La transition énergétique et son corollaire, la neutralité carbone, exigent de réinventer notre système énergétique. Pointant les obstacles à surmonter, dont la maîtrise des coûts, Pascal De Buck, CEO de Fluxys, nous partage sa vision.

Pascal De Buck
CEO de Fluxys
« L’électrification, bien que cruciale, ne constitue qu’une partie de la réponse », affirme d’emblée Pascal De Buck. « La clé résidera dans une combinaison intelligente de l’électricité, du biométhane, de l’hydrogène – vert et bas carbone – et du captage puis du stockage du CO2 (CCS). Cette mosaïque énergétique nécessitera une coopération sans précédent entre consommateurs, autorités et sociétés d’infrastructures, à l’échelle régionale, nationale et internationale. »
En vue du déploiement de nouvelles molécules comme l’hydrogène et le CO2, un cadre réglementaire simple, stable et technologiquement neutre est primordial pour convaincre les industriels et les sociétés d’infrastructures comme Fluxys à prendre les décisions cruciales d’investissement. Un enjeu majeur est le ‘dérisking’ des investissements initiaux. Les infrastructures pour ces nouvelles énergies sont coûteuses et il est irréaliste de faire supporter l’intégralité de ces coûts aux premiers utilisateurs. C’est pourquoi des mécanismes de soutien sont nécessaires. « L’objectif est de bâtir des infrastructures pérennes, c’est-à-dire capables d’accueillir un nombre croissant d’utilisateurs au fil du temps. »
L’objectif est de bâtir des infrastructures pérennes, c’est-à-dire capables d’accueillir un nombre croissant d’utilisateurs au fil du temps.
Des projets sortent de terre
Fluxys est déjà activement engagée sur ce terrain. « Toutes nos infrastructures gazières construites aujourd’hui sont conçues pour être compatibles avec l’hydrogène et/ou le CO2, permettant ainsi leur réaffectation future. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’industrie et les autorités pour anticiper les besoins en infrastructures. »
Des partenariats internationaux sont également forgés pour le développement d’une chaine de transport et de stockage de CO2 en mer du Nord via Zeebrugge. Il y a aussi des discussions avec l’Allemagne pour l’intégration de volumes de CO2 captés là-bas. Le transit de volumes venant de l’étranger permet en effet le maintien de tarifs de transport bas pour le marché domestique. « En outre, des investissements ‘no regret’ ont déjà été décidés. Ces canalisations transporteront de l’hydrogène ou du CO2 en fonction de la demande du marché. Fluxys prévoit aussi la réutilisation de canalisations de gaz naturel existantes, lorsque la demande le permettra.