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La construction, un secteur en rénovation

Durabilité, digitalisation, main-d’œuvre… Le secteur de la construction est face à de multiples défis. Ils constituent en même temps de formidables opportunités. Buildwise, le centre d’innovation du secteur de la construction, saisit la balle au bond : il entend repenser le développement des marchés, les écosystèmes, les évolutions dans la chaîne de valeur.

Tom Willemen

Président du Comité de Vision

Buildwise

Olivier Vandooren

CEO

Buildwise

Face au défi ambitieux d’une économie européenne zéro carbone d’ici à  2050, il y a urgence à construire des bâtiments à très basse émission et surtout à rénover les millions de logements et de bureaux existants en vue de les rendre moins énergivores. Pour Olivier Vandooren, CEO de Buildwise, « cela oblige le secteur de la construction à multiplier par 4 ou 5 le rythme de rénovation actuel. Toutefois, nous ne pourrons pas obtenir cette accélération avec les recettes du passé. »

Industrialiser la construction

Comment dès lors y parvenir  ? Pour y répondre, Tom Willemen, Président du Comité de Vision, se réfère aux enseignements d’une étude récente menée conjointement par Buildwise et KPMG : « La première chose à faire pour augmenter notre efficacité est de passer d’un mode de fonctionnement orienté sur les projets vers un mode orienté sur les processus. Au lieu de partir d’une page blanche pour chaque projet, qui aboutit à la construction d’un prototype unique sur chaque chantier, il faut se calquer sur ce que fait le secteur automobile : assembler des composants standardisés. En clair, nous devons industrialiser nos processus et augmenter la part de composants préfabriqués produits hors site. » Les évolutions technologiques, digitales notamment, peuvent aussi contribuer à cette accélération. Exemple  : en scannant un bâtiment, on peut en établir un modèle numérique et injecter celui-ci dans un logiciel. Celui-ci facilitera la conception et la préfabrication des composants à utiliser pour la rénovation du bâtiment. « Pour engager de la rénovation énergétique de masse – isolation, ventilation, chauffage -, on peut ainsi envisager de travailler par rue ou par quartier, plutôt que par bâtiment individuel », complète Olivier Vandooren.

Changer de paradigme

Autre piste explorée par Buildwise  : faire fonctionner le secteur de la construction selon le modèle d’un écosystème intégré. Autrement dit, dès le départ, on associe le donneur d’ordre public ou privé d’un projet aux nombreuses parties qui interviendront par la suite : bureaux d’étude, architectes, entrepreneurs généraux, sous-traitants, producteurs de matériaux, transporteurs de la chaîne logistique, etc. « Grâce à son propre mode de fonctionnement, l’écosystème crée ainsi de la valeur ajoutée. C’est un changement de paradigme : on ne fonctionne plus de manière isolée et segmentée. »

Il faut faire en sorte que les matériaux intégrés dans la construction d’un bâtiment n’aient pas de fin de vie.

Tom Willemen pointe aussi les engins de construction  : «  Ils devront être plus durables. Il va falloir investir dans la conception d’engins de chantier électriques ou zéro carbone, parce qu’il y en a encore beaucoup trop peu.  » Même démarche environnementale du côté des matériaux : il faut aller plus loin dans le zéro carbone, en misant sur la circularité. « Il faut faire en sorte que les matériaux intégrés dans la construction d’un bâtiment n’aient pas de fin de vie », se met à espérer Olivier Vandooren. «  On connaît déjà le recyclage des bétons et autres pierres qu’on concasse pour en faire du granulat utilisé pour des remblais, des fondations de route ou la production de bétons. Idéalement, il faudrait parvenir à reconditionner en permanence des éléments comme des châssis, sans perte de valeur et en les réutilisant en tant que tels plutôt que d’en faire des sous-produits. »

Nouveaux marchés, nouveaux métiers

Comme s’en réjouit Tom Willemen, «  toutes ces perspectives de rénovation ou autres créeront de nouveaux marchés, de nouveaux clients et de nouveaux budgets ». L’écueil éventuel sera – c’est déjà le cas aujourd’hui – la pénurie de personnel qualifié. Toutefois, note-t-il, «  l’évolution constante des technologies transformera les métiers existants et en verra l’apparition de nouveaux. Aujourd’hui, en collaboration avec d’autres acteurs du secteur comme Constructiv, Embuild et Bouwunie et des organismes publics comme le Forem, Actiris et le VDAB, Buildwise participe à diverses initiatives dans le domaine de la formation et de la promotion des métiers. »

Parmi les nouvelles technologies déjà en usage, citons le Building Information Modeling (BIM), les drones, les exosquelettes, l’internet des objets et l’intelligence artificielle. En tant que centre d’innovation, Buildwise a déjà créé deux centres d’expérience, à Limelette et Zaventem. Comme le précise Oliver Vandooren, « ils permettent aux professionnels de tester les usages et capacités de ces technologies en situation réelle. Nous nous rendons aussi sur les chantiers ou dans des écoles. Il faut souligner, notamment auprès des jeunes, que la construction ne se résume pas à pousser des brouettes et à faire du mortier. Les métiers de la construction se modernisent, ce qui contribue à augmenter l’attractivité de notre secteur. »

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