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Chantiers de construction : la chasse aux plastiques est ouverte…

Dans le domaine de la construction, la collecte des déchets sur chantiers, dont les emballages en plastique, peut paraître compliquée. Elle nécessite notamment une bonne logistique. Valipac propose aux entrepreneurs un système facile à mettre en œuvre.

Toutes catégories (plastiques, bois, cartons, métaux…) et tous secteurs confondus (commerce et industrie), on a consommé quelque 782.000 tonnes d’emballages à usage unique sur le marché belge en 2021. Si le secteur de la construction n’est pas celui qui produit le plus de déchets plastiques dans le domaine industriel – la chimie et la logistique arrivent en tête -, les quantités ne sont pourtant pas négligeables : environ 6.000 tonnes par an. Il s’agit là essentiellement de films plastiques étirables et de housses rétractables ainsi que, dans une moindre mesure, de bidons et de pots de peinture en plastique. Question de valoriser ces déchets, Valipac, qui compte 7.000 entreprises membres, se présente comme le « catalyseur de l’économie circulaire des emballages industriels ». Elle a développé notamment le « Clean Site System », un mode opératoire qui s’appuie sur le réseau commercial des négociants en matériaux de construction.

Plastiques mais aussi aérosols et palettes

En pratique, lorsqu’un entrepreneur vient se fournir en matériaux chez un négociant, il peut se procurer des sacs en plastiques d’une contenance de  400  litres. Il peut ensuite y placer les déchets d’emballages plastiques dès qu’il déballe une palette de briques ou de tuiles, par exemple. Ce système permet de déplacer facilement les sacs et s’avère bien plus simple que le recours à des conteneurs, lourds, inamovibles et beaucoup plus chers. Au terme du chantier ou lors de son prochain passage chez son fournisseur, l’entrepreneur n’a plus qu’à ramener ces sacs chez celui-ci. Ce dernier dispose d’un conteneur dédié qui sera vidé par un collecteur de déchets affilié à Valipac.

Dans un autre domaine, Valipac vient de lancer un projet pilote de collecte des aérosols de polyuréthane. Ils sont de plus en plus utilisés à la place du ciment pour assembler les briques d’un immeuble. Un fois vides, ils restent particulièrement toxiques, d’où l’intérêt de les récupérer et de les recycler.

Valipac réfléchit également aux actions à mener à plus long terme pour encourager les entreprises de construction à adopter des palettes réutilisables. Ceci permettrait de limiter la consommation de bois, devenu par ailleurs très onéreux. 

… il reste cependant du chemin à faire en matière de circularité !

Une tonne d’emballages en plastique recyclée permet d’épargner des émissions de CO2 de l’ordre de trois tonnes. Le recours aux plastiques recyclés n’est cependant pas encore généralisé. Francis Huysman, CEO de Valipac, et Filip Vangeel, Manager Circular Economy, nous en expliquent les raisons.

Comment s’organisent la collecte et le recyclage des déchets plastiques en Belgique ?

Filip Vangeel : « Dès 2005, certaines entreprises ont commencé appliquer notre ‘Clean Site System’. Jusqu’en 2018, les plastiques étaient envoyés en Chine pour leur recyclage. Depuis lors, elle en interdit l’importation et nous avons dû trouver d’autres filières. Nous avons notamment mis sur pied des partenariats avec des producteurs de briques pour qu’ils incorporent des plastiques recyclés dans leurs emballages. Ceux-ci étant relativement épais, il est assez facile d’en incorporer jusqu’à 50 % pour obtenir un produit techniquement satisfaisant. »

Francis Huysman : « Ce type de démarche peut néanmoins impliquer des adaptations à la fois parmi les fabricants d’emballage et parmi leurs entreprises clientes. Le fabricant est parfois amené à modifier les machines d’emballage pour y insérer du plastique recyclé, tandis que l’entreprise, en raison du produit fi ni, peut voir son packaging modifié, ce qui peut avoir un impact sur le marketing. Généraliser ce processus prendra donc encore du temps. »

Y a-t-il d’autres freins ?

F. H. : « Tous les plastiques, ceux très colorés notamment, ne sont pas facilement recyclables, car on ne peut pas en éliminer les pigments. Nos équipes incitent dès lors les entreprises à n’utiliser que des emballages où moins de  10  % des surfaces sont colorées ou imprimées. Dans ces conditions, on peut recycler les plastiques plusieurs fois de manière circulaire. » F. V. : « Certains fabricants ont même cessé d’imprimer leurs plastiques. À la place, ils utilisent une petite banderole avec le logo de la marque, très facilement détachable et récupérable. »

Certains types d’entreprise ont-elles moins tendance à opter pour une telle démarche de recyclage ?

F. V. : « C’est difficile à dire. Nous commençons seulement à recevoir les déclarations des entreprises qui veulent bénéficier du bonus que nous octroyons pour l’utilisation de contenu recyclé. Dans quelques mois, nous pourrons avoir une vue sur les entreprises concernées en fonction de leur région, de leur secteur d’activité et de leur taille. Il est encore trop tôt pour savoir par exemple si les grandes entreprises sont plus réceptives que les PME. »

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