Les entrepreneurs ont traversé une succession de crises ces dernières années : sanitaires, énergétiques, géopolitiques, économiques…
Et pourtant, beaucoup d’entre eux ont tenu bon, innové, investi, préservé l’emploi. Aujourd’hui, leur besoin le plus urgent n’est pas seulement financier : il est sociétal. Ils ont besoin de confiance et de reconnaissance.
Trop souvent encore, l’entreprise est perçue comme une source de profit plutôt que comme un acteur du bien commun. C’est pourtant elle qui crée la richesse, soutient la formation, génère de l’emploi et contribue au dynamisme des territoires.
La Wallonie regorge d’entreprises résilientes et créatives. Mais pour libérer pleinement leur potentiel, nous devons faire évoluer notre regard collectif sur celles et ceux qui entreprennent. La création de valeur ne se mesure pas qu’en dividendes : elle se mesure aussi en innovation, en savoir-faire transmis, en emplois durables et en ancrage territorial.
Changer ce regard est essentiel : c’est une condition pour restaurer la fierté d’entreprendre et pour encourager les vocations de demain.
Nos entreprises ont également besoin de stabilité et d’un climat propice à l’action. Cela implique une administration qui accompagne plutôt qu’elle ne freine, et un monde politique capable de dépasser les clivages pour travailler dans l’intérêt général.
La simplification administrative n’est pas un caprice : il s’agit d’un véritable levier de compétitivité. En allégeant la charge réglementaire, en harmonisant les processus et en digitalisant les interactions entre l’administration et les entreprises, nous gagnons en efficacité et en attractivité. C’est aussi une manière de redonner du temps à l’innovation et à l’humain.
Dans un contexte de transition écologique et numérique, la simplification administrative et la cohérence réglementaire deviennent des leviers majeurs de compétitivité.
Des chantiers prioritaires
Mais au-delà de ces constats, plusieurs chantiers structurants doivent être considérés comme prioritaires.
Le premier est l’aménagement du territoire. Créer, développer ou relocaliser une entreprise suppose de disposer d’espaces adaptés ; or, ces terrains se raréfient, en particulier dans les zones à fort potentiel industriel. Nous devons adopter une vision intégrée de l’aménagement, combinant reconversion des friches, densification intelligente et planification énergétique. La Wallonie dispose d’un patrimoine foncier exceptionnel : c’est une opportunité à saisir pour concilier développement économique et sobriété territoriale.
Le second est celui des infrastructures énergétiques. Nos entreprises ont besoin de puissance, de stabilité et d’un approvisionnement sûr : la Belgique doit investir davantage pour garantir ces conditions. Il faut penser l’énergie comme une infrastructure économique au même titre que la route ou le numérique. Sans une stratégie claire sur la production, le stockage et la distribution, nous limiterons notre capacité industrielle et notre souveraineté énergétique. La transition ne peut se faire sans un partenariat solide entre pouvoirs publics, entreprises et territoires.
Enfin, la mobilité : la situation devient critique dans plusieurs grandes villes. Si nous voulons maintenir notre attractivité économique, il faut remettre tous les acteurs autour de la table pour concevoir une stratégie de mobilité durable, ambitieuse et réaliste.
Cela suppose de relier les zones d’activité économique aux grands axes, d’investir dans le rail et la multimodalité, et d’intégrer les nouvelles formes de mobilité dans la planification urbaine. La mobilité de demain ne sera pas seulement collective, connectée et bas carbone : elle doit l’être aussi au service de l’emploi.
Miser sur le capital humain et la transition numérique :
La pénurie de talents est aujourd’hui l’un des freins les plus préoccupants pour nos entreprises. La réponse passe par une alliance renouvelée entre le monde de l’éducation et celui de l’entreprise. L’alternance, les stages immersifs et la formation continue doivent devenir la norme, non l’exception. La revalorisation des métiers techniques et industriels est aussi une priorité : la Wallonie a besoin de bras, mais aussi de têtes qui construisent son avenir productif.
La transition numérique, quant à elle, ne concerne plus seulement les start-up ou les grandes structures : elle est vitale pour toutes les PME. L’intelligence artificielle, la cybersécurité et la gestion des données doivent être intégrées dans les stratégies de croissance. AKT-CCI LVN accompagne déjà les entreprises dans cette démarche à travers des programmes concrets, mais l’enjeu est désormais collectif : faire de la Wallonie une région où le digital crée de la valeur, de la confiance et de la compétitivité.
Conclusion
Nos entreprises savent innover, s’adapter et prendre des risques. Ce qu’elles demandent aujourd’hui, c’est un cadre clair, stable et mobilisateur.
Parce qu’en soutenant ceux qui entreprennent, c’est l’avenir de tout un territoire que nous faisons grandir.
Et cet avenir ne se construira pas uniquement par des politiques publiques : il se construira par la coopération, la confiance et la conviction que la réussite d’une entreprise est toujours, au fond, une réussite collective.