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Jürgen Ingels : « Aujourd’hui le modèle Tech4fin est le plus logique »

Jürgen Ingels, serial entrepreneur.

Siégeant à plusieurs conseils d’administration, le serial entrepreneur Jürgen Ingels – co-fondateur de l’entreprise Clear2Pay – a développé une connaissance accrue du rôle de la technologie au sein de la finance. Aujourd’hui, il partage son opinion sur les dernières tendances de la technologie financière en Belgique.

En tant que serial entrepreneur, que pensez-vous de l’évolution des entreprises fintech en Belgique ?

Jürgen Ingels : « Il y a dix ou quinze ans, la Belgique avait une meilleure position en termes de technologie financière : il existait une série d’entreprises similaires à Clear2Pay, comme Capco, par exemple. Cependant, la plupart de ces entreprises ont été vendues à des organisations américaines et internationales, et la position de la Belgique au sein du secteur s’est détériorée. Notre pays a toujours du potentiel, mais les entreprises sont plus petites qu’avant.

En 2014, j’ai vendu mon entreprise Clear2Pay. J’ai senti qu’il fallait arrêter de se concentrer sur les méthodes de paiement et passer à autre chose : l’automatisation de la comptabilité. J’avais besoin de fonds à investir dans ce nouveau secteur. Selon moi, la prochaine vague de tendances ciblera les systèmes de sécurité, la technologie de conformité et tout ce qui touche aux données. »

Top 3 des services

1. Les paiements constituent de loin le service le plus couru (85%). Chez les seniors, ce taux est de 60 %.

2. En deuxième lieu vient la vérification des soldes/transactions (69%).

3. L’exécution de virements entre comptes personnels (44%) est souvent mentionnée.

Ces temps-ci, la notion de Tech4fin est fortement mise en avant dans le monde de la finance. Quelle est votre opinion sur cette nouvelle tendance ?

J. I. : « A l’origine, la raison d’être des entreprises fintech était de résoudre un problème spécifique. Aujourd’hui, il n’est pas rare qu’une technologie soit à la fois utilisée dans le secteur bancaire, dans les entreprises de transport ou même dans les biotechnologies. Si vous voulez percer dans le secteur financier, vous ne pouvez pas vous contenter de construire une toute petite application ; il faut construire une technologie suffisamment large pour qu’elle puisse être utilisée non seulement dans le secteur bancaire, mais aussi dans les télécommunications, par exemple.

Si vous mettez au point un produit dédié au secteur bancaire et que vous voulez le vendre, il va falloir surmonter plusieurs étapes de conformité qui seront longues et coûteuses. A l’inverse, si vous créez une technologie dont les applications sont plus larges, vous pouvez potentiellement commencer à avoir du succès dans d’autres secteurs et générer des fonds de cette façon. De plus, si vous ciblez plus tard le secteur bancaire, les entreprises vous suivront parce que vous aurez des liquidités provenant d’autres domaines. C’est pourquoi le modèle Tech4fin est beaucoup plus logique. »

Depuis quelques années, les banques traditionnelles font face à de nouveaux compétiteurs : les néobanques. Quel est votre avis sur cette dualité ?

J. I. : « Selon moi, elles se confondent de plus en plus. Jusqu’à aujourd’hui, les banques traditionnelles n’étaient pas numériques. Mais à cause du Covid-19 et de la volonté des banques de mettre le client au centre de leur activité, elles sont dorénavant obligées de se numériser, qu’elles le veuillent ou non.

« Dans le cas des néobanques – qui sont purement numériques –, c’est l’inverse. Elles ressemblent de plus en plus à des banques traditionnelles, non pas parce qu’elles apportent un modèle, mais parce qu’elles s’inscrivent dans le système de gouvernance des banques nationales. »

« Les mêmes réglementations s’appliquent de plus en plus à ces banques numériques, de sorte qu’elles doivent faire davantage d’efforts pour devenir de véritables banques du point de vue de la conformité. À mon avis, dans dix ou quinze ans, il n’y aura plus de différence : il n’y aura plus que des banques numériques qui devront faire face à toutes sortes de défis et de conformités. »

« Je pense qu’on va bientôt mettre au point une infrastructure sous-jacente qui rassemblera la crème de la crème des entreprises fintech. »

À mon avis, dans dix ou quinze ans, il n’y aura plus que des banques numériques qui devront faire face à toutes sortes de défis et de conformités.

« Il existe plusieurs sortes de fintechs : certaines vous fournissent un prêt, d’autres vous vendent des assurances, etc. Pour chaque connexion, vous aurez une fintech haut de gamme. L’infrastructure sera complètement digitale, conforme et opérationnelle, avec toutes les règles et réglementations qui s’y rattachent, et on pourra fournir une sorte de “bank in a box”. »

« Les banques deviendront des marques, et les marques deviendront des banques. Le service que proposent les banques sera intégré au produit de façon directe : si vous avez besoin d’un prêt ou d’une assurance, il vous sera fourni par la marque, au travers de cette plateforme sous-jacente. »

« Quiconque a une marque forte fera l’affaire, que ce soit une chaine de supermarché, un influencer ou un chanteur pop. La compétition deviendra une compétition d’image, et finalement, les marques feront la différence. »

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