Alors que, par le passé, l’habitude était de les raser, les friches industrielles urbaines sont devenues des opportunités immobilières prisées. Entretien avec Yannick Masquelier et Jean-Marc Lambert, Partners-Associés chez ABV Development.
Quel est l’intérêt d’une telle démarche de rénovation ?
Yannick Masquelier : « Il est multi-sectoriel : d’ordre financier pour les promoteurs, elle permet également, pour le secteur public, de densifier les noyaux d’habitat en centre urbain et de dédier ces anciennes friches industrielles à du logement, du commerce et/ou des activités tertiaires. Tout en développant des espaces à vocation industrielle en-dehors des centres urbains. »
Jean-Marc Lambert : « Ce sont également des terrains qui comportent un certain volume de matériaux réutilisables. D’où leur intérêt dans le cadre d’une économie circulaire et de la limitation des émissions de CO2. »
Y. M. : « Revitaliser les anciennes friches industrielles permet également de diminuer l’imperméabilisation du territoire tout en y implantant de nouvelles surfaces perméables qui facilitent la gestion et l’infiltration des eaux. Un élément de plus en plus crucial dans les projets immobiliers face au dérèglement climatique (et notamment les phénomènes d’inondation de plus en plus fréquents). »
La dépollution d’un site constitue-t-elle le premier poste de dépense ?
J.-M. L. : « Oui, d’où notre démarche qui consiste à effectuer dès le départ les études indispensables à ce sujet, en accompagnant les maîtres d’ouvrage, dans le cadre d’une étude de faisabilité environnementale et financière. Par ailleurs, on veille à limiter au maximum l’évacuation des terres et on favorise la réutilisation des matériaux présents sur site. L’étude de sols est donc un des premiers centres de coûts, mais, bien pensée et optimisée, elle permet de réaliser des gains substantiels en achats de matériaux neufs et en exportation de matériaux du site. »
Revitaliser les anciennes friches industrielles permet notamment de diminuer l’imperméabilisation du territoire tout en y implantant de nouvelles surfaces perméables.
Y. M. : « On constate d’ailleurs depuis quelques années un changement de paradigme de tout le secteur immobilier par rapport à la composante environnementale dans le développement de leur projet. Aujourd’hui, les porteurs de projet sont beaucoup plus sensibilisés à cet aspect et l’intègrent dès le départ. D’où nos compétences mises au service de nos client et qui consistent à intégrer pleinement cet aspect dans leur projet : gestion des eaux, assainissement des sols, biodiversité (plantations, espaces verts…) etc. »
J.-M. L. : « Et tout le monde en sort gagnant : l’environnement, le développeur qui proposera des logements attractifs, les résidents qui vivent dans un environnement agréable, et le secteur public qui voit certains quartiers sécurisés, de par l’émergence d’une nouvelle dynamique de vie. »