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Future of Work

Le facility management change de nature

L’arrivée des jeunes générations sur le marché du travail oblige le facility management à changer son fusil d’épaule. Les attentes tout comme les comportements, alimentaires par exemple, ne sont plus les mêmes. Bart Mariman, Chief Commercial Officer chez ISS Facility Services, nous éclaire sur le sujet.

Quels changements observez-vous dans votre secteur ?

Bart Mariman  : «  Là où on parlait auparavant de facility management, on parle aujourd’hui de plus en plus ‘d’expérience management’. Organiquement placé sous la tutelle du directeur financier, le facility manager a traditionnellement pour missions essentielles de réduire les coûts au  mètre carré et d’assurer le bon fonctionnement des installations. Or, s’il travaille sur l’expérience vécue par les collaborateurs sur leur lieu de travail, il peut offrir bien plus de valeur ajoutée. Il y a, d’une part, le ‘building design’, où l’on fait en sorte que le bâtiment donne de l’énergie aux gens, et, d’autre part, le ‘service design’, où l’on s’assure que chaque élément faisant fonctionner un service apporte une expérience positive à l’utilisateur final. »

Constatez-vous d’autres évolutions ?

B. M. : « Depuis peu, nombre d’entreprises ont pour la première fois quatre  générations de collaborateurs en leur sein  : les baby-boomers de 60 ans et plus, et les générations X de 45 à 59 ans, Y ou millenials de 23 à 44 ans et Z ayant moins de 23 ans. Cette dernière génération a le plus gros impact dans les entreprises, car elle est particulièrement sensible aux problématiques en lien avec le changement climatique. Pour ces jeunes, l’entreprise doit agir en ce sens, sans quoi ils sont prêts à la quitter. Il faut être d’autant plus attentif à eux que le nombre de baby-boomers qui partent à la pension est plus élevé que les entrants de la génération Z. Il va donc être difficile de compenser les départs. Si trouver du personnel est déjà compliqué, ce l’est encore plus de le garder. Beaucoup d’entreprises ont aujourd’hui un taux de rotation annuel de 25 % de leurs collaborateurs. »

Pratiquement, comment lutter contre ce phénomène ?

B.  M.  : «  Les entreprises doivent avoir un impact très concret dans le domaine ESG – environnement, société, gouvernance. Cette problématique, qui a pris de l’importance en raison de l’arrivée sur le marché du travail de la génération Z, doit aussi se traduire au niveau des investisseurs. Ceux-ci sont de plus en plus conscients qu’une entreprise qui n’a pas de stratégie ESG risque de générer une moindre plus-value sur le long terme. Dans le domaine du facility management, prenons l’exemple du catering.

Passé le confinement, les premiers à revenir au bureau étaient les plus jeunes, car ils se rendent bien compte qu’on ne peut pas bâtir une carrière depuis son salon.

Certaines entreprises adaptent leurs menus en proposant une alimentation plus saine, en utilisant des produits de saison et en travaillant avec des producteurs locaux pour favoriser les circuits courts et réduire indirectement les émissions de CO2. Des éléments tels que ceux-là apparaissent aujourd’hui de plus en plus dans les cahiers des charges. Dans le passé, même si on évoquait souvent ce genre d’idées, on finissait par les abandonner en se disant que ce n’était pas vraiment nécessaire car cela engendrait, par exemple, quelques euros de plus par repas. »

Quel est l’impact de la hausse du télétravail sur le facility management ?

B. M. : « Le télétravail a beaucoup gagné en importance avec la crise du Covid. Cela dit, passé le confinement, les premiers à revenir au bureau étaient les plus jeunes, car ils se rendent bien compte qu’on ne peut pas bâtir une carrière depuis son salon. Il faut avoir des contacts avec les collègues et le management, sans quoi on passe notamment à côté des projets importants. Il est cependant vrai que de manière générale, la hausse du télétravail ne facilite pas le travail des facility managers. On voit par exemple clairement des pics de présence du personnel les mardis et jeudis, une plus faible présence les lundis et mercredis et encore moins de monde les vendredis. Quand on est dans un bâtiment qui peut accueillir jusqu’à 2.000 personnes, cela demande une bonne maîtrise des coûts de l’énergie et des équipes, au niveau du catering, qui soient parfaitement adaptées à ces fluctuations. »

Comment abordez-vous vos clients avec toutes ces contraintes ?

B. M. : « C’est du sur-mesure ! Les attentes d’une équipe de management d’une société d’assurances sont évidemment très différentes des attentes d’une société IT. Quand nous rencontrons un client, nous commençons par lui proposer de réaliser une enquête destinée à cibler au mieux le profil de son personnel afin d’adapter notre offre. Si, par exemple, la génération  Z est très présente dans une entreprise, nous savons que ces jeunes consomment beaucoup moins de viande que leurs aînés lors des repas et même que leurs comportements alimentaires ne sont pas les mêmes. Les jeunes ont en effet notamment tendance à manger de petites quantités tout au long de la journée, alors que les plus anciens prennent un seul repas chaud, plus copieux, à midi. »

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