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La requalification professionnelle, un enjeu primordial pour les entreprises

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La pandémie a accéléré la digitalisation des entreprises. Des métiers disparaîtront, de nouveaux verront le jour, d’autres encore devront s’adapter. Clémentine Le Morvan, Country Manager de l’antenne belge de Abilways, et Christophe Hachez, Learning Strategist, insistent sur la nécessité de se former.

Texte : Philippe Van Lil

Christophe Hachez

Learning Strategist

Abilways

Clémentine Le Morvan

Country Manager

Abilways

D’ici à 2030, 60 % des métiers verront 30 % de leurs taches automatisées et 800 millions de travailleurs devront se reconvertir dans le monde.

Quelles sont les conséquences de la crise du Covid ?

Clémentine Le Morvan : « Un an après le choc du premier confinement, on constate que cette crise a joué, pour les organisations, un rôle d’accélérateur des transformations en cours : la digitalisation et l’automatisation d’une part croissante des tâches. Elle vient renforcer cette tendance : d’ici à 2030, 60 % des métiers verront 30 % de leurs taches automatisées et 800 millions de travailleurs devront se reconvertir dans le monde (rapport de McKinsey, publié en 2018). »

« Ajoutons aussi que de nouveaux métiers apparaîtront. En outre, selon plusieurs études récentes à l’échelle européenne, 85 % des managers se projettent dans une logique durable de télétravail, avec des équipes ‘hybrides’, soit avec certains collaborateurs à plein temps à domicile et d’autres à au bureau. »

Quelles requalifications cela implique-t-il ?

C. L. M. : « Les apprentissages clés concernent désormais les ‘hard skills’, soit les compétences métiers, dans des matières comme la digitalisation et la data, mais surtout et de plus en plus les ‘soft skills’, soit les compétences comportementales ou cognitives. Il est indispensable à présent d’acquérir des comportements résilients, une approche orientée sur la résolution des problèmes, des capacités liées aux nouveaux modes de collaboration, etc. »

Christophe Hachez : « Le contexte de télétravail généralisé implique de repenser les processus à tous les niveaux de l’entreprise. Cela exige notamment des compétences liées à l’innovation et à l’agilité. »

Toutes ces formations, c’est une contrainte budgétaire énorme pour les entreprises…

C. L. M. : « Face à cette contrainte, toute une série de compétences jusqu’ici recherchées auprès d’intérimaires ou de prestataires externes doivent désormais être trouvées en interne. Auparavant, les entreprises définissaient leur stratégie, puis leurs process, et enfin cherchaient les compétences nécessaires. À présent, après avoir défini leur stratégie, elles doivent analyser les compétences dont elles disposent en interne et s’organiser autour d’elles. »

« Dès lors, elles doivent à la fois faire monter en compétences les collaborateurs par rapport à l’évolution de leur métier et reformer les collaborateurs en place par rapport aux besoins et métiers de demain. On parle de ‘upskilling’ et de ‘reskilling’. Les acteurs de la formation doivent accompagner ce processus. »

Quels sont les avantages de la formation à distance ?

C. H. : « Elle est moins contraignante que la formation sur site. On travaille en effet par modules plus courts et on peut plus facilement organiser ses horaires de formation. Cette plus grande flexibilité se traduit aussi par une individualisation du suivi, d’où des réponses plus adéquates aux besoins réels de chaque collaborateur. Cela permet enfin de proposer un apprentissage continu, étalé dans le temps. Au final, un collaborateur désireux de se former peut le faire de manière plus flexible et plus autonome. On constate que l’efficacité et la plus-value des parcours étalés sur plusieurs mois sont démultipliées et que l’impact de la formation à distance peut être nettement plus grand que celui de la formation sur site. »

La formation est plus que jamais indispensable. À l’avenir, peu de gens resteront plus de cinq ans dans le même job.

C. L. M. : « Les collaborateurs qui avaient l’habitude de se former en présentiel avant la crise sanitaire avaient pour certains beaucoup de réticences à se former à distance. Les freins imaginés étaient l’absence de lien social, l’impact moindre, la perte d’engagement etc. C’est en réalité tout le contraire qui se produit grâce à l’individualisation de l’apprentissage et à la flexibilité autorisées par le distanciel. C’est aussi plus facile à gérer : pas de salles à réserver et une disponibilité plus rapide des formateurs avec dès lors la possibilité de faire réellement du ‘just in time learning’. »

Quels conseils donnez-vous aux entreprises ?

C. L. M. : « La formation est plus que jamais indispensable. À l’avenir, peu de gens resteront plus de cinq ans dans le même job. La requalification des compétences devient donc un enjeu absolument stratégique. De plus, la génération des 18-25 ans arrivera demain dans un monde du travail disrupté et bien plus complexe ; elle aura besoin d’un accompagnement pour y entrer. »

C. H. : « La formation doit être mise au cœur de la stratégie des ressources humaines. Les entreprises doivent se réorganiser. Il faut préparer les collaborateurs à ces changements pour que les organisations restent compétitives. »

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