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Marché de l’emploi : il est urgent de sortir de la passivité

La tension sur le marché du travail grandit. En Belgique, on dénombre 175.000 postes vacants et on estime que ce chiffre dépassera les 300.000 d’ici à 2030. La nécessité d’activer les personnes en recherche d’emploi devient urgente, et cette seule mesure ne suffira pas. Jeroen Franssen, Senior Expert Talent, Labour Market & Organisation chez Agoria.

Jeroen Franssen

Senior Expert Talent, Labour Market & Organisation

Agoria

Selon l’expert, qui analyse l’impact des changements sur le marché du travail pour le projet Be The Change, «  il est étrange de constater que nos gouvernements dépensent plus d’argent pour soutenir des mesures liées au non-travail, comme le chômage temporaire par exemple, que des politiques d’activation ».

Les entreprises devraient ouvrir des perspectives de reconversion aux employés dont les fonctions sont appelées à disparaître.

En effet, les chiffres de l’OCDE sont clairs. Ces dernières années, notre pays a investi en moyenne 2,5 % du PIB par an dans des programmes relatifs au marché du travail. Fait remarquable, 1,7 % du PIB a été consacré au soutien du non-travail, tandis que seulement 0,8 % environ a été dépensé pour des mesures d’activation. « Il est urgent de sortir de cette approche passive pour faire place à la proactivité », explique Jeroen Franssen. Selon lui, « les investissements dans les programmes relatifs au marché du travail doivent atteindre 3 % du PIB au cours de la prochaine législature. Mais surtout, au moins 2 % devraient être consacrés à l’activation et nous devrions limiter l’aide au non-travail à 1 % du PIB ».

Adopter une approche active

«  Il apparaît que notre marché du travail dans son ensemble n’est pas très dynamique, les entreprises comme les talents faisant preuve d’une grande passivité. Prenons la rotation des emplois dans notre pays, qui est de 7,8 %. Si l’on compare ce chiffre au score de nos voisins directs et aux pays scandinaves, on s’aperçoit que seul le Luxembourg a un score plus bas. En effet, beaucoup de belges s’accrochent désespérément à leur emploi. Cet état d’esprit figé, souvent combiné à une faible volonté d’apprendre, conduit parfois certaines personnes à rester ‘bloquées’ chez un employeur ou dans un emploi qui ne les passionne plus », poursuit le spécialiste. Pour les employés qui font preuve d’une plus grande flexibilité dans leur rôle auprès d’un employeur, qui ont tendance à rester activement à la page ou qui expérimentent déjà en dehors du cadre de leur propre fonction ou département, «  les chances d’une carrière durable sont déjà beaucoup plus élevées ».

Mais les employés ne sont pas les seuls à avoir leur rôle à jouer. «  Les entreprises peuvent également se montrer plus actives ou proactives. Par exemple, en énonçant clairement leur vision de l’avenir et leur stratégie de développement, ainsi que les besoins en compétences innovantes et en formation qui en découlent », précise l’expert. En bref, définir et énoncer les perspectives d’une entreprise et inviter les employés à y adhérer permet d’anticiper les besoins à venir. 

Pour éviter l’inertie , les entreprises ont tout intérêt à offrir la possibilité aux talents de redéfinir leur emploi.

Pour Jeroen Franssen, il est possible d’aller plus loin encore : « Pour éviter l’inertie, les entreprises ont tout intérêt à offrir la possibilité aux talents de redéfinir leur emploi. Un employé est avant tout une personne, dont la situation personnelle, qu’elle soit physique ou mentale, varie. Il devrait donc être possible pour les employés de redéfinir les contours de leur emploi en fonction de ces changements, ou en tout cas de pouvoir en discuter ouvertement avec leur employeur. Temps et lieu de travail, autonomie, matériel : voici autant de paramètres qui deviennent chaque année un peu plus flexibles.

Et pour les fonctions qui sont appelées à disparaître  ? «  Lorsqu’une entreprise sait qu’une fonction est appelée à disparaître, elle devrait être obligée d’ouvrir des perspectives de reconversion au moins un an à l’avance. L’idéal, bien entendu, serait que cette reconversion se fasse au sein de l’entreprise, ce qui offrirait des avantages certains aux deux parties. Mais cette reconversion peut s’amorcer dans une autre entreprise, voire dans un tout autre secteur. Le tout, c’est d’être suffisamment proactif pour éviter au maximum les situations de chômage lorsque le marché du travail est tendu  », conclut Jeroen Franssen.

En chiffres

Selon les chiffres de l’OCDE, ces dernières années, la Belgique a investi 2,5 % du PIB par an dans des programmes relatifs au marché du travail

■ dont 1,7 % a été consacré au soutien du non-travail… 

■ contre seulement 0,8 % environ pour des mesures d’activation.

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