Parce qu’elle se focalise sur la rentabilité maximale à court terme, la finance reste largement incapable de fournir aux acteurs du développement durable les fonds nécessaires à leur action. Il y a pourtant urgence… et moyen de penser la finance autrement ! La vision d’Alain Boribon, entrepreneur et CEO de Citizenfund.
Repenser nos conceptions
« Le premier fonds d’investissement fut créé il y a environ 250 ans. Il s’agissait de développer un moyen de pallier les problèmes de l’époque, notamment en termes de diversification des risques. Les temps et les défi s changent. De nos jours, un fonds se doit d’être une forme de balise sociale, le reflet du type de société que l’on souhaite à un horizon de 15 à 20 ans. Continuer d’investir dans autant de produits qu’aujourd’hui, dont la seule vocation est de maximiser les profits à court terme, ne ferait qu’aggraver nos conditions de vie. Pour un impact positif, il faut accepter d’investir dans des domaines qui ne présentent pas de rentabilité à court terme : la culture, l’éducation, l’information, la solidarité, la participation citoyenne, etc. »
Participation citoyenne
« Dans le même ordre d’idée, nous n’entendons pas recréer un fonds d’investissement dans lequel quelques personnes décideront pour tous ce qui est le mieux. Le citoyen doit pouvoir exercer son libre arbitre en connaissance de cause.
De nos jours, un fonds se doit d’être le reflet du type de société que l’on souhaite à un horizon de 15 à 20 ans.
Pour le dire autrement, les porteurs de projets viennent défendre eux-mêmes leur cause devant les investisseurs… qui choisiront ou non d’y consacrer des ressources ! Bien sûr, il ne s’agit pas de faire l’économie d’experts dans diff érents domaines ; ils éclairent les débats sur les aspects techniques. »
Alimenter l’économie réelle
« Pour atteindre de tels objectifs et éviter le green washing, il faut faire le choix d’un fonds d’investissement à impact direct. Il alimente des entreprises dont le cœur de métier vise à résoudre un problème social ou environnemental. L’objectif est aussi de financer des projets de l’économie réelle, c’est-à-dire dont les réalisations peuvent être concrètement touchées du doigt. Réhumaniser et re-territorialiser la fi nance sont des enjeux primordiaux. Comme on l’a vu lors de la crise des subprimes en 2008, elle est devenue tellement opaque et complexe que même des professionnels de la banque n’ont pas compris à quels risques ils s’exposaient. Alimentons le développement d’activités locales ! Cela peut commencer par exemple très simplement par contribuer au financement d’une chambre froide dans une ferme qui a un projet de commercialisation en circuit court. »