Amélie Matton est la CEO d’Ecosteryl, une entreprise montoise reconnue sur la scène internationale pour son savoir-faire dans le secteur du traitement des déchets médicaux. Son parcours professionnel est riche d’enseignements pour tout entrepreneur. Rencontre.
Photo : Kris Van Exel
Quelles sont les valeurs qui vous portent ?
Amélie Matton : « Depuis que je suis jeune, je suis passionnée par l’entreprenariat, les questions environnementales et tout ce qui touche à l’international. Ceci m’a d’abord naturellement menée à suivre des études dans ces matières, en décrochant successivement des masters en ingénierie de gestion, en environnement et en commerce international. Ensuite, au sortir de mes études en 2009, j’ai effectué un stage chez Ecosteryl.
Faire du business à l’étranger est une manière assez unique de découvrir les pays, surtout lorsque les contacts locaux des amis.
Cette entreprise, qui existe depuis 76 ans, s’appelait à l’origine AMB – pour Atelier Mécanique du Borinage. Elle était alors spécialisée dans la sous-traitance en mécanique et chaudronnerie pour l’industrie minière. Dans les années 2000, elle s’est réorientée dans la production d’un procédé de traitement et de recyclage des déchets hospitaliers. »
Que s’est-il passé pour vous ensuite ?
A. M. : « La découverte de ce monde industriel à la croisée de l’environnement et de la santé ainsi que le travail avec les ouvriers m’ont très vite donné l’envie de poursuivre l’aventure dans cette petite structure. Mes collègues Philippe et Olivier Dufrasne et moi-même avons créé un département commercial afin de faire connaître ce procédé de traitement partout dans le monde car, à l’époque, l’entreprise n’était pas encore tournée à l’international. »
Bien souvent, la routine l’emporte ou un excès de réflexions fait qu’une opportunité nous passe sous le nez.
« Ainsi, pendant 6 ans, j’ai personnellement parcouru trois continents, où nous avons développé des relations commerciales jusqu’à ce jour : l’Europe, l’Afrique – Tunisie, Algérie, Maroc, Kenya, Tanzanie, Gabon, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal, etc. – et l’Asie – Vietnam, Philippines, Malaisie, Thaïlande, etc. Faire du business à l’étranger est une manière assez unique de découvrir les pays, surtout lorsque les contacts locaux deviennent parfois aussi petit à petit des amis. »
Qu’avez-vous retenu d’autre de cette expérience sur les routes du monde entier ?
A. M. : « J’ai trouvé cette expérience extrêmement enrichissante sur les plans à la fois personnel et professionnel. Un élément qui m’a très fort marqué, c’est la vision différente que nous avons parfois à l’égard de la notion du temps. En prenant du recul, on se rend compte que si les choses sont parfois plus lentes à l’étranger que chez nous, notamment dans les processus de décision, c’est un mode de vie qui peut également avoir du sens et être source d’épanouissement. L’intérêt du voyage, c’est aussi de se rendre compte de la chance que nous avons dans un pays comme le nôtre. »
Et côté business ?
A. M. : « J’ai pu affiner mes connaissances sur les mécanismes de finance internationale. C’est évidemment là un élément clé quand on veut parvenir à conclure des contrats. Dans le business, ce n’est pas tout d’avoir une bonne idée ou une vraie solution… Encore faut-il la vendre. Ceci exige notamment de s’entourer des bonnes personnes et de développer un large réseau avec les banques, les assureurs-crédits, les agences de soutien aux entrepreneurs et exportateurs, etc. Forte de cette expérience et de la connaissance des besoins du mar – ché, je me suis ensuite dirigée vers les départements techniques de l’entreprise liés à la recherche et à l’innovation, au ser – vice après-vente et à la production, dont j’ai supervisé les achats. »
Dans le business, ce n’est pas tout d’avoir une bonne idée ou une vraie solution… Encore faut-il la vendre.
Avec quelle approche menez-vous aujourd’hui votre mission de CEO?
A. M. : « Du point fonctionnel, je viens en support aux différents départements de l’entreprise. Mon rôle est de donner le cap afin d’atteindre les objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés, tout en veillant à ce que cela se passe dans une ambiance familiale et dans le respect des valeurs de l’entreprise. Celles-ci touchent à l’innova – tion, à la durabilité, à la proximité et à la res – ponsabilité. L’implication de nos équipes a abouti à notre position de référent sur le marché international. Nous avons déjà obtenu bon nombre de récompenses et de signes de reconnaissance nationale et internationale, notamment de la part de l’ONU, de l’Organisation mondiale de la santé, de la Banque mondiale et de la Fon – dation Solar Impulse. »
Quels conseils donnez-vous aux personnes désireuses de mener une carrière similaire à la vôtre ?
A. M. : « Mon histoire personnelle m’a per – mis d’établir plusieurs constats. Au pre – mier rang de ceux-ci, il faut être attentif aux occasions qui se présentent. Bien souvent, la routine l’emporte ou trop de réflexions fait qu’une opportunité nous passe sous le nez. Les femmes en particulier ont parfois plus tendance à peser le pour et le contre… et à se freiner ! Les autres conseils seraient de continuer à se former en relevant défis après défis, de faire du networking afin d’élargir son réseau pro – fessionnel, d’être inspiré par d’autres, puis sur – tout d’être soi-même, d’être authentique ! »