Depuis des années, les taux d’intérêt restent collés au plancher. Dans le même temps, nombre de PME peinent à décrocher des prêts traditionnels auprès des banques. Comme l’explique Frédéric Lévy Morelle, CEO de Look & Fin, le crowdlending offre une alternative attractive, tant pour les entreprises en demande de financement que pour les sociétés et les particuliers désireux de le prêter.
En quoi le crowdlending se distingue-t-il du crowdfunding?
Frédéric Lévy Morelle : « Le crowdfunding, c’est littéralement un financement par la foule. Il peut prendre la forme de dons pour des projets de tout type ou d’un financement d’entreprise via une prise de participation dans son actionnariat. Le crowdlending est un financement participatif, mais sous la forme de prêts qui doivent être remboursés, ce qui n’est pas automatiquement le cas concernant le crowdfunding. Ces deux types de financements interviennent via des plateformes dématérialisées où, comme dans les places de marchés, les investisseurs peuvent rencontrer les entreprises en quête de fonds. »
À quels types de sociétés et de projets le crowdlending est-il destiné ?
F. L. M. : « Dans notre cas, nous nous adressons à des PME matures, non à des startups. Ces sociétés doivent déjà générer un certain chiffre d’affaires et une certaine rentabilité, puisque le remboursement des prêts commence dès le premier mois après leur octroi, sur une période maximale de cinq ans. Elles doivent aussi être en mesure de justifier un historique commercial sur une période de trois ans au moins. Ce ne sont pas systématiquement des entreprises en forte croissance ni forcément récentes. En outre, le crowdlending concerne tous types d’activités, y compris les plus traditionnelles. Sur notre plateforme, nous rencontrons essentiellement les besoins de PME du monde de l’immobilier – promoteurs, lotisseurs, vendeurs de biens – et ceux de PME ou TPE désireuses d’accompagner leur développement ou de consentir des investissements. »
Les rendements sur investissements peuvent varier de 3 % à 10 % avec, dans certains cas, une assurance sur le capital investi.
Quel est le profil des investisseurs ?
F. L. M. : « Notre plateforme en compte plus de 5.000, essentiellement des particuliers mais aussi des professionnels, voire des institutionnels. Depuis son lancement, nous avons pu structurer 170 millions d’euros de fonds et enregistrer des taux de croissance à trois chiffres la plupart des années, sauf en 2020, Covid oblige. L’an dernier par exemple, la croissance était de 140 %. »
À quoi attribuez-vous le succès du crowdlending?
F. L. M. : « Le premier facteur est le faible taux d’intérêt des comptes épargne traditionnels, aux alentours de 0,11 % par an, ce qui pousse les investisseurs vers des placements plus rentables. Le second est l’augmentation des contraintes imposées par les banques aux entreprises désireuses d’emprunter. Celles-ci doivent par exemple fournir plus de garanties additionnelles et immobiliser des fonds propres pour contrebalancer le niveau de risque des prêts. »
Quel rendement un investisseur peut-il espérer?
F. L. M. : « Cela dépend de sa relation au risque. Nous proposons trois produits, que l’on peut panacher selon le profil de l’investisseur. Le premier est un prêt à 3 % de rendement par an avec une garantie à 100 % sur le capital ; le risque est assuré par une compagnie d’assurance-crédit tierce. Le deuxième offre un rendement de 4 à 6 %, assorti d’une garantie hypothécaire. L’entreprise qui reçoit le prêt octroie une inscription hypothécaire au bénéfice des investisseurs. En cas de défaut de paiement, il y a saisie puis vente d’un immeuble et le produit de la vente sert au remboursement. Le troisième prêt offre un rendement de 7 à 10 % l’an, mais uniquement avec des garanties mobilières : gages sur fonds de commerce, sur créances, sur actions… »
Les sociétés de management peuvent désormais aussi investir leurs liquidités. Cela permet alors au dirigeant d’augmenter sa rémunération nette.
Une entreprise peut-elle également investir?
F. L. M. : « Absolument ! Nous venons de lancer un produit qui leur est expressément destiné car de plus en plus d’entreprises, en particulier des sociétés de management, souhaitent investir leurs excédents de trésorerie en prêtant à d’autres entreprises belges. C’est une tendance en forte hausse permettant une optimisation de la rémunération nette du dirigeant d’entreprise. »
Quels sont les avantages pour le dirigeant de la société de management?
F. L. M. : « Les entreprises peuvent distribuer leurs profits aux actionnaires sous la forme de dividendes. Dans certains cas, elles peuvent bénéficier d’un précompte mobilier réduit, pour autant qu’elles attendent cinq ans pour commencer à rémunérer leurs actionnaires. Dans l’intervalle, elles doivent constituer une réserve de liquidation. Autrement dit, elles ne peuvent rien faire d’autre de cet excédent que le laisser dormir sur un compte. En plaçant ces liquidités chez Look & Fin, elles allient le respect de cette exigence avec le rendement financier de nos produits d’investissement. Ce faisant, il est possible d’augmenter la rémunération nette du dirigeant à concurrence de 15 %. De plus, il est possible d’investir les liquidités disponibles d’une société de management, tout en maintenant un taux réduit d’impôt des sociétés à 20 %, puisque ce type de prêt est assimilé à une créance. »