Quelles sont les réductions de coûts possibles au sein des PME ? Quel est l’impact de la digitalisation sur les entreprises, bancaires notamment ? Karel Van Eetvelt, CEO de Febelfin, nous fait part de son point de vue.
Comment les PME peuvent-elles agir pour réduire leurs coûts ?
Karel Van Eetvelt : « Ce qui peut vraiment aider les PME, c’est la simplification administrative. Même s’il n’y a pas moins de règles ou de lois qu’autrefois, certains gouvernements ont essayé, ces dernières années, d’automatiser les processus, notamment pour collecter les informations auprès des entreprises. Résultat : lorsqu’une entreprise a fourni une information à une administration, elle n’a plus à la redonner si une autre la lui réclame ; c’est aux autorités à s’organiser pour faire circuler l’information. »
« En dépit de cela, les entreprises – et on peut voir cela aussi dans les banques – doivent encore consacrer beaucoup de temps et d’énergie pour assurer le suivi administratif. En outre, les PME peuvent aussi naturellement agir via la baisse des coûts, la numérisation ou d’autres structures de financement comme le leasing. »
Comment ?
K. V. E. : « Au niveau des coûts, notamment salariaux, il n’est pas toujours nécessaire d’engager du personnel à temps plein pour toutes les fonctions. Ces dernières années, on voit d’ailleurs une évolution : on a de plus en plus recours à des travailleurs indépendants pour des missions particulières. Ces collaborateurs externes ont généralement des compétences très spécifiques et préfèrent d’ailleurs souvent travailler en freelance. Du point de vue de la numérisation, les nouvelles solutions IT permettent aux PME de travailler de manière très flexible à un coût réduit. »
La digitalisation est énorme sur toutes les activités du secteur.
« Enfin, concernant le secteur du leasing, on constate son rôle très important, dans la mesure où de moins en moins d’entreprises désirent devenir propriétaires de leurs équipements de production, voitures, imprimantes, etc. Ceci permet aux entreprises de commencer leur activité avec un budget plus réduit et de bénéficier en continu d’un matériel très moderne. Chacun de ces paramètres a en commun la souplesse et une réponse adéquate à un besoin actuel. »
Comment percevez-vous l’impact de la digitalisation sur le monde de la finance ?
K. V. E. : « Il est énorme sur toutes les activités du secteur. Celui-ci s’organise pour que les évolutions aient toujours un impact positif pour les utilisateurs. Ces évolutions naissent d’ailleurs souvent à la suite de leurs demandes. Cela a été par exemple le cas des « instants payments » : prochainement, lorsque le client d’une banque A effectuera un virement vers le compte d’un client d’une autre banque B, le transfert ne prendra plus que quelques secondes au maximum, contre une journée aujourd’hui, le plus souvent. »
Tout ceci exige un investissement énorme pour les banques…
K. V. E. : « Effectivement ! Elles doivent notamment veiller à l’impact de ces changements sur leur personnel et investir dans des profils disposant de nouvelles compétences. Il leur faut aussi répondre à la demande des clients en adaptant leurs agences de plus en plus en centres de conseil personnalisé. Elles doivent aussi veiller à ce que la digitalisation n’exclue pas les gens plus âgés et dès lors investir dans des applications simples et utilisables par tout le monde. »
D’après mon expérience, les consommateurs veulent des réponses aux questions… avant même de se les être posées !
« Ici, la collaboration avec les entreprises des fintechs est essentielle. Pour ce qui est du rôle des pouvoirs publics, ceux-ci doivent surtout, en collaboration avec le secteur, informer et former la population pour l’aider à suivre et bénéficier des évolutions technologiques. Et, bien sûr, ils doivent également s’y adapter eux-mêmes. »
Les PME sont-elles suffisamment impliquées dans le processus de digitalisation ?
K. V. E. : « Elles ont la possibilité de profiter des solutions de plus en plus flexibles mises sur le marché, mais force est de constater que toutes n’y adhèrent pas de la même manière. Certaines n’en veulent carrément pas ! On peut le comprendre, c’est leur choix. Toutefois, assez rapidement, elles pourront vraiment avoir des problèmes, car la demande des consommateurs continue à évoluer. »
À ce propos, quels sont les attentes et besoins des consommateurs selon vous ?
K. V. E. : « D’après mon expérience, ils veulent des réponses aux questions… avant même de se les être posées ! Quand je regarde mes propres enfants – qui ont une vingtaine d’années – en tant que consommateurs, je vois bien qu’ils ont des besoins, mais qu’ils veulent qu’on leur dise lesquels et qu’on les anticipe. »
« C’est sur ce plan-là que jouent les grands acteurs du numérique. Il faut être flexible, réagir très vite parce que si un consommateur a besoin de quelque chose, il le veut directement, dans l’heure qui suit. Il y a vingt ans, ça pouvait prendre une semaine, mais plus maintenant ! »
« Ce qui est bizarre à mes yeux, c’est la grande divergence entre la flexibilité que les consommateurs exigent et une certaine résistance à être flexible de la part de ces mêmes consommateurs, dans d’autres aspects de leur vie. Trouver un bon équilibre est l’un des enjeux futurs les plus importants dans notre société et pour les entreprises. »