Skip to main content
Home » Entreprendre » La formation qualifiante : un levier contre la pénurie de talents
Entreprendre

La formation qualifiante : un levier contre la pénurie de talents

In association with:
Frédéric Panier, CEO d’AKT
In association with:
Frédéric Panier, CEO d’AKT

 La pénurie de talents est un défi majeur pour la Wallonie. La réforme de l’enseignement qualifiant s’impose comme une des solutions clés pour préparer les jeunes aux métiers d’avenir et valoriser les filières techniques. Il ne s’agit pas seulement de compétitivité économique, mais aussi de garantir des opportunités à chacun et de bâtir une prospérité durable pour notre région.

Pourquoi la pénurie de talents est-elle un enjeu majeur en Wallonie ?

La Wallonie est particulièrement touchée par ce problème. Des secteurs essentiels comme la construction, l’industrie, les technologies numériques ou les métiers techniques peinent à recruter. Pourtant, ces domaines sont vitaux pour notre développement économique et la transition écologique. Ce qui est frappant, c’est que cette pénurie de talents s’aggrave alors que le chômage reste élevé : on parle de plus de 220 000 demandeurs d’emploi… alors que dans le même temps on est proche des 40 000 postes vacants. C’est un paradoxe révélateur. Ce manque de talents freine directement la capacité de nos entreprises à développer leur activité économique. Mais il ne concerne pas que le secteur privé : les hôpitaux, les écoles et les services publics sont aussi touchés, ce qui menace la qualité des services essentiels à la population.

Quelles sont les causes profondes de cette pénurie ?

Deux grands facteurs se combinent. Premièrement on peine à orienter les jeunes ainsi que les chercheurs d’emploi vers les formations qui mènent aux métiers techniques et scientifiques demandés sur le marché du travail. Le nombre d’élèves dans les formations menant à des métiers en pénurie a diminué de près de 2 000 en 10 ans… Alors que la demande pour ces métiers a augmenté. C’est en grande partie un problème culturel. Les métiers manuels et techniques sont souvent perçus comme peu valorisants, des voies « par défaut ». Cette image négative décourage les jeunes de s’y engager, malgré les opportunités qu’ils offrent. Le deuxième problème est que les programmes d’enseignement qualifiant ne forment pas toujours bien aux métiers tels qu’ils se pratiquent aujourd’hui. Il ne faut pas caricaturer : la grande majorité des enseignants font de leur mieux et il y a de très nombreuses écoles offrant des formations à jour et de qualité. Mais il faut aussi voir les choses en face : il y a encore trop de jeunes qui sortent de l’enseignement qualifiant sans maîtriser les compétences nécessaires à l’exercice du métier pour lequel ils ont été formés.

La réforme de l’enseignement qualifiant peut-elle répondre à ces défis ?

Les Gouvernements conjoints de la Wallonie et de la Fédération Wallonie Bruxelles ont en effet proposé une réforme ambitieuse visant à répondre aux défis que nous venons d’évoquer. C’est un projet systémique qui couvre plus de treize chantiers, mais on peut épingler certaines lignes phares.

Lesquelles ?

Premièrement, l’idée de mieux informer les élèves, dès le plus jeune âge, sur l’univers des métiers. L’objectif est que, lorsqu’ils seront amenés à faire un choix d’études, les jeunes aient tous été exposés à la diversité et à la beauté des métiers techniques, pour dépasser l’image négative qui leur est trop souvent attachée. Ensuite, il s’agit de s’assurer que la formation technique “colle” mieux aux réalités des métiers tels qu’ils se pratiquent aujourd’hui. Une des idées-forces est le développement à l’échelle de l’alternance. Aujourd’hui, c’est une filière qui accueille moins de 10% des élèves, bien souvent ceux qui sont en situation d’échec répété. Demain, l’idée est que, pour toute une série de métiers, tous les élèves partagent leur temps d’études entre des cours “théoriques” organisés en école et une formation “pratique” sur le milieu de travail. Une autre idée est simplement de mettre à jour les “programmes” d’enseignement qualifiant. À l’heure actuelle, ceux-ci ont en moyenne plus de 15 ans… et ne sont plus en phase avec les évolutions métiers enseignés. L’idée est de mettre à jour rapidement et fréquemment ces programmes.

Quel est pour vous l’ingrédient essentiel pour réussir cette réforme ?

Le développement des collaborations entre le monde de l’école et le monde du travail. Aujourd’hui, cela reste encore trop souvent deux mondes qui ne se parlent pas assez et ne se comprennent pas. Il est temps de rompre ces barrières qui relèvent du passé. Pour ce faire, cela demandera une ouverture des acteurs de l’école au monde de l’entreprise… mais aussi que le monde de l’entreprise respecte les spécificités des missions citoyennes de l’enseignement. La bonne nouvelle est que je sens que de plus en plus d’acteurs en sont convaincus, des deux côtés.

Next article