Innoviris : prêt à saisir les opportunités pour dynamiser l’écosystème de l’innovation et de la recherche à Bruxelles.

Stefaan Sonck Thiebaut
Directeur général d’Innoviris
Bruxelles se classe parmi les régions les plus innovantes d’Europe, figurant dans le peloton de tête du European Innovation Scoreboard. Son écosystème de recherche est dense, porté par ses universités, ses hôpitaux et ses centres de recherche, et son dynamisme entrepreneurial en fait un terreau fertile pour les startups et scale-ups, notamment dans le digital. « Presqu’un quart des start-ups et scale-ups dans le secteur numérique en Belgique se trouvent à Bruxelles », souligne Stefaan Sonck Thiebaut, directeur général d’Innoviris.
« Nous avons tout pour être un acteur majeur de l’innovation en Europe, mais nous devons mieux exploiter nos forces », explique-t-il. Par rapport à la taille de l’économie régionale et des régions similaires, les investissements publics et privés en Recherche et Innovation restent encore trop bas.
Un enjeu clé pour retenir les entreprises et attirer les investissements
L’un des enjeux majeurs est la capacité de Bruxelles à retenir les entreprises en phase de croissance. « Nous voyons trop souvent des start-ups quitter la région lorsqu’elles atteignent une certaine taille, faute d’espace ou d’un accompagnement adapté, notamment dans des secteurs comme la santé. Dans le digital, ce problème a été moins marqué, mais nous devons agir afin de devenir plus attractif. »
Il faut que les centres de recherche, les entreprises et les initiatives publiques et privées autour de l’innovation et de l’entrepreneuriat travaillent davantage main dans la main.
« Nous avons énormément d’initiatives, mais elles manquent parfois de visibilité. Contrairement à d’autres grandes régions européennes, Bruxelles ne bénéficie pas encore d’une image claire en tant que hub d’innovation. Il faut structurer et renforcer notre positionnement », insiste Stefaan Sonck Thiebaut.
Adapter la formation des jeunes aux métiers de demain
Un défi de taille concerne l’adéquation entre l’offre d’emploi et la formation des jeunes Bruxellois. « Nos entreprises recherchent des profils spécialisés dans les nouvelles technologies, mais nous avons encore trop peu de jeunes qui se forment dans ces secteurs. Il est essentiel d’investir dans l’orientation vers les métiers de l’avenir : digital, IA, deep tech, etc. »
Pour faire face à ces enjeux, Innoviris prévoit plusieurs mesures. « Nous avons par exemple déployé de nouvelles initiatives visant à permettre aux entreprises de tirer pleinement parti de l’intelligence artificielle, précise-t-il. Et nous visons à renforcer l’écosystème d’innovation dans des domaines stratégiques comme l’économie circulaire ou la santé. »
Bruxelles regorge de talents, mais les collaborations restent trop dispersées. Il faut que les centres de recherche, les entreprises et les initiatives publiques et privées autour de l’innovation et de l’entrepreneuriat travaillent davantage main dans la main. »
Presqu’un quart des start-ups et scale-ups dans le secteur numérique en Belgique se trouvent à Bruxelles.
CONNECT 2025
Dans cette optique, Innoviris organise le 3 avril 2025 l’événement CONNECT, destiné à catalyser les échanges entre les acteurs de la recherche, du développement et de l’innovation. « Cet événement est né d’un constat simple : à Bruxelles, nous avons un écosystème très riche, mais encore trop fragmenté. CONNECT vise à structurer et renforcer ces liens, à créer des opportunités concrètes de collaboration », explique Stefaan Sonck Thiebaut.
L’édition 2025 mettra en avant les collaborations entre entreprises et centres de recherche dans quatre domaines clés : intelligence artificielle, biotechnologie, construction circulaire et innovation sociale. « Il s’agit d’un moment crucial pour le secteur. Nous espérons que de nouvelles idées émergeront et que des projets concrets verront le jour grâce à ces échanges », ajoute-t-il.
L’incertitude politique
Cependant, le contexte politique incertain complique la mise en œuvre de certains projets. « Nous avons un besoin urgent d’un gouvernement pleinement opérationnel. Pour l’instant, tous les projets en cours continuent d’être financés, mais l’absence de budget stable ralentit le lancement de nouveaux projets et programmes », avertit-il. Innoviris soutient chaque année entre 300 et 400 nouveaux projets, mais l’incertitude budgétaire allonge les procédures et freine les initiatives émergentes.
Le directeur d’Innoviris est confiant. « Bruxelles a tout pour consolider sa place de leader européen de l’innovation. Mais pour y parvenir, nous devons miser sur la coopération, l’investissement et la formation. La science et l’innovation sont indispensables pour la prospérité de Bruxelles, et nous devons nous donner les moyens d’exploiter pleinement leur potentiel. »