construction », assure-t-il. « Par exemple, aujourd’hui, quand on déconstruit un bâtiment, des routes ou des équipements, cela génère nombre de produits minéraux secondaires qui peuvent être réutilisés par différents acteurs du secteur, ou encore servir de point de départ à des projets de recherche. Je pense ici à un projet de recyclage de pales d’éoliennes. Ces matériaux composites sont difficiles à recycler, mais nos industriels ambitionnent de mettre en place une chaîne de valeur innovante afin de récupérer les fibres de verre et de carbone présentes dans les pâles et les incorporer dans le béton, en lui conférant des propriétés nouvelles. »
Il n’y a aucune volonté d’arrêter l’extraction et la fourniture des matériaux primaires, mais au contraire de développer de nouveaux produits.
Des projets qui demandent également un certain pragmatisme, pour que chaque acteur s’y retrouve. « Nous n’adoptons pas non plus une posture dogmatique. Il n’y a aucune volonté d’arrêter l’extraction et la fourniture des matériaux primaires. Au contraire, l’objectif est de développer de nouveaux produits », confie Olivier Bontems. « Ce qui compte, ce sont les symbioses qu’on peut créer avec les différents acteurs du marché. Il ne faut pas oublier que l’industrie de la pierre représente 10.000 emplois directs et indirects en Wallonie. »
Une symbiose industrielle
Pour appuyer ses arguments, il reprend un autre exemple concret : la gestion de l’eau. « Dans le Tournaisis, les acteurs industriels ont mis en place un système pour diriger les eaux d’exhaure des carrières vers une usine de traitement spécifique de la SWDE, qui renvoie l’eau traitée dans le réseau de distribution. Au total, 270.000 ménages sont alimentés par cet écosystème vertueux. Cela permet ainsi de réduire la pression sur les nappes phréatiques. »
« Il est évident que, pour apporter des nouvelles solutions, l’innovation joue un rôle essentiel. Dans le secteur de la terre et pierre, nous pouvons nous appuyer sur l’excellence développée par le Centre Terre et Pierres. En tant qu’Agence de Développement Territorial, nous jouons un rôle d’ensemblier mais notre vision n’est pas de dicter des solutions aux industriels. Ils n’ont pas besoin de nous pour ça », conclut Olivier Bontems.