La crise sanitaire actuelle a des conséquences majeures sur la vie de nos entreprises. En fin d’année, la chute du PIB belge avoisinera quelque 16 %. Olivier Willockx, Président de BECI, nous livre sa vision.
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Si les mesures de relance économique prises par les autorités publiques vont dans le bon sens, le vrai problème est l’ampleur de la chute. Les budgets publics ne seront pas en mesure de combler un déficit de 16 % du PIB. On peut d’ailleurs même légitiment se demander si ce serait une bonne idée d’un point de vue macro-économique. Dans ce contexte, maintenir les travailleurs en chômage technique pendant une très longue période en raison du coronavirus ne ferait qu’aggraver ce déficit, sans parler du fait qu’ainsi, on figerait aussi le marché du travail.
Pour s’en sortir, nombre de sociétés n’auront sans doute d’autre choix que procéder à une forme de baisse des salaires. Cette pression à la baisse sera d’autant plus grande que le recours forcé au télétravail, actuellement en hausse, se traduit souvent par une diminution de la productivité. Un autre bouleversement actuel est le recours de plus en plus important au digital. Des tâches d’exécution classiques étant ainsi automatisées, on peut aussi s’attendre à une hausse du chômage.
Pour s’en sortir, nombre de sociétés n’auront sans doute d’autre choix que procéder à une forme de baisse des salaires.
Des changements pérennes
Pour l’heure, de grandes incertitudes subsistent dans certains secteurs. C’est le cas dans l’immobilier, résidentiel comme de bureaux. D’un côté, on aurait pu penser que le homeworking réduirait drastiquement les surfaces de bureaux. Or, ce n’est pas le cas : les dernières locations à Bruxelles portent sur des surfaces plus grandes afin de mettre les travailleurs plus à l’aise. Ceci n’est pas synonyme que de bonnes nouvelles ; le secteur de l’immobilier de bureau pourrait bien souffrir d’un certain nombre de faillites. De l’autre, le travail à domicile devrait également mettre sous pression le modèle du studio de 35 m² où l’on ne rentre chez soi que pour dormir. Ici aussi, on pourrait s’attendre à une demande de superficies plus importantes.
Quelles que soient les bouleversements à venir dans le monde travail, il ne fait nul doute que beaucoup de ceux-ci, comme la transformation digitale, étaient prévisibles. Ils auront toutefois lieu bien plus vite que prévu et, dans certains cas, seront pérennes. Le tout sera de bien réfléchir à la manière de faire les choses, notamment en tenant bien compte des besoins réels du marché.
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