Exister sur « le digital » : l’objectif premier de nombreuses PME. Mieux connaître, mieux communiquer et satisfaire leurs clients par ce canal devient essentiel.
Explications par Clarisse Ramakers, directrice du Service d’études UCM.
La digitalisation des PME : de quoi parle-t-on ?
Quand on entend « digitalisation », on pense présence sur les réseaux sociaux, communication via mail, site web, e-commerce, facturation électronique… bref une série d’outils à mettre en place sachant que dans les PME, plus de 86 % des entrepreneurs utilisent leur smartphone et 82 % leur ordinateur.
Des outils, c’est bien, mais acquérir une Rolls Royce sans permis de conduire ne sert à rien… sauf si on a un chauffeur. Un bon résumé de la situation des PME à l’heure actuelle. Elles savent qu’il faut investir dans le digital mais ne sont pas nécessairement organisées pour le faire.
Elles doivent tout d’abord définir une stratégie. L’exemple de l’e-commerce est éclairant sur ce point. Toutes les PME doivent-elles avoir un site d’e-commerce ? Clairement, non. Selon une étude de l’UCM réalisée en 2017, moins d’un commerçant (indépendant ou franchisé) sur cinq (19,6 %) pratique l’e-commerce et, quand c’est le cas, cela représente rarement plus de 10 % du chiffre d’affaires.
Pourquoi cet investissement limité dans la vente en ligne ? Les raisons majoritairement invoquées sont le coût et la complexité, perçus comme trop importants par près des deux tiers (65,1 %) des commerçants interrogés. En conclusion, si ce n’est pas rentable, il ne faut pas le faire.
Cela veut-il dire qu’il faut ignorer le web ? Non, il faut choisir le meilleur outil : une page Facebook, un site vitrine ou un compte Instagram peuvent faire le job. Tout dépend de la stratégie. Connaître ses ambitions, ses moyens et faire les bons choix.
Pour ce faire, il existe des aides publiques (tant au niveau wallon qu’au niveau bruxellois) qui permettront au chef d’entreprise de définir les lignes directrices de la stratégie et de se projeter à cinq ou dix ans.
Souvent, le seul investissement en outils sera insuffisant. Il faudra réorganiser les équipes (ou sa propre manière de travailler en tant que chef d’entreprise), se former tout en gardant le client au centre de ses préoccupations (un vrai défi). Prendre du temps. Et c’est là que ça devient compliqué car le train des innovations digitales est à grande vitesse. Notamment en raison de l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA).
Des PME prêtes à exploiter l’IA
Selon une enquête récente de l’UCM, trois chefs de PME sur cinq estiment que leur activité sera impactée. Les PME ont donc conscience de l’enjeu. Les secteurs qui se considèrent les plus concernés sont le secteur marchand (66,2 %) et les professions libérales (64,7 %).
Un tiers des chefs de PME estime que l’IA est une opportunité et un quart en a une appréciation positive. Les entrepreneurs sont donc majoritairement favorables au développement de l’IA au sein de notre économie.
L’enjeu majeur sera indéniablement la formation. 45 % des répondants estiment qu’ils devraient revoir la formation d’une petite partie (17 %), de la majorité (13 %) ou de la totalité de leur personnel (15 %).
Pas d’œillères
Aucun entrepreneur ne peut fermer les yeux face aux enjeux de la digitalisation. Si les compétences n’existent pas en interne, il faut aller les chercher : soit par la formation, soit par l’expertise externe.