Le marché de l’emploi ne sera plus jamais le même : le coronavirus a définitivement changé notre façon de travailler. Entretien avec Romina Longo, CEO de Youphoria, entreprise spécialisée dans les solutions de recrutement.
Texte : Joris Hendrickx
Comment va évoluer notre manière de travailler ?
« Le nouveau monde du travail se caractérisera avant tout par de la flexibilité. À l’avenir, nous allons probablement faire du télétravail 1 à 2 jours par semaine et passer le reste du temps au ‘flex office’, à la maison notamment. La crise a mis en lumière tous les avantages de ce mode de fonctionnement, notamment la réduction des déplacements et des frais généraux. Il y’a fort à parier que le micromanagement et les structures organisationnelles ‘top-down’ classiques ne fonctionneront plus dans la période post-coronavirus. Le leadership sera basé sur la confiance, la communication et des objectifs claires. »
Qu’est-ce que le gouvernement doit retenir de cette crise ?
« Une chose est certaine, le marché du travail va subir des changements structurels permanents. Le chômage va augmenter sensiblement parmi les personnes ayant des contrats à temps partiel et freelance. Tout simplement car licencier des gens sous contrat fixe coûte plus cher. La crise du coronavirus touche durement les indépendants et met en lumière les problèmes inhérents à ce statut. La perte de revenus qu’ils subissent est considérable… Cette crise doit avant tout être l’occasion de refaire les fondations du système de sécurité sociale, les rendre plus solides en améliorant le financement du système. »
Télétravail, flex work, leadership davantage basé sur la confiance, structures managériales horizontales, freelancers engagés pour des projets ponctuels, plateformes d’e-learning : voilà l’avenir du monde du travail.
Quelle est l’importance de la capacité d’adaptation, de l’upskilling et du reskilling ?
« Ils sont plus cruciaux que jamais dans le monde du travail actuel. La crise du coronavirus a renforcé l’influence de ces concepts, déjà importants pour faire face à la numérisation et au concept de ‘monde VICA’ (pour Volatil, Incertain, Complexe et Ambigu). D’un côté, on assiste à une importante pénurie de personnes possédant des aptitudes techniques du 21e siècle. De l’autre, certains voient leur emploi disparaître car il ne correspond plus à la demande actuelle du marché. Il faut investir davantage dans l’enseignement et la formation, afin que jeunes et moins jeunes soient mieux préparés à ces changements. »
Comment désormais gérer au mieux les talent ?
« La demande pour certaines fonctions spécifiques et pour laquelle il est difficile de trouver des candidats ne disparaîtra pas. De plus, on devrait assister à une offre inédite sur le marché du travail en raison du vieillissement de la population. Les talents vont donc rester rare, raison pour laquelle il faut continuer de miser sur eux de manière optimale. Les entreprises vont surtout devoir recruter sur base de nouvelles aptitudes comme le savoir-faire numérique, la créativité et l’envie d’apprendre. La crise pousse également les entreprises à se réinventer, ce qui créera de nouvelles opportunités sur le marché de l’emploi. »