La formule « guerre des talents » fait rage ! Toutefois, qualifier de la sorte une situation tendue sur le marché de l’emploi n’est en rien approprié. Cela suscite un sentiment de peur. Apprenons à positiver ! Jeroen Franssen, Senior Expert Talent, Labour Market & Organisation chez Agoria.
Un triple souci
Sur le marché du travail, les entreprises sont confrontées à un triple souci. Le premier est quantitatif : les candidats sont trop peu nombreux face aux postes à pourvoir. Le deuxième est qualitatif : les technologies évoluent si vite que les compétences ne s’adaptent pas au même rythme. Par le passé, un seul diplôme assurait toute l’évolution d’une carrière, mais ce temps est révolu. Le dernier souci est lié à la non-croissance de la productivité, défi auquel la réponse ne peut plus être de devoir « travailler plus dur », mais plutôt d’organiser le travail de manière plus confortable.
De nos jours, les travailleurs sont devenus beaucoup plus sensibles à la dimension sociétale de leur job.
Positivez !
La Belgique a récemment franchi le cap des 5 millions de personnes au travail. C’est un niveau jamais atteint. Il y a certes aujourd’hui un plus grand nombre de postes à pourvoir que de candidats disponibles. Néanmoins, cette situation doit être vue positivement : maximiser le potentiel des personnes mises à l’emploi accroîtra la prospérité du pays et, dans la foulée, le bien-être de la société et un maximum de ses citoyens.
Oubliez le mouton à cinq pattes !
Les qualifications exigées par les entreprises sont généralement très élevées. Si bien qu’il s’avère souvent impossible de dénicher le candidat qui y correspond à 100 %. Les entreprises doivent dès lors miser bien plus sur l’évolution des compétences de leurs collaborateurs afin qu’ils puissent endosser une multiplicité de rôles dans différents projets. Elles doivent aussi se saisir de la diversité comme d’une opportunité, en créant des équipes qui mêlent des profils complémentaires.
Flexible is beautiful !
Les entreprises et les collaborateurs demandent une grande flexibilité les uns aux autres, par exemple en termes de télétravail ou de plages horaires de travail qui ne cessent de varier. Toutefois, avant une telle exigence, toute entreprise devrait se poser des questions sur la nature de sa mission et l’adéquation de celle-ci avec ses structures et son fonctionnement. De nos jours, les travailleurs sont devenus beaucoup plus sensibles à la dimension sociétale de leur job. Pour attirer et retenir des collaborateurs, l’entreprise doit adapter son discours pour leur faire entendre que son action s’inscrit dans cette dimension. Sur cette base de sens partagé, il est plus évident d’exiger de l’autre une certaine flexibilité.
Mais avant toute chose, nous devons abandonner cette vision d’une guerre des talents. La guerre est un désastre ! Il faut au contraire apprendre à aimer et cultiver les talents…