« Un jeune de 18 ans avec 3 ans d’expérience, ça existe : ça s’appelle l’alternance ! », résume Vincent Giroul, Directeur de l’efp – Espace Formation des classes moyennes. Il dresse pour nous l’état des lieux d’une filière de formation adoptée par quelque 5 500 apprenants à Bruxelles.
Texte: Philippe Van Lil
Vincent Giroul
Directeur de l’efp
Le public se fait-il une bonne image de la formation en alternance ?
« Il y a un travail à faire pour que les plus jeunes et leurs parents fassent plus confiance à notre dispositif de formation. On sent malheureusement encore une certaine logique de relégation. Nous nous tenons cependant aux standards d’évaluation déterminés par les secteurs professionnels. »
« Preuve en est le taux d’insertion professionnelle : plus de 85 % des apprenants qui terminent ont une chance d’insertion dans les six mois. La plupart ont un contrat avant même de sortir, soit chez le patron qui les a accueillis en stage, soit dans le cadre d’un projet entrepreneurial. »
Quelle est la spécificité de ce type de formation ?
« Elle est une alternative pédagogique innovante et efficace. L’alternance est organisée entre un temps passé en centre de formation et un temps en entreprise. En centre de formation, on aborde des aspects plus théoriques ou techniques, tout en travaillant de manière concrète avec des formateurs. »
« La formation en entreprise, elle, se fait sous l’égide de tuteurs, c’est-à-dire de personnes expérimentées de l’entreprise à même de développer une série de compétences chez l’apprenant. »
Plus de 85 % des apprenants qui terminent ont une chance d’insertion dans les six mois, la plupart ont un contrat avant même de sortir.
À qui s’adresse-t-elle ?
« Dans le cadre de la formation PME, l’alternance est proposée aux 15-23 ans pour la formation en apprentissage – elle dure 3 ans – et à partir de 18 ans pour celle de chef d’entreprise – elle dure de 1 à 3 ans. Le public plus âgé est de plus en plus important en raison des situations de reconversion professionnelle. À Bruxelles, nous comptons près de 900 apprenants pour la formation en apprentissage et près de 4 700 pour celle de chef d’entreprise. »
Comment définissez-vous votre offre de formations ?
« Nous sommes réactifs par rapport à la demande des secteurs. Notre conseil d’administration se compose de représentants des fédérations professionnelles, très attentives à ce que notre offre et nos contenus tiennent compte de leurs évolutions. »
« La présence de formateurs qui sont par ailleurs des professionnels en activité nous offre aussi la chance de proposer des formations au goût du jour, y compris en termes d’équipements pédagogiques. Enfin, le temps passé en entreprise met l’apprenant en contact avec la réalité professionnelle d’aujourd’hui… et parfois de demain ! »
Intégrez-vous l’émergence du numérique ?
« Nous développons vraiment cette offre en y incluant aussi la dimension importante de la numérisation des métiers. Ces dernières années, nous avons ainsi mis sur pied de nouvelles formations comme l’e-commerce, le digital marketing, le design UX/UI pour les interfaces graphiques web, l’assistant développeur ou le community manager. »
« Dès la rentrée, nous proposerons une formation pour la gestion numérisée des chantiers de construction (BIM). Nous développons aussi des projets pilotes avec de nouvelles pratiques pédagogiques comme le blended learning où l’on alterne formations à distance et présentielle. »
Parmi les 85 métiers auxquels nous formons, 45 % sont en situation de pénurie ou de tension. Cela crée des opportunités.
« Dans ce contexte de pratique pédagogique innovante, nous développons un partenariat avec une plateforme consacrée aux métiers de la mécanique ; à la fois ludique et efficace, elle est en connexion directe avec les technologies développées chez les constructeurs automobiles ; les informations diffusées sont mises à jour en permanence. Dans ce cadre, la posture du formateur évolue : il soutient l’apprentissage à la manière d’un coach bien plus qu’il ne dispense un savoir. »
Incitez-vous les jeunes à s’orienter vers des métiers en pénurie ?
« Avec l’aide de partenaires comme la Cité des métiers, nous nous investissons en faveur de l’orientation des jeunes et des adultes. L’an passé, nous avons organisé le « Défi des talents », où l’on accueillait 800 jeunes de 2e et 3e années secondaire. On leur posait de petits défis relativement ludiques qui les mettaient en contact avec une diversité de métiers. »
« Cela leur ouvre des horizons, jusqu’à parfois surprendre leurs enseignants eux-mêmes, qui découvrent des motivations et des talents cachés chez leurs élèves. Nous organisons aussi des découvertes de métiers où l’on peut se tester avant d’opter pour une formation. »
Quel conseil donner à une personne qui envisage d’opter pour l’alternance ?
« Celui d’oser ouvrir des portes ! Parmi les 85 métiers auxquels nous formons, 45 % sont en situation de pénurie ou de tension. Cela crée des opportunités. La structure du marché du travail évolue également avec une importance croissante du travail indépendant, aujourd’hui mieux protégé. »
« Notre dispositif suscite la capacité entrepreneuriale ; elle est toujours appréciée… même chez un salarié au sein d’une entreprise ! Nous appelons également les entreprises à s’investir dans l’alternance : un moyen concret et efficace pour disposer d’un personnel qualifié et motivé. »