L’intelligence artificielle (I.A.) permet de comprendre mieux, plus vite et pourquoi des événements ont lieu… mais aussi de les anticiper ! Comme l’explique Kris Degreef, CEO de Coface Belgique, c’est notamment le cas pour les risques éventuels de non-paiement dans le cadre des transactions commerciales.
Kris Degreef
CEO
Coface Belgique
Quelle est l’ampleur des risques d’insolvabilité en Belgique ?
Kris Degreef : « En ce moment, ces risques sont quasiment nuls en raison des mesures prises par le gouvernement pour empêcher les faillites et des multiples systèmes d’aides toujours en cours. Toutefois, on garde artificiellement en vie nombre de ‘sociétés zombies’. Quand ces mesures et aides cesseront, un grand nombre de faillites interviendront, probablement entre mi-2021 et début 2022. En temps normal, on en compte environ 10.000 par an ; avec la crise, ce nombre devrait malheureusement exploser. »
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Sans l’I.A., on ne pourrait pas analyser autant d’informations dans le détail et aboutir à un résultat aussi rapide pour évaluer des risques.
En quoi l’I.A. aide-t-elle à la prédiction des risques ?
K. D. : « L’avantage majeur est la vitesse. Notre technologie compare les données clients à celles de notre base de données mondiale. Ces données-ci concernent plus de 80 millions d’entreprises, sont mises à jour en temps réel et enrichies avec les comportements de paiement enregistrés au travers des déclarations de sinistres. L’I.A. permet de collecter l’historique des activités, d’analyser le contexte et prédire le futur. Au final, on obtient un score de 0 à 10, qui reflète la santé financière d’une entreprise, le risque de défaut de paiement et le risque éventuel de défaillance dans les 12 mois. »
« Sans l’I.A., on ne pourrait pas analyser autant d’informations dans le détail et aboutir à un résultat aussi rapide pour évaluer ces risques. Pour nous, ceci est fondamental vu qu’un assureur vit des risques qu’il prend ! Rappelons que l’assurance-crédit rembourse les pertes liées au dépôt de bilan, au refus de payer ou à une incapacité de paiement. »
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On imagine cependant bien que ce n’est pas la machine qui prend les décisions…
K. D. : « Bien entendu, on ne peut pas se passer de l’humain ! Tout d’abord parce qu’en amont, c’est bien l’analyste qui programme la machine et construit le score en fonction du poids qu’il décide de donner à chaque paramètre : profil de l’entreprise, bilan, incidents de paiement, etc. Ensuite, parce qu’en aval, c’est encore lui qui prend la décision finale en fonction, notamment, de critères supplémentaires comme la stratégie de la société visée par l’analyse. Des éléments comme celui-là permettent de revoir le score, à la hausse… comme à la baisse ! »
Dans quel cadre les entreprises font-elles appel à vous ?
K. D. : « Il y a d’abord les sociétés, en particulier les grandes, qui le font par stratégie. Exemple classique : une entreprise ne désirant pas prendre de risques avant de nouer un partenariat avec une société cliente ou avec un fournisseur. Viennent ensuite les sociétés, surtout des PME, qui ne disposent pas des ressources nécessaires en interne pour prendre des décisions de crédit objectives. Outsourcer une telle prise de décision permet vraiment d’être plus impartial, surtout quand des éléments relationnels de proximité interviennent entre une petite structure et un entreprise cliente, par exemple. »
Le facteur humain restera primordial, parce qu’on ne pourra jamais prendre un niveau de risque élevé en ne se basant que sur le digital
« Enfin, une dernière catégorie fait appel à nous : les startups. Elles ont besoin d’accéder à un large réseau d’informations commerciales objectivées pour approcher de nouveaux marchés, protéger leur chaine d’approvisionnement et minimiser les risques d’impayés. Notons encore que les grandes entreprises et les PME nous consultent plutôt pour l’assurance-crédit, tandis que les startups le font plutôt pour nos services d’analyse de risque et de recouvrement de créances. »
Comment voyez-vous le futur de la gestion des risques ?
K. D. : « La digitalisation sera sans aucun doute de plus en plus importante. Toutefois, le facteur humain restera primordial, non seulement dans la relation avec la clientèle, mais aussi parce qu’on ne pourra jamais prendre un niveau de risque élevé en ne se basant que sur le digital. Cela dit, la digitalisation nous permettra à l’avenir de proposer de nouveaux services et produits. Actuellement, nous investissons énormément dans le développement d’outils innovants qui aideront à la prise de décisions rapides de manière très simple. »
Un exemple ?
K. D. : « Aujourd’hui, des applications pour mobiles permettent déjà de prendre des décisions où que l’on se trouve. Imaginez le cas d’un transporteur routier qui, plutôt que rouler à vide vers la Belgique, a l’opportunité de charger de la marchandise d’un client avec lequel il n’a jamais travaillé. En rentrant le nom de l’entreprise dans son appli, il peut vérifier la santé financière de celle-ci et accepter ou non de lui accorder un délai de paiement. De telles applications pour mobiles ainsi que d’autres outils digitaux permettent aux entreprises, en connaissance de cause, de gérer leurs risques de crédit en temps réel, d’évaluer la qualité d’un portefeuille et d’adapter la stratégie commerciale. »