Pour assurer ses missions, la fonction publique fédérale doit pouvoir compter sur des locaux dignes de ce nom. Laurent Vrijdaghs, Administrateur général de la Régie des Bâtiments, nous parle des nombreux défis que pose l’entretien et l’amélioration de cet immense parc immobilier.
Laurent Vrijdaghs
Administrateur général
la Régie des Bâtiments
Quelles sont les missions de la Régie des Bâtiments ?
Laurent Vrijdaghs : « Elle est le gestionnaire et l’expert immobilier de l’État fédéral. Elle a notamment pour mission d’héberger l’ensemble des agents publics des services publics fédéraux (SPF) ou de certains organismes d’intérêt public (OIP) pour lesquelles nous sommes mandatés. Au niveau des SPF, la Défense est une exception : elle gère son propre portefeuille immobilier. En termes de personnes, les bâtiments sous notre responsabilité accueillent jusqu’à quelque 65.000 personnes. »
Notre priorité consiste à réduire ‘l’empreinte immobilière de l’État’, en ligne avec les objectifs imposés par le gouvernement à l’horizon 2040.
«Ce parc immobilier représente environ 6.700 000 m². Un tiers est en location auprès du secteur privé pour le compte de l’État et les deux autres tiers sont la propriété de l’État. La Régie n’est propriétaire de rien ! Notre rôle est bien de gérer et d’entretenir ces bâtiments, en particulier sur les plans de leur viabilité et de leur sécurité, avec la possibilité supplémentaire pour nous d’intervenir afin d’en construire ou d’en louer. »
Quel est l’impact de la crise sanitaire sur votre gestion ?
L. V. : « Depuis 2012, nous avons travaillé en fonction de trois normes d’occupation successives. Imposées de manière réglementaire, elles ont progressivement intégré la dimension télétravail. La récente norme post-Covid a évidemment un impact considérable. On considère que 80 % des fonctionnaires ayant besoin d’un poste de travail font 2 jours de télétravail par semaine. Depuis 2012, nous avons déjà quasiment réduit de moitié le nombre de postes de travail nécessaires au sein des différents services que nous hébergeons : de 100 postes par 100 équivalents temps-plein corrigés avant 2012, ils sont passés à 58 aujourd’hui pour 120 équivalents temps-plein. »
Nous lançons en ce moment un cahier des charges afin d’attribuer un marché d’audit énergétique de notre portefeuille immobilier, à réaliser sur quatre ans.
« En 10 ans, les surfaces de bureaux ont dès lors été réduites de près d’un million de m². Notons tout de même qu’à l’origine, toutes les personnes physiques étaient prises en compte pour le calcul des surfaces minimales nécessaires, quelles que soient leurs fonctions, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Seuls les agents devant disposer d’un poste de travail sont comptabilisés. »
Comment intégrez-vous la dimension de durabilité ?
L. V. : « Nous agissons sur tous les leviers à notre disposition. Notre priorité consiste à réduire ‘l’empreinte immobilière de l’État’, en ligne avec les objectifs imposés par le gouvernement à l’horizon 2040. Nous aurons certes besoin de moins de surfaces, mais nous devrons les chauffer, tout en poursuivant des objectifs de décarbonation et d’économies budgétaires. »
« Dans les bâtiments neufs notamment, nous investissons énormément dans le développement durable en répondant aux nouvelles exigences des cahiers des charges et en installant des chauffages à condensation, des panneaux photovoltaïques, de l’isolation de bâtiments, etc. Dans les bâtiments anciens, souvent classés, nous arrivons aussi aujourd’hui à isoler de manière efficace… Toutefois, il ne faut pas rêver : nous n’arriverons jamais à rénover un vieux palais de justice pour le rendre totalement passif ! »
Aujourd’hui, tout le monde cherche de l’immobilier durable. Il n’y en a cependant pas pléthore…
L. V. : « Sans doute, mais d’ici à 2040, les contrats de location à longue durée de certains bâtiments arriveront à échéance. C’est par exemple le cas de la Tour des Finances du boulevard Botanique à Bruxelles : à elle seule, elle représente plus de 103.000 m². Ce sera l’occasion d’opter pour des lieux neufs répondant mieux aux critères écologiques. Par ailleurs, nous lançons en ce moment un cahier des charges afin d’attribuer un marché d’audit énergétique de notre portefeuille immobilier, à réaliser sur quatre ans. Tous nos projets doivent néanmoins tenir compte des conditions du marché, des conditions urbanistiques propres à chaque Régions et du style de produits que l’on souhaite fournir. »
Quels sont les besoins budgétaires pour mener à bien ces évolutions ?
L. V. : « Cela nécessitera beaucoup de moyens humains et budgétaires. Depuis 2017 déjà, nous avons initié un plan pluriannuel d’investissement et dressé un inventaire de nos 150 projets significatifs – des projets de 3 millions d’euros – sur la période 2021-2041. À présent, nous estimons nos besoins à minimum 5 milliards d’euros, sur lesquels nous avons identifié des moyens disponibles à concurrence de 3,5 milliards. À politique inchangée, il nous en manque donc minimum 1,5 milliard qu’il faudra nous octroyer. En termes de main-d’œuvre, la situation est également compliquée : nous manquons déjà actuellement de 120 équivalents temps-plein. Les moyens dont nous disposons actuellement sont approuvés jusqu’en 2024. Nous espérons pouvoir compter sur les futurs gouvernements pour nous aider à respecter notre feuille de route. »