Les cryptomonnaies, en particulier le Bitcoin, rencontrent un intérêt croissant. Souvent par méconnaissance, elles font cependant encore parfois l’objet d’idées préconçues. L’entrepreneur français Éric Larchevêque, Investisseur et Fondateur de Ledger et Coinhouse, les démontent une à une et souligne au contraire les bénéfices des cryptoactifs.
S’agissant d’actifs numériques, les cryptomonnaies paraissent souvent très abstraits. Est-ce justifié ?
É. L. : « Non. En réalité, rien n’est plus concret qu’un cryptoactif. Même s’il n’a pas de forme physique et si tout se passe sur internet, il s’agit d’un actif transparent et extrêmement sécurisé. Une fois qu’une transaction est enregistrée, elle est immuable et le registre qui indique qui possède quoi ne peut pas être falsifié. Ce système, qui a prouvé son efficacité depuis plus de dix ans, empêche la création de faux bitcoins ou l’annulation de transactions. Par ailleurs, bien que le Bitcoin ne soit pas tangible, il représente à la fois une révolution technologique et monétaire. Personne ne peut vous empêcher d’en posséder ou vous l’enlever. On peut échanger des bitcoins sans avoir besoin d’un tiers de confiance, sans demander de permission, sans devoir s’identifier auprès d’une entité régulée. »
Cela signifie-t-il qu’il n’existe aucune forme de régulation ?
É. L. : « Le Bitcoin existe en dehors de toute régulation et n’a pas besoin de celle-ci pour fonctionner, car il repose sur des principes mathématiques simples dans son propre écosystème. En revanche, lorsqu’on fait le lien entre le Bitcoin et le système financier traditionnel, comme l’euro ou le dollar, les règlementations, qui varient selon les pays, sont bien d’application. Acheter des bitcoins avec des euros nécessite par exemple de fournir son identité civile, de justifier l’origine des fonds, etc. De même, lorsqu’on désire réintroduire des Bitcoins dans le système financier classique, on doit pouvoir expliquer d’où ils proviennent. »
Quelles contre-vérités circulent fréquemment à propos des cryptomonnaies ?
É. L. : « La première est que le Bitcoin est un Ponzi, autrement dit qu’il ne fonctionne que parce que de nouveaux investisseurs achètent ce que détiennent les anciens. En réalité, cette approche simpliste s’applique aussi à d’autres investissements, comme les actions qu’on achète à quelqu’un en espérant les revendre plus tard. La différence, c’est que le Bitcoin repose sur un système technologique où il n’y a pas de centralisation ou de manipulation par un tiers, ce qui crée de la confiance. La deuxième contre-vérité est que les cryptoactifs ne seraient utilisés que par des criminels. En réalité, l’usage illicite des cryptomonnaies ne représente que quelque 0,3 % des transactions. Grâce à la nature publique de la blockchain, il est possible de tracer les flux et la police peut rapidement identifier les criminels. »
Un autre reproche souvent entendu est l’impact écologique du Bitcoin…
É. L. : « Bien qu’il consomme de l’énergie pour fonctionner et assurer sa sécurité, le Bitcoin peut être bénéfique pour l’écologie, en particulier pour les énergies renouvelables. Les mineurs cherchent à payer de l’énergie moins chère, souvent produite par des installations hydroélectriques où l’énergie fatale ou excédentaire est généralement gaspillée. Au lieu de dissiper cette énergie sous la forme de chaleur, le Bitcoin permet de la convertir en valeur monétaire. D’un point de vue économique, cela va devenir être un plus pour ce type d’installation. Cela s’applique aussi à d’autres sources d’énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire. »
Quelles initiatives menez-vous dans l’écosystème des cryptomonnaies ?
É. L. : « J’ai deux entreprises. La première, Ledger, fabrique des coffres pour sécuriser les cryptomonnaies. La seconde, Coinhouse, est un courtier en cryptoactifs qui facilite le passage entre les cryptomonnaies et le système financier classique. Son rôle est d’adhérer à toutes les réglementations et de maintenir un dialogue constant avec les régulateurs, à la fois pour promouvoir une régulation applicable et pertinente, faciliter le développement de la technologie, rassurer les partenaires financiers et protéger les consommateurs. »