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Des solutions pour contrecarrer la pénurie de main-d’œuvre

Que mettre en place pour faire face aux pénuries de main-d’œuvre ? Selon Michael Dumbi, CEO et Fondateur d’EOX Construction, différentes solutions sont envisageables. Afin d’être pleinement efficaces, elles nécessitent néanmoins l’implication du monde politique.

Quelles pistes envisagez-vous ?

Michael Dumbi : « Il faut d’abord revaloriser les métiers du secteur, en payant mieux les travailleurs et en facilitant leur engagement. Je préconise entre autres une baisse des charges patronales et des chèques engagements pour étudiants. Tout cela nécessite bien sûr une volonté du monde politique. On pourrait aussi développer des mécanismes de mutualisation des compétences ; un travailleur aurait la possibilité de partager son temps entre plusieurs entreprises. »

Dans l’immédiat, que proposez-vous pour répondre aux besoins des entreprises?

M.  D.  : «  Depuis plus de  quatre ans, nous avons développé en interne une plateforme digitale qui fonctionne avec une intelligence artificielle. Elle regroupe plus de 12.800 profils et permet la comptabilité entre les candidats et les demandes des entreprises. La connexion entre eux se fait en moins de deux secondes. Après cela, nos équipes contactent le candidat afin de présenter l’opportunité. Le gain de temps est immense pour les départements RH, qui sont en pleine évolution. »

Cette plateforme offre-t-elle d’autres avantages ?

M.  D.  : «  Avec cette nouvelle technologie, nous disruptons le secteur du recrutement. Nous cassons en effet la chaine de valeur imposée par des sociétés au détriment des entreprises et candidats du secteur de la construction. L’intelligence artificielle permet de proposer une nouvelle méthodologie de fonctionnement au service des candidats et des entreprises, avec pour ces dernières une diminution de plus de 40 % du coût lié aux recrutements. »

En matière de recrutement, l’IA permet de proposer une nouvelle méthodologie de fonctionnement au service des candidats et des entreprises, tout en réduisant les coûts pour ces dernières.

Quelle solution préconisez-vous encore?

M. D. : « Une solution me tient particulièrement à cœur, à moi qui suis issu de la diaspora congolaise : créer un lien entre les forces vives congolaises et les entreprises belges. Pourquoi ne pas créer un ‘pont social’ entre ces pays ? Le Congo regorge de jeunes profils : 75  % de la population a moins de 25 ans. Nous pourrions permettre à ces jeunes de venir se former à nos techniques et métiers, pour ensuite proposer les meilleurs profils aux entreprises belges sur des cycles de six ans. Un avantage majeur est que ces jeunes parlent la même langue que nous et partagent notre ‘culture’. »

Comment voyez-vous l’avenir de votre secteur ?

M.  D.  : «  Plus globalement, je pense que l’avenir de divers secteurs professionnels en Europe, comme celui de la construction, passera immanquablement par la recherche de main-d’œuvre en Afrique. Je pense également que ceci peut être une bonne solution pour le financement de nos retraites. J’invite vraiment les politiques à réfléchir à cette possibilité de jeter des ponts. »


Talents dans la construction : le fossé se creuse !

Bon nombre de secteurs d’activité sont aujourd’hui confrontés à une pénurie de main-d’œuvre. Celui de la construction n’y échappe pas, et ce depuis belle lurette. La faute à un déficit d’image ? Sans doute. Pourtant, en raison notamment de digitalisation, ses métiers évoluent fortement et sont tout bonnement passionnants.

La construction manque de coffreurs-ferrailleurs, conducteurs de chantiers, etc. Michael Dumbi, CEO et Fondateur d’EOX Construction, tire la sonnette d’alarme : « Trop peu de personnes se dirigent vers le secteur et ses filières d’études. D’année en année, nous constatons un déficit plus important de personnel disponible.» La situation est d’autant plus tendue en raison d’une pyramide des âges défavorable. « La majorité des travailleurs sont des seniors. Beaucoup quitteront sous peu le monde de l’emploi. Outre la pénurie de maind’œuvre, cela entraînera une perte dramatique dans la transmission des connaissances.»

Des métiers gratifiants

Pour éviter pareil scénario, Michael Dumbi, préconise d’abord de s’attaquer aux clichés véhiculés par certains auprès des jeunes : « Il ne s’agit plus de métiers à forte pénibilité et ils sont devenus très gratifiants. Les techniques que nous utilisons sur les chantiers et le recours aux nouvelles technologies, comme la robotique, limitent fortement la pénibilité pour les ouvriers. » De plus, le secteur, qui est le troisième du pays en importance avec plus de 84 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, offre un avenir radieux.

En outre, les métiers du secteur sont en pleine évolution. « Les métiers d’exécution ont complètement changé. Les compétences requises pour un conducteur de chantier, par exemple, ne sont plus du tout les mêmes qu’il y a dix ans ; on lui demande beaucoup plus de tâches administratives.»  

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