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Pouvoir de la Wallonie

Entre simplification apparente et complexité réelle

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Le 1er octobre dernier, la Wallonie mettait en application la réforme des annexes du Code du développement territorial (CoDT). Une promesse de simplification administrative qui a poussé Airplan, start-up belge spécialisée dans l’automatisation des demandes de permis, à adapter rapidement son logiciel. Résultat : la société, codirigée par Jeremy Corman, a vu sa demande augmenter.

Jeremy Corman

Associé chez Airplan

« Puisqu’on va vers une simplification administrative et que notre mission est de simplifier l’administratif, on est probablement morts. » C’est avec cette lucidité brutale que Jeremy Corman, Associé chez Airplan, a accueilli la nouvelle de la réforme des annexes du CoDT début septembre. Jusqu’alors, la proposition de valeur de sa société était limpide : faire gagner une demi-journée de travail aux architectes par dossier, en allant piocher automatiquement les centaines de données nécessaires – arbres remarquables, zones inondables, nature du sous-sol, etc. – sur le géoportail WalOnMap pour les injecter dans les formulaires officiels.

Le mythe de la simplification

« Avec cette réforme, l’administration ne demande plus de recopier ces données, dont elle dispose déjà. Sur le papier, c’est une victoire pour la simplification », reconnaît notre interlocuteur. « Toutefois, dans la réalité, c’est un nouveau casse-tête pour les quelque 1.000 bureaux d’architectes utilisateurs de notre solution. C’est une belle lasagne institutionnelle », sourit-il, reprenant une image familière aux Belges. « Si les nouvelles annexes semblent plus légères avec leurs cases à cocher, la complexité n’a pas disparu ; elle s’est déplacée. Pour savoir quelle case cocher, il faut toujours aller voir la donnée, l’interpréter et comprendre comment défendre son dossier. »

Le paradoxe est là : la simplification de la forme n’a pas effacé la complexification du fond. « Avec une densité de population croissante, les règles d’urbanisme se multiplient nécessairement pour garantir le vivre-ensemble. En conséquence, l’architecte se retrouve face à un ‘schmilblick’ où les informations ont été dispersées. Airplan a donc dû revoir sa copie en urgence. »

Une course contre la montre à la mesure des enjeux

Informée seulement un mois avant l’entrée en vigueur de la réforme, l’équipe d’Airplan est passée par ce que Jeremy Corman appelle les « montagnes russes de la start-up ». Loin de se laisser abattre, l’équipe a travaillé jour et nuit pour adapter l’outil. « L’objectif n’était plus seulement de remplir des cases, mais de centraliser l’information éparse pour aider les architectes à justifier leurs choix. » Le pari a payé : au lancement de la nouvelle version le 1er octobre, au lieu de la baisse redoutée, Airplan a enregistré une hausse des demandes.

Au-delà de la bureaucratie, cette hausse d’activité révèle une prise de conscience aiguë des défis territoriaux wallons. Inondations, ruissellement, imperméabilisation des sols ou intégration paysagère : les contraintes sont nombreuses. « Airplan ne se contente plus d’automatiser, mais agit comme un éclaireur en amont du projet », précise Jeremy Corman. « Nous mettons en valeur les informations importantes le plus tôt possible, pour que l’architecte puisse prendre toutes ces contraintes en considération dès la conception. » L’outil devient ainsi un allié pour concilier les règles régionales, les contraintes techniques et le projet du citoyen.

L’innovation ne s’arrête pas là. Airplan lorgne déjà vers l’IA pour aller encore plus loin dans l’assistance aux professionnels. Jeremy Corman évoque notamment l’utilisation de navigateurs dopés à l’IA, comme ChatGPT Atlas, capables de lire les données structurées par sa société pour rédiger des justifications de projet. « L’IA va pouvoir aider à formuler des arguments sur base de ce qu’elle voit dans Airplan, par exemple pour justifier une annexe située près d’une zone naturelle », s’enthousiasme-t-il. 

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