La digitalisation a profondément transformé la pratique comptable au sein des entreprises. Elle impose d’adopter un autre état d’esprit au vu d’une intégration croissante des systèmes informatiques, d’exigences accrues en termes de transparence et de rapidité de traitement des données.
Alexander Peccoux
COO
Lieutenant Guillaume
Olivier Guillaume
Fondateur
Lieutenant Guillaume
Créé il y a six ans, le cabinet d’experts-comptables Lieutenant Guillaume entend offrir aux TPE et startups des services équivalents à ceux d’un Chief Financial Officer en interne. Comme d’autres membres de son équipe, Olivier Guillaume, son fondateur, se prévaut d’une expérience personnelle précédente d’entrepreneur : « Nous sommes issus du même côté que ces personnes qui créent leur boîte et nous connaissons donc les défis qui en découlent. Cela nous permet de traduire dans un langage parfaitement accessible à nos clients des matières comptables souvent complexes. »
Accès en temps réel
Au rayon de la complexité, la digitalisation a également pris de l’ampleur. Elle mène à une interconnexion de plus en plus étroite des différents systèmes IT déployés au sein des entreprises, voire d’organisations partenaires. Elle impose aussi de travailler de manière accrue dans l’immédiateté, là où les spécialistes de la comptabilité avaient l’habitude, il y a quelques années encore, de calquer leur mode de fonctionnement sur le calendrier des obligations légales. « Les sociétés qui font appel à nous ne se contentent plus, comme par le passé, d’attendre une déclaration TVA pendant trois mois ou une déclaration fiscale pendant neuf mois », note Olivier Guillaume.
Quand vous avez des mois de retard en termes de vue sur vos données, vous n’appuyez plus vos décisions sur des chiffres mais sur des émotions.
« Nous sommes capables de fournir en 24 heures aux entreprises des informations actualisées sur leur situation financière », poursuit-il. « Durant la crise sanitaire, cette vue directe sur leur situation réelle leur a permis de savoir ce qu’elles pouvaient se permettre ou non. Nous avons pu aussi ainsi leur signaler si elles entraient dans les conditions pour obtenir des aides publiques et éviter des faillites. Quand vous avez des mois de retard en termes de vue sur vos données, vous n’appuyez plus vos décisions sur des chiffres mais sur des émotions. »
Plateforme centralisée
Cette part accrue prise par les outils digitaux amène des cabinets comme Lieutenant Guillaume à développer leur propre expertise IT pour mieux conseiller leurs clients. « En tant que cabinet d’expertise comptable, nous n’avons pas la prétention d’être fournisseur de solutions IT », explique Alexander Peccoux, Chief Operating Officer, « mais bien de pouvoir identifier les logiciels les plus performants et les meilleurs partenaires potentiels dans ce domaine. Nous jouons aussi un rôle entre les développeurs et les entreprises qui désirent de nouvelles fonctionnalités. Aujourd’hui, nous fournissons à nos clients un accès à une plateforme où ils peuvent, de manière centralisée, établir leurs factures, en vérifier le paiement par leurs clients, effectuer leurs propres paiements et consulter une grande partie des infos financières. »
La comptabilité traditionnelle est parfois considérée comme un coût administratif. Or, il faut être conscient que l’expert-comptable est un professionnel guidé par une obligation de résultats.
L’interopérabilité des logiciels de gestion et de comptabilité est de plus en plus poussée. Une migration complète des données des clients vers cette plateforme centralisée n’est dès lors pas toujours possible. « Certaines sociétés utilisent par exemple un outil spécifique pour établir des devis, mais ces données ne sont pas intégrées à la facturation, qui dépend d’une application séparée. D’autres sociétés ont développé des applications maison en vase clos, dont il est difficile voire impossible d’extraire des données exploitables dans d’autres logiciels. Certains systèmes de facturation sont intégrés à des sites en ligne, par exemple pour les sites d’e-commerce », détaille Alexander Peccoux.
Toutefois, comme le précise Olivier Guillaume, son cabinet engagera sous peu des opérateurs IT, dont le rôle sera précisément d’établir des passerelles entre les systèmes du cabinet et ceux, très hétéroclites, de ses clients.
Obligation de résultat
Olivier Guillaume insiste sur un dernier élément : « Dans nombre d’entreprises, la comptabilité traditionnelle est considérée comme un coût administratif. Il faut toutefois être conscient que l’expert-comptable est un professionnel guidé par une obligation de résultats. Au sein d’un cabinet comme le nôtre, nous sommes orientés développement, solutions et succès. »
Et de conclure : « Au-delà du simple aspect comptable, il y a également une dimension de pluridisciplinarité. Prenons par exemple l’obligation juridique d’indiquer explicitement le délai de paiement des factures : si l’un de nos clients octroie un délai de soixante jours à ses clients, alors que ses fournisseurs n’en accordent que trente, cela impactera sa trésorerie. Il risque dès lors de devoir solliciter un crédit auprès de sa banque ou de procéder à une levée de fonds à cause de cet écart. Notre rôle d’expert-comptable permet de relever ce genre de difficulté et d’amener une entreprise à aligner ses conditions de ventes sur celles de ses fournisseurs. »