Alors que le prix de l’or s’envole, le métal jaune attire tous les regards. L’argent, lui, semble susciter moins d’intérêt auprès des investisseurs. Ce métal est parfois considéré comme « l’or du pauvre ». À tort, affirme Dirk De Munter, de Goudmunter : « L’argent est le petit frère sous-évalué de l’or, avec un très beau potentiel de plus-value. »
Dirk De Munter, gérant de Goudmunter et son fils Yoni, co-gérant
Tout investisseur le sait : les rendements du passé ne garantissent pas ceux de l’avenir. Mais l’exemple que donne Dirk est parlant. « En 2013, le prix de l’or a augmenté d’environ 140 % », explique-t-il. « Cette année-là, le prix de l’argent a grimpé de 320 %. Fin 2013, une correction inévitable a suivi : l’or a chuté de 37 %, mais l’argent a limité sa perte à 60 %. Il y a même eu des périodes où l’argent suivait une courbe assez prévisible, avec des hausses et baisses de trente pour cent. Les investisseurs qui ont su entrer et sortir au bon moment ont fait une excellente affaire. »
L’argent est le petit frère sous-évalué de l’or, avec un très beau potentiel de plus-value.
Autrement dit : l’argent peut offrir de très beaux rendements. « Et je pense que les prochaines années seront favorables à l’argent », poursuit Dirk. « Certes, l’argent est moins rare que l’or, mais il est bien plus utilisé dans l’industrie. Par exemple, dans les éoliennes et les batteries de voitures électriques, on trouve de l’argent. Presque tous les connecteurs de puces en contiennent, car c’est un excellent conducteur. L’or est également utilisé à cet effet, mais il coûte bien plus cher. Si les fabricants utilisaient uniquement de l’or, un iPhone coûterait trois fois plus cher qu’aujourd’hui ! (rires) »
La Chine
Et ce n’est pas tout : d’autres facteurs soutiennent la hausse de l’argent. « La Banque centrale chinoise a récemment acheté d’énormes quantités d’or pour réduire sa dépendance au dollar, ce qui a fait grimper les prix. Elle doit déclarer tout l’or acheté, mais pas l’argent. De nombreux spécialistes pensent donc que la Chine a également accumulé des tonnes d’argent, sans que cela ne soit officiellement connu. »
Mais l’argent ne séduit pas seulement les banques centrales : il constitue aussi un actif potentiellement très intéressant pour les petits investisseurs belges. Dirk : « Il est assez probable qu’une taxe sur les plus-values soit instaurée l’an prochain. Celle-ci s’appliquera à l’or, mais pas à l’argent.
De plus, bien que l’achat de nouvelles pièces ou barres d’argent soit soumis à 21 % de TVA, ce n’est pas le cas pour l’argent d’occasion. Cela vous fait donc déjà “gagner” 21 %, avant même d’avoir réalisé un euro de profit. L’argent est également bien plus liquide que l’or. En cas de crise mondiale et d’effondrement du système financier, une pièce d’or vous permettrait d’acheter du pain pour tout le quartier, alors qu’une pièce d’argent vous suffirait pour un seul pain. »
L’argent est le Bitcoin d’il y a quelques années : un outil d’investissement dans lequel je place beaucoup d’espoir.
Tout cela pousse Dirk à qualifier l’argent de « Bitcoin d’il y a quelques années » : un outil d’investissement dans lequel il place beaucoup d’espoir. « Les grandes fortunes préféreront toujours l’or, car il a davantage de prestige. Mais pour ceux qui ont un budget plus limité, l’argent est une alternative très valable. À ceux qui investissent dans l’or, je conseille d’allouer environ trente pour cent du montant à l’argent. Cela permet de diversifier et de répartir le risque. »
Prime
Pour conclure : selon Dirk, la meilleure manière d’investir aujourd’hui dans l’argent est de privilégier les pièces d’argent de seconde main. « Elles sont totalement exemptes de TVA et de taxe sur les plus-values, et sont très faciles à acheter et à revendre. Mais attention aux primes exigées par certains vendeurs : sur certains sites, je vois des marges qui me laissent perplexe. Il faut donc bien se renseigner et comparer. Nous lancerons d’ailleurs l’an prochain une initiative visant à vendre des métaux précieux presque sans prime, notamment des pièces endommagées. Celles-ci ne peuvent plus être vendues comme neuves, mais elles conservent leur valeur en argent. Vous n’achetez donc pas une pièce avec une prime, mais une pièce à la valeur de fusion. »