CRM Group, centre de recherche métallurgique de pointe, est un acteur incontournable de l’innovation en Belgique. Avec près de 300 collaborateurs, cette entité se consacre au développement de procédés de fabrication de produits et d’applications utilisant divers métaux. Ses axes stratégiques majeurs sont l’économie circulaire, la transition énergétique, la digitalisation et l’amélioration de la compétitivité de nos entreprises. Voici une série de projets qui démontrent la pertinence de cette approche.

Joeri Neutjens
CEO de CRM Group

Xavier Vanden Eynde
Chief Scientific Officer de CRM Group
SMELD, la décontamination nucléaire « Le projet SMELD s’inscrit dans une démarche audacieuse de décontamination et de recyclage des déchets métalliques issus du démantèlement des centrales nucléaires », nous informe d’emblée Joeri Neutjens, CEO de CRM Group, illustrant le savoir-faire de son entreprise. « Mené en partenariat avec le centre de recherche nucléaire de Mol (SCK-CEN), ce projet vise à développer des techniques pyrométallurgiques pour la fusion de déchets nucléaires à différentes échelles, du laboratoire au pilote. »
Son collègue Xavier Vanden Eynde, Chief Scientific Officer, précise que « l’objectif principal est de décontaminer en enlevant le plus possible d’éléments radioactifs. Le défi technologique majeur réside dans la séparation de ces éléments – le cobalt pour commencer -, avec l’ambition de réduire significativement leur teneur radioactive. » Le projet SMELD s’insère dans la dynamique d’économie circulaire pour permettre la récupération d’éléments critiques ou la réutilisation directe ou conditionnelle de matériaux. « Mais le véritable tour de force réside également dans l’upscaling, passant des essais en laboratoire à l’installation d’un four pilote de grande échelle, une première qui permettra au SCK-CEN de valider ces procédés à l’échelle industrielle en milieu nucléarisé », renchérit Joeri Neutjens.
CO2 Carmeuse, un programme de décarbonation ambitieux
Une autre initiative d’envergure est le projet de capture CO2 avec Carmeuse. Il s’inscrit dans le cadre du plan de relance et de résilience wallon HECO2 (Hydrogen, Electrification and CO2 Capture), doté d’un budget total de 73,7 millions €. Ce programme vise la production d’hydrogène, l’électrification des procédés de l’industrie lourde et la gestion du CO2 fatal, ce gaz émis lors de réactions chimiques inévitables.
Ce projet vise à développer des techniques pyrométallurgiques pour la fusion de déchets nucléaires à différentes échelles, du laboratoire au pilote.
Au cœur de cette initiative, un prototype pilote a été développé sur le site de Carmeuse à Seilles. « Ce procédé innovant de production de chaux permet d’enrichir et de concentrer le CO2 pour une utilisation ultérieure. L’objectif est de le capter, le concentrer dans une bulle visible sur le pilote, puis de le transporter pour sa valorisation. Nous allons nous connecter à tout ce qui recourt au CO2 pour en faire des e-fuels par la suite », explique Joeri Neutjens, qui évoque la future « Backbone CO2 » que Fluxys mettra en place.

L’hydrogène, un must pour notre avenir énergétique
Nos deux interlocuteurs sont convaincus que l’avenir énergétique de l’industrie belge, notamment en Wallonie, est intrinsèquement lié au développement de l’hydrogène et des petits réacteurs modulaires. Joeri Neutjens estime que « l’écosystème belge est particulièrement bien positionné pour développer ces technologies. CRM Group contribue notamment à l’amélioration des électrolyseurs alcalins de John Cockerill. Nous visons à produire un hydrogène moins cher et accessible aux grandes industries pour leur décarbonation. » Cet effort s’inscrit dans le cadre de e-WallonHy, une initiative d’innovation stratégique wallonne qui fédère un écosystème d’acteurs industriels et publics, d’universités et de clusters comme TWEED. « L’objectif est de coordonner l’innovation pour la production, le transport, l’utilisation et le stockage de l’hydrogène. »
L’objectif principal est de décontaminer en enlevant le plus possible d’éléments radioactifs.
Pour sa part, Xavier Vanden Eynde met en avant le projet MaterHyum : « Mené en partenariat avec la PME BeBlue Cryotech, il vise à tester la faisabilité et l’utilisation des matériaux en contact avec l’hydrogène sous différentes formes – liquide, gazeux, haute pression – et sur de longues durées. Des projets comme ReadHy supporté par le Fonds de transition énergétique avec UGent et UCLouvain complètent cette démarche, en testant la résistance des soudures des pipelines sous pression d’hydrogène. »
La Wallonie dispose d’une masse critique d’infrastructures pour la caractérisation et les essais liés à l’hydrogène. « Des entreprises comme BTD installent des cellules pour les tests de piles à combustible et de moteurs à combustion hydrogène, tandis que le projet MaterHYum, le VKIHyLab et le pilote de Plasmalyse dans le Hainaut contribuent à faire de la Wallonie un acteur de qualité pour l’économie de l’hydrogène. Grâce à une densité d’universités, de centres de recherche et d’industriels, la région est prête à se positionner comme un pôle d’excellence dans cette transition énergétique », se réjouit-il en guise de conclusion.
