Encore relativement sous-estimée, la biomasse, en l’occurrence le bois, est pourtant l’une des solutions incontournables pour décarboner l’énergie à l’échelle industrielle. Entretien avec deux ingénieurs : Bruno Reul, CEO, et Alexandre Bacq, CTO chez Xylergy, une entreprise pionnière en la matière.
Bruno Reul
MEMBRE DU COMITÉ DE DIRECTION
Xylergy
Alexandre Bacq
MEMBRE DU COMITÉ DE DIRECTION
Xylergy
La lutte contre le réchauffement climatique nécessite de recourir à des sources d’énergie verte. Parmi les alternatives disponibles, le recours à la biomasse semble moins retenir l’attention. Selon Alexandre Bacq, elle dispose pourtant de sérieux atouts : « C’est la seule source d’énergie renouvelable qu’on puisse directement stocker et qui, par conséquent, est disponible 24 heures sur 24. »
Après une longue phase de gestation, les technologies pour exploiter la biomasse ont désormais atteint leur maturité. La technologie de pyrogazéification NOTAR® développée par l’entreprise vise à transformer les déchets de bois en gaz de synthèse. Celui-ci est ensuite utilisé par les industriels, soit comme substitut direct du gaz naturel, soit pour la production à la fois d’électricité et de chaleur par cogénération. À l’issue du processus, ne reste des résidus initiaux que du biochar, qui peut être utilisé dans l’épuration des eaux ou l’amendement des sols et qui constitue un moyen de séquestration du CO2. « C’est une solution idéale pour les industriels qui cherchent à décarboner leur activité », précise Bruno Reul.
Projets en Belgique et à l’étranger
L’entreprise a déjà mené à bien bon nombre de projets en Belgique et à l’international. Exemple : en Champagne, les résidus provenant de plusieurs vignobles sont utilisés pour alimenter en gaz de synthèse un four à bouteilles de verre. « C’est un magnifique exemple d’économie circulaire », se réjouit Bruno Reul. Au Japon, c’est le grand groupe Air Water Inc. qui a fait confiance à l’entreprise belge pour construire une centrale électrique utilisant comme combustibles le bambou et d’autres essences locales. L’installation sera réceptionnée durant ce mois de juin 2024. « Ce qui a convaincu ce groupe industriel, et qui constitue notre avantage concurrentiel, c’est que nous produisons un gaz de synthèse exempt de goudron », précise Alexandre Bacq.
Xylergy ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Dans sa ligne de mire pour un développement futur : la production d’H2 ou l’utilisation de déchets agricoles compactés, une source de biomasse abondante et bon marché. Pourtant, Bruno Reul estime qu’on pourrait avancer plus vite dans la transition énergétique : « On a des solutions, mais on a besoin de plus de soutien. Il faudrait peutêtre songer à faire payer le vrai coût environnemental des technologies fossiles si on veut accélérer les choses. »