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Plan Handicap 2021-2024 : pour une Belgique plus inclusive

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Conçu en concertation avec tous les secteurs concernés, ce plan ambitieux développe de nombreuses mesures pour les personnes en situation de handicap. Entretien avec Karine Lalieux, Ministre des Pensions et de l’Intégration sociale, chargée des Personnes handicapées, de la Lutte contre la pauvreté et de Beliris, et Peter Samyn, Président du Comité de direction du Service public fédéral Sécurité sociale.

Karine Lalieux
Ministre en charge des Personnes handicapées

Quelle est l’origine de ce Plan Handicap?

Karine Lalieux : « Après avoir rencontré de nombreux acteurs du secteur, nous avons constaté que la Belgique n’était pas un des pays des plus inclusifs en la matière. Il était donc indispensable d’introduire le handistreaming  : la prise en compte systématique du handicap dans l’ensemble des décisions politiques. D’où l’idée d’une politique transversale, co-construite avec des acteurs de terrain, en phase avec la philosophie de la convention des Nations-Unies, pour laquelle les personnes en situation de handicap sont les mieux à même de dire de quoi elles ont besoin et comment on peut répondre à ces besoins. »

Comment avez-vous agi concrètement?

K. L : « En rencontrant les référents de chaque administration et de chaque cellule stratégique des ministres pour savoir quelles actions ils allaient mener. L’idée était de développer cette coresponsabilité de tout le gouvernement, afin de s’engager dans une société plus inclusive. Un ensemble de 145 mesures ont été établies, en collaboration avec l’ensemble des ministres et secrétaires d’État, soutenus par les organisations représentatives des personnes en situation de handicap. »

Au sein du SPF, quelles mesures ont été mises en œuvre pour une meilleure inclusion ?

Peter Samyn : « Une première étape a été d’inciter les personnes en situation de handicap à postuler au SPF. Ensuite, avec des procédures adaptées, nous avons pu recruter un certain nombre de candidats. Parallèlement, chaque service public fédéral a pour objectif de mettre au travail des personnes en situation de handicap à concurrence de 3 % de son effectif. Ce quota est très important et constitue une richesse qui nous permet d’offrir un service de meilleure qualité à notre public-cible. »

Il était indispensable d’introduire le handistreaming : la prise en compte systématique du handicap dans l’ensemble des décisions politiques.

K. L. : « Environ 600.000 personnes sont reconnues au niveau fédéral comme étant en situation de handicap. Pour recruter ces personnes, le SPF Sécurité Sociale a organisé une campagne personnalisée qui a donné de très bons résultats, précisément parce qu’elle était adaptée au public-cible, en termes d’examens, d’accessibilité au lieu d’examen, etc. Résultat  : en l’espace d’un an, on est passé de 1,5  % à 3,2 % de personnes en situation de handicap qui travaillent au sein de ce SPF. »

Cette stratégie est interfédérale, ce qui semble significatif quand on sait à quel point notre lasagne institutionnelle peut parfois ralentir certaines avancées?

Peter Samyn
Président du Comité de direction du SPF Sécurité sociale

K. L. : «  Ce plan a agi comme un détonateur au développement d’une vision bien plus vaste, favorisant ainsi une collaboration accrue avec les entités fédérées. À ma prise de fonctions, le Conseil Supérieur National des Personnes Handicapées m’avait interpellée sur le fait qu’il n’y avait pas de conférence interministérielle handicap. J’ai donc contacté mes collègues des différents niveaux de pouvoir, qui ont tous collaboré à ce projet, ce qui est assez remarquable. Cette approche a guidé, avec succès, l’élaboration de la stratégie interfédérale, adoptée en mai dernier par l’ensemble des ministres belges compétents en matière de handicap. »

Tant dans l’enseignement que dans la vie professionnelle, il semble important de bien cerner les compétences de chacun?

P. S. : « Pour vraiment avancer vers une société plus inclusive, on ne peut pas négliger l’importance de l’enseignement. Les personnes en situation de handicap disposent moins souvent d’un diplôme du supérieur et restent souvent cantonnées à l’enseignement spécialisé, ce qui les freine dans leurs démarches sur le marché de l’emploi. Et lorsque ces personnes trouvent un emploi, le défi réside dans le fait que leurs compétences soient utilisées au mieux, ce qui nécessite des adaptations des process de travail, mais aussi de notre culture de travail, afin que chacun se sente épanoui. Au SPF, l’idéal, d’ici quelques années, serait qu’il ne soit plus indispensable de faire appel à un fonctionnaire d’inclusion car les choses iront tout simplement de soi. »

Une campagne de communication a permis, en l’espace d’un an, de passer de 1,5  % à 3,2 % de personnes en situation de handicap qui travaillent au sein du SPF Sécurité sociale.

Avec les élections qui approchent, comment envisagez-vous l’avenir ?

K. L.  : « Pour garantir la continuité du Plan  Handicap, un avant-projet de loi a été adopté le vendredi 15 décembre par le Conseil des ministres, afin d’ancrer dans la loi l’obligation pour les futurs gouvernements d’adopter un Plan d’action fédéral Handicap dans les 12  mois suivant leur installation. Tant en matière d’accessibilité physique que numérique, une dynamique irréversible s’est enclenchée dans nos administrations et poursuivre dans cette voie constitue un devoir envers les personnes concernées, pour une société avec davantage de cohésion sociale et d’inclusivité. » 

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