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L’accompagnement, un ingrédient indispensable

Bien des entreprises cessent leur activité au départ de leur fondateur, alors qu’elles pourraient poursuivre sous la houlette d’un repreneur. Salima Serouane, Coordinatrice du Hub Transmission au sein de BECI-Chambre de Commerce de Bruxelles, et Hugues Luyckfasseel, Conseiller en transmission au 1819, esquissent les moyens de remédier à cette situation.

Texte: Philippe Van Lil – Photos: Jonas Roosens

Quel regard portez-vous sur la situation bruxelloise en matière de transmissions d’entreprises ?

Hugues Luyckfasseel : « L’âge moyen de beaucoup de chefs d’entreprise est relativement élevé, de 55 à 60 ans, un âge où ils peuvent envisager de remettre leur affaire. Ces entreprises s’arrêtent souvent lorsqu’elles décident de cesser leur activité. Beaucoup d’entre elles auraient pu trouver un repreneur. Il existe un potentiel qui n’est malheureusement pas suffisamment exploité. »

Salima Serouane : « Sur la base de ce constat, nous avons créé il y a 5 ans, au sein de la Chambre de Commerce, le Hub Transmission. Les entrepreneurs se préoccupent du lancement de leur activité, par la suite de leur gestion et de leur croissance, mais ils ne se préparent souvent pas assez tôt à donner une seconde vie à leur entreprise. »

« C’est souvent dû à un manque de connaissance de cette thématique. Résultat : l’entrepreneur cédant est parfois contraint de précipiter cette étape pourtant cruciale de la vie de son entreprise. »

Quels conseils adresser aux cédants potentiels ?

H. L. : « Une étape importante dans le processus de cession de l’entreprise est sa valorisation. Il est essentiel de bien nettoyer les comptes afin de rendre l’entreprise plus attractive. Pour notre part, nous travaillons souvent avec des commerces, le secteur Horeca et des artisans. »

« Certains d’entre eux font pas mal de noir. Ce qui n’est pas déclaré ne peut, par définition, pas apparaître dans les comptes. Or, la valorisation se fait sur la base des comptes ! Par ailleurs, certaines sociétés possèdent parfois de l’immobilier, mais un repreneur ne sera pas nécessairement intéressé par les bâtiments, même s’ils ont une valeur importante. »

Idéalement, une entreprise serait à vendre lorsqu’elle est au top de sa forme, il est donc important de se demander régulièrement si elle est cessible.

S. S. : « À la limite, il faudrait se poser la question chaque année de savoir si son entreprise est cessible. Idéalement, une entreprise serait à vendre lorsqu’elle est au top de sa forme. Il faut dès lors régulièrement procéder à un diagnostic pour en identifier les points forts et les points faibles. »

« Cette analyse permet de saisir une opportunité dès qu’elle se présente et de ne pas être en position de faiblesse pour trouver un acquéreur. Identifier les points faibles peut aussi permettre de les améliorer pour mieux valoriser l’entreprise, ce qui peut nécessiter quelques investissements. »

« En un an ou deux, une entreprise évaluée à un million d’euros pourra peut-être atteindre 1,2 ou 1,3 million. Les repreneurs comme les cédants doivent aussi être conscients que l’opération en elle-même va coûter un peu d’argent, ne serait-ce que pour faire appel aux experts nécessaires. »

H. L. : « Il est en effet très important qu’un chef d’entreprise ne reste pas seul dans son coin lors du processus de cession. Il doit être très bien entouré par des experts parce que des questions juridiques, financières, fiscales, etc., vont très vite se poser. Des consultants spécialisés peuvent l’accompagner de A à Z dans ce processus. »

Quelles sont les missions de vos institutions respectives ?

S. S. : « Celle du Hub Transmission de BECI est surtout d’informer, de conseiller et de former. Quand les entreprises adhèrent au Hub, nous fournissons un accompagnement, éventuellement en partenariat avec des structures privées et publiques pour certaines compétences spécifiques. Nous maintenons en outre une base de données de repreneurs et d’investisseurs potentiels. Au fil des années, nous avons acquis un statut de plateforme de match-making reconnue. »

À Bruxelles, des entreprises s’arrêtent souvent lorsqu’elles décident de cesser leur activité, le potentiel qui n’est malheureusement pas suffisamment exploité.

« L’accompagnement des entreprises à céder est totalement confidentiel et anonyme. L’ultime étape de l’analyse d’un dossier doit toutefois amener à la mise en relation d’un cédant avec un candidat repreneur. Nous travaillons aussi avec l’USCOP, une structure de promotion d’une reprise d’activités par les salariés de l’entreprise. Cette option est courante en France ou au Canada, mais n’est malheureusement pas souvent envisagée par les cédants en Belgique. »

H. L. : « Du côté du1819, nous avons une mission de sensibilisation auprès des cédants et des repreneurs. Nous avons également développé ‘Affaires à suivre’, une plateforme sur laquelle un cédant peut placer une annonce pour vendre son entreprise. Nous coordonnons également la ‘Semaine de la Transmission’ pour la Région bruxelloise qui, cette année, se tient du 21 au 25 octobre. Dans ce cadre, une dizaine d’événements seront organisés dans toute la Région: ateliers, séminaires, webinars, etc. »

S.S. : « Nous jouons un rôle complémentaire puisque le Hub Transmission s’adresse davantage aux PME dont le chiffre d’affaires est supérieur à 500.000 euros. »

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