Dès 2025, la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) obligera bon nombre d’entreprises à procéder à un rapportage extra-financier supplémentaire. Pierre Mahieu, associé de Teals Consulting, nous explique comment s’y préparer.
Didier Vindevogel, Pierre Mahieu, Fabrice Mahieu – Cofondateurs de Teals Consulting.
Un besoin de transparence
Une nouvelle obligation pèsera bientôt sur les épaules des entreprises basées dans l’Union européenne. En effet, certaines d’entre elles devront bientôt fournir un rapportage axé sur trois dimensions principales : l’environnement, le social et la gouvernance. « Elles devront livrer des données concernant les risques qu’elles encourent dans ces domaines, ainsi que les impacts potentiels dus à leurs activités », précise Pierre Mahieu. Par exemple, une société émettrice de CO2 devra en rapporter la quantité, qui sera analysée en regard de son chiffre d’affaires. « La CSRD touche aussi bien d’autres domaines, comme l’eau ou la biodiversité. »
Le but de la directive est d’instaurer une certaine transparence sur le comportement des entreprises lié à ces aspects. Toutefois, elle n’impose pas d’objectifs supplémentaires à ceux déjà fixés par les accords de Paris pour 2050. « Les autorités espèrent en réalité que cette directive contribuera à un changement de comportement des entreprises. Sous la pression de leurs actionnaires et de leurs clients, elles devront adopter un mode de fonctionnement plus vertueux, plus conforme aux principes du développement durable. Par ailleurs, leurs banquiers seront également soumis à des contraintes : le financement des activités non durables se fera à des conditions moins favorables », estime Pierre Mahieu.
La durabilité environnementale ne peut être dissociée de la durabilité économique.
Attention à l’effet en cascade
La mise en place de ce rapportage se fera progressivement. Les grandes entreprises cotées en bourse en auront déjà l’obligation en 2025, sur la base de l’exercice d’activité 2024. En 2026, ce sera le tour des entreprises non cotées mais de taille significative. Enfin, les PME cotées devront se soumettre à la directive dès 2027.
« Bien que non visées par la directive, les PME non cotées devront cependant elles aussi s’adapter », relève notre interlocuteur. Et pour cause : la CSRD exige une analyse de risque sur toute la chaîne de valeur des entreprises concernées par la directive. CSRD : à quoi faut-il s’attendre ? Dès 2025, la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) obligera bon nombre d’entreprises à procéder à un rapportage extra-financier supplémentaire. Pierre Mahieu, associé de Teals Consulting, nous explique comment s’y préparer. « Cela implique de se pencher sur le comportement des fournisseurs, des distributeurs et des clients. Les grandes sociétés obligeront sans doute les PME avec lesquelles elles travaillent à leur fournir des données en la matière. C’est déjà visible au niveau des départements des achats, qui exigent par exemple de leurs fournisseurs qu’ils leur donnent un scoring CO2 par une partie tiers et un plan de réduction des émissions. »
Le rapportage CSRD n’est pas qu’un exercice de conformité à un texte de loi car il nécessite une approche globale et intégrée.
Des solutions bien pensées
Mieux vaut donc se préparer dès maintenant. « Une bonne analyse des risques nécessite une parfaite connaissance des activités d’une entreprise », prévient Pierre Mahieu. « On peut alors sélectionner le meilleur modèle de risques, en se focalisant sur les impacts majeurs selon la CSRD. Il faut ensuite procéder à la collecte des données et à leur organisation, en gardant à l’esprit que ce processus se répétera chaque année. Cette série de tâches est complexe à effectuer pour les directions d’entreprise, par ailleurs déjà bien occupées. Notre mission consiste à conseiller les sociétés afin qu’elles puissent recueillir des données pertinentes de façon efficace sur les aspects de leurs activités en lien avec la durabilité. »
Grâce à ce positionnement intelligent, le cabinet de consulting belge a déjà su convaincre de nombreux clients. Actuellement, il met par exemple en place une architecture de collecte de données pour Vivaqua, la société en charge de la production, de la distribution d’eau potable et de la gestion du réseau d’égouttage pour la région bruxelloise, dans le but d’élaborer son premier rapportage CSRD. « Le rapportage CSRD n’est pas qu’un exercice de conformité à un texte de loi », insiste Pierre Mahieu. « Il faut effectuer un travail de fond en dialogue avec le client afin de bâtir des fondations solides de rapportage extra-financier. Sans processus intelligents et digitalisés, l’entreprise s’expose à une envolée sérieuse de ses coûts administratifs. La durabilité environnementale ne peut être dissociée de la durabilité économique. Les sociétés qui accompagnent cette transition, comme Teals Consulting, doivent adopter une approche globale et intégrée : comprendre le modèle économique et la stratégie de l’entreprise, renforcer la gouvernance, analyser les risques avec précision, élaborer des plans d’action concrets et proposer des solutions informatiques. En somme, nous nous positionnons comme un catalyseur, à l’écoute des besoins spécifiques de chaque client. Grâce à cette collaboration, les entreprises peuvent intégrer, de manière sereine et progressive, la durabilité environnementale dans leur gestion quotidienne, au même titre que les autres enjeux stratégiques. »