Skip to main content
Home » Gestion de Patrimoine » La BRAFA Art Fair, un voyage au sommet de l’art
Gestion de patrimoine

La BRAFA Art Fair, un voyage au sommet de l’art

En collaboration avec
HANS OP DE BEECK 1. Maurice, 2024 MDF, bois, polyamide, enduit KEHINDE WILEY 2. J.H. Boode and C.A. Martin (Ronald Tooi & Guillermo Apinsa), 2025 Huile sur toile © photo : Artist’s studio
En collaboration avec
HANS OP DE BEECK 1. Maurice, 2024 MDF, bois, polyamide, enduit KEHINDE WILEY 2. J.H. Boode and C.A. Martin (Ronald Tooi & Guillermo Apinsa), 2025 Huile sur toile © photo : Artist’s studio

L’une des foires d’art les plus prestigieuses d’Europe revient à Brussels Expo, du 25 janvier au 1er février 2026.

Daniel Templon

Galeriste 

Depuis sa création en 1956, la BRAFA a eu pour ambition de proposer la foire d’art la plus qualitative possible, afin de combler les envies des collectionneurs à la recherche de pépites. En janvier 2026, ce rendez-vous incontournable exposera à nouveau, dans un décor raffiné, des œuvres rares allant de l’Antiquité au XXIe siècle. Ainsi, 150 galeries internationales occuperont les 21.000 m² des Palais 3 et 4 de Brussels Expo, prêtes à accueillir plus de 70.000 visiteurs venus d’Europe et d’ailleurs.

L’occasion d’évoquer ce secteur en perpétuelle évolution, avec Daniel Templon, galeriste et marchand d’art participant à la Foire pour la deuxième fois, dont le siège bruxellois est située à Saint-Gilles. 

Comment se détermine le prix d’une œuvre d’art contemporain et quels sont les facteurs clés à prendre en compte ?

Daniel Templon : « Le prix se construit dans un dialogue entre la galerie, l’artiste et le marché. C’est un équilibre délicat entre la reconnaissance institutionnelle, la rareté, la demande et le parcours de l’artiste. La cote se forge sur la durée : elle se nourrit d’expositions, de publications, de la fidélité des collectionneurs, des relations avec les musées et les acteurs «prescripteurs» du marché de l’art. À la Galerie Templon, qui célèbrera en 2026 ses 60 ans d’activité, nous nous sommes toujours méfié des logiques purement spéculatives. Le prix doit rester cohérent, avec une histoire et un engagement artistique. Il faut ainsi tenir compte du rôle que jouent les maisons de ventes, à certains moments accélérateurs de la cote, à d’autres dévalorisateurs. Le marché est souvent imprévisible, sans rationalité. »

Quels conseils donneriez-vous aux collectionneurs pour être confiants dans leurs acquisitions ? 

Daniel Templon : «  Je leur conseille toujours d’écouter leur regard avant tout. Le marché de l’art est un monde où les modes passent vite. Seule la conviction intime dure : il faut se renseigner, visiter les expositions, lire, parler avec les marchands. Une galerie sérieuse joue un rôle de médiateur et de garant : elle accompagne, explique, contextualise. Chez nous, nous essayons d’offrir une relation fondée sur l’expertise, la transparence et la fidélité. Nous suivons nos artistes sur des décennies. »

Selon plusieurs analyses du marché, les œuvres d’artistes femmes gagnent en visibilité : par exemple, d’après un rapport récent de Sotheby’s, le nombre d’artistes femmes représentées aux grandes ventes aux enchères est passé de 27 à 46 dans la tranche > 1 M $ entre 2018 et 2024. Voyez-vous ce mouvement comme un véritable changement structurel du marché ? 

Daniel Templon : « Oui, il y a indéniablement une évolution, mais elle reste fragile. On ne peut que se réjouir de voir enfin davantage d’artistes femmes dans les musées et les galeries, mais le marché fonctionne plutôt par «corrections» que par révolutions. Derrière les chiffres se cachent des réalités très contrastées. Si le nombre d’expositions d’artistes femmes augmente, la proportion de leurs oeuvres dans les collections publiques reste très minoritaire. Or ce sont les collections de musées qui construisent à long terme la cote d’une artiste et leur place dans l’histoire de l’art. Il y a un effort de rattrapage considérable à poursuivre. Nous défendons des artistes femmes déterminées – Chiharu Shiota, Prune Nourry, Jeanne Vicerial, Oda Jaune – mais leur reconnaissance internationale demande un effort constant. » 

D’autres tendances fortes ou dynamiques se dégagent-elles ?

Daniel Templon : « Le marché de l’art vit une mutation profonde : influence des réseaux sociaux, hybridation avec la technologie, déséquilibre entre la transparence apparente des ventes aux enchères et l’opacité du «premier marché» pourtant majoritaire, émergence de nouveaux pôles de reconnaissance en Asie ou au Moyen Orient. Aujourd’hui, avec le succès de certains de nos artistes comme la japonaise Chiharu Shiota ou le Belge Hans Op de Beeck, je constate un besoin de davantage de sens, un retour à des oeuvres où l’immersif, le spectaculaire, la beauté, sont essentiels. De même, le regain d’intérêt pour la peinture figurative, que ce soit celle de peintres établis comme Gérard Garouste, François Rouan et Philippe Cognée, ou de la scène Africaine comme Omar Ba ou Alioune Diagne et récemment Bilal Hamdad, d’origine algérienne, témoigne d’une recherche d’authenticité, de virtuosité de la main, et d’imaginaires forts et singuliers. Dans un univers saturé d’images et de réalité virtuelle, je pense que cela marque un besoin essentiel de temps long, le temps du regard et de la contemplation. Nos peintres ont un bel avenir devant eux. »

Entre amis, en famille, en duo ou en solo, la BRAFA, c’est l’occasion parfaite d’échanger, de s’inspirer, ou tout simplement d’avoir un coup de cœur pour une œuvre exceptionnelle.

Next article