La compétitivité des entreprises et, pour certaines, leur survie se joue et se jouera dans la transformation digitale. Une transformation qui ne touche pas que les outils de production, mais aussi les processus. La vision de Didier Paquot, directeur du Département économie à l’UWE.
Dans l’usine de la 4ème révolution industrielle, grâce à l’intelligence artificielle et internet, les robots, en plus d’accomplir leurs tâches dans le processus de production, analysent, communiquent, réagissent au gré des informations qu’ils récoltent ou qui leur sont transmises. Les gains se font à toutes les étapes : sur les coûts de stockage, les coûts du manufacturing, les coûts de qualité, les coûts logistiques, les coûts de maintenance. Les entreprises qui ne se digitaliseront pas accumuleront vite un retard compétitif, parfois irrémédiable.
Une démarche globale…
Mais la transformation digitale d’une entreprise ne consiste pas seulement à acheter les robots et à les programmer. Toute l’organisation de la production doit être repensée en fonction de cette digitalisation. L’organisation ne sera plus centralisée, les flux s’organiseront selon les informations que s’échangeront les différents lieux de production ou d’assemblage. Cette organisation physique de la production doit évidemment s’accompagner d’une réorganisation humaine de l’entreprise. Les voies strictement verticales et hiérarchiques ne conviennent plus, il faut imaginer des prises de décisions plus collaboratives, plus horizontales. Le leadership du chef d’entreprise lui-même ne s’exercera plus de la même manière. A industrie 4.0, patron 4.0 !
…et complexe
Aucune transformation digitale ne réussit si elle se fait à la légère ! Elle doit être l’objet d’une réflexion stratégique, d’une planification, d’un engagement budgétaire, et d’un focus sur l’humain, pour éviter une résistance, parfois bloquante, au changement. La gestion des compétences au sein de l’entreprise va aussi être bouleversée. Les tâches répétitives, même complexes, vont disparaître. L’industrie 4.0 demande des emplois nouveaux et de plus grande qualification. Il est nécessaire d’adapter les formations des collaborateurs, à tous les étages de l’entreprise, afin de maîtriser et tirer le meilleur de l’intelligence artificielle. Pour vaincre les réticences de chefs d’entreprises face à de tels défis, il faut multiplier l’information et les exemples de transformation digitale réussie. Les entrepreneurs qui ont franchi le pas en sont tellement enthousiastes qu’ils en sont les meilleurs ambassadeurs.