L’évolution du métier d’expert-comptable est marquée par plusieurs tendances importantes. Historiquement centré sur la tenue des comptes et la certification des états financiers, ce rôle s’est considérablement élargi avec l’avènement des technologies numériques et les évolutions réglementaires. Les explications d’Olivier Guillaume, Tax Accountant et Founding Partner chez Lieutenant Guillaume.
Olivier Guillaume
Tax Accountant et Founding Partner
Lieutenant Guillaume
Dans quelle mesure votre métier a-t-il évolué ces dernières années ?
Olivier Guillaume : « Historiquement, les cabinets d’expertises-comptables ont souvent été perçus par les entrepreneurs comme les sous-traitants de leurs obligations légales, comme la TVA ou le bilan de fin d’année. La comptabilité n’est pas cependant juste une affaire de produits et de charges. De même, la fiscalité, ce ne sont pas des mathématiques, c’est du droit. Heureusement, la digitalisation a permis de changer cette perception erronée, en créant un environnement de proximité dans lequel clients et experts-comptables travaillent ensemble. »
Faire un plan en début d’année et s’intéresser à son actualisation en fin d’année n’est plus acceptable, aujourd’hui nous sommes en contact permanent avec nos clients.
En quoi les nouvelles technologies ontelles ont changé votre business model ?
O. G. : « Notamment grâce à l’intelligence artificielle et aux applications que nous mettons à la disposition de nos clients, ces technologies nous ont permis d’automatiser tout ce qui peut l’être et de proposer de nouveaux services, comme des rappels de paiements aux clients de nos clients ou la fourniture de reportings mensuels. La digitalisation a aussi évidemment amélioré les délais de traitement comptable, augmenté la sécurisation des données et engrangé une baisse des coûts. Cette mutation technologique a également créé de nouveaux jobs. Dans notre cabinet, nous disposons par exemple désormais de data analysts et d’un business intelligence manager. »
L’évolution de la réglementation a-elle aussi fortement impacté votre profession ?
O. G. : « Oui, car les changements réglementaires sont de plus en plus nombreux, de plus en plus rapides et de plus en plus complexes. Au sein de notre cabinet, nous avons même développé un programme de formation continue, tandis que la veille réglementaire, comme numérique d’ailleurs, est devenue un nouveau job en tant que tel. L’évolution fulgurante de la réglementation et des technologies, mais aussi l’intérêt porté désormais à des matières comme la durabilité et la responsabilité sociétale, expliquent d’ailleurs les mouvements de consolidation en cours dans notre profession.
Les changements réglementaires sont de plus en plus nombreux, de plus en plus rapides et de plus en plus complexes.
Autrement dit, les comptables ‘unipersonnels’ s’associent de plus en plus à de grands cabinets pour profiter d’outils et de connaissances partagés. Il est difficile de cumuler seul toutes ces casquettes. »
Quelles sont les conséquences de ces évolutions pour les entreprises et les indépendants ?
O. G. : « Faire un plan en début d’année et s’intéresser à son actualisation en fin d’année n’est plus acceptable. Le monde évolue vite et se complexifie ; il faut aller plus loin que l’équation ‘produit – charge = bénéfice’. Il faut désormais tenir compte d’éléments comme la rapidité d’encaissement des factures des clients, l’évolution des marges bruts à la hausse ou la baisse, la flotte automobile de l’entreprise ou encore les investissements nécessaires. Toutes ces questions nécessitent une vue de l’état comptable au jour au jour, en même qu’une vue à long terme pour éviter les mauvaises surprises au moment de la clôture des comptes. »
Quels conseils donnez-vous encore aux entreprises et aux indépendants ?
O. G. : « Entreprendre, c’est apprendre. Je recommande donc de passer à l’action au plus vite. Il ne faut pas attendre le produit parfait ; il pourra être amélioré en cours de route. Sur le plan comptable, cela signifie par exemple qu’il est bien plus important de donner vie à une société que travailler seul chez soi à un plan financier. Celui-ci ne veut pas dire grand-chose tant que vous n’avez pas commencé à vendre. Pour des raisons de temps, de motivation et d’efficacité, il est évidemment tout aussi essentiel de bien s’entourer. La base est d’avoir avec soi un atout en trois lettres, soit un A-B-C : un avocat, un banquier… et un comptable ! »