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Les enjeux environnementaux et sociétaux au cœur des projets résidentiels

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Les préoccupations environnementales et sociétales prennent une place croissante dans l’immobilier. Fervents défenseurs de la décarbonisation du secteur et l’accesibilité au logement, Thomas Delens, Co-Administrateur délégué, et Jesse Dobbelaere, Development Director de Fair Estate, nous font part de leur approche.

Thomas Delens
Co-Administrateur délégué de Fair Estate

Quelles sont les spécificités de votre société ?

Thomas Delens : « Issue d’une famille de constructeurs, notre entreprise de développement et d’investissement en immobilier est principalement active dans le résidentiel. L’équipe est composée de 11 personnes aux expertises variées, de sorte que nous pouvons tout prendre en charge de A à Z dans nos projets : achat des terrains, développement, suivi de la réalisation, ventes, locations, etc. Nous agissons comme un chef d’orchestre pendant ce processus, que ce soit pour les aspects conceptuels, juridiques ou techniques, tout en poussant le curseur environnemental le plus loin possible. »

Que mettez-vous en œuvre à cet égard?

Th. D. : « La décarbonisation de l’énergie est l’une de nos priorités. Nous déterminons les sources les moins onéreuses qui obtiennent le meilleur rendement, comme le soleil ou la terre, ce qui fait le lien entre l’aspect environnement et l’aspect social, qui est notre autre priorité. À titre d’exemple, sur notre site dans les Ardennes, nous recourrons à la géothermie par une système de forage centralisé. L’idée est de puiser l’énergie dans les nappes des environs du site afin d’alimenter un quartier de 160 logements par un réseau de chaleur. Les synergies réalisées par cette solution collective, qui peut s’étendre aux panneaux solaires et bornes de recharge, se traduisent par des économies pour les utilisateurs finaux. »

Sur notre site dans les Ardennes, nous recourrons à la géothermie : nous puisons l’énergie dans les nappes des environs du site afin d’alimenter un quartier de 160 logements par un réseau de chaleur.

Jesse Dobbelaere : « Dans ce projet, on pourrait par la suite même y raccorder des magasins ou des écoles du voisinage. Une nouvelle urbanisation peut donc avoir des effets bénéfiques pour ses alentours. En matière énergétique, les réponses varient bien sûr en fonction des projets et de leur localisation. Pour les projets intra-urbains avec des petits immeubles d’appartements, les réseaux de chaleur ne sont pas applicables. Nous les équipons alors par exemple de pompes à chaleur individuelles et d’un chauffage au sol. À long terme, celui-ci pourrait néanmoins se brancher aussi sur un réseau de chaleur, mis en place à l’initiative du secteur public. »

Comment conciliez-vous les aspects environnementaux et sociaux ?

Th. D. : « Plus on maîtrise la chaîne de valeur, plus on maîtrise les coûts et les prix du logement. Nous avons la volonté de rendre une partie de nos logements abordables au plus grand nombre de personnes, quelle que soit leur situation – couples, familles monoparentales, avec enfants, etc. »

De nos jours, les vrais besoins des ménages sont bien plus diversifiés qu’autrefois : c’est notre rôle d’estimer les attentes réelles des occupants.

Jesse Dobbelaere Development Director de Fair Estate

J. D. : « De nos jours, concilier les aspects sociétaux et environnementaux est devenu un véritable défi, car les choses se sont complexifiées. D’un côté, la partie sociétale englobe pas mal de paramètres comme la convivialité, la cohésion sociale, la mixité sociale ou l’accessibilité au logement. De l’autre, la partie environnementale exige d’être attentif à la décarbonisation, à la biodiversité, à la désimperméabilisation des sols, etc. Décarboner, mettre en place des réseaux de chaleur, aller sans cesse vers du plus durable et du plus efficace techniquement coûte très cher. Nous devons dès lors nous montrer créatifs pour continuer à offrir des logements accessibles. »

Comment faites-vous ?

J. D. : « Par exemple, on a traditionnellement tendance à vouloir placer d’office deux salles d’eau dans un appartement à deux chambres à Bruxelles. Or, de nos jours, les vrais besoins des ménages sont bien plus diversifiés qu’autrefois. On a des familles monoparentales, des personnes âgées qui vivent seules, etc., pour lesquelles une seule salle d’eau convient parfaitement. Si l’on veut créer des logements entrant dans le budget de ces personnes, il faut pouvoir se remettre en question et ne rien considérer comme acquis. Il nous incombe d’évaluer les besoins réels des résidents tout en garantissant que les logements offrent un niveau de confort suffisant, restent abordables financièrement, et répondent à des normes élevées en matière de qualité technique et énergétique. »

Th. D. : « On peut illustrer cela par le projet immobilier que nous développons à Bomalsur-Ourthe. Nous avons commencé à l’étudier en 2021, avec un permis d’urbanisme qui permettait la création de quelque 160 unités de logement sur un terrain de 7 hectares non bâti. Plutôt que le réaliser tout de suite, nous avons pris deux ans pour étudier tout le quartier, afin d’y intégrer ces critères environnementaux et sociaux et de tendre vers un écoquartier. »

J. D. : « Nous ne nous sommes pas contentés de construire un écoquartier. Les inondations dans la vallée de l’Ourthe nous ont poussés à nous pencher en profondeur sur les enjeux liés au climat, à la biodiversité et à la gestion de l’eau. Par ailleurs, nous avons voulu nous aligner sur un concept urbanistique très populaire au début du XXe  siècle, à savoir la cité jardin. Celle-ci met l’accent sur le charme et la convivialité d’un quartier, avec un style architectural harmonieux dans un domaine public verdoyant qui favorise les liens entre les logements. Bien souvent, les écoquartiers se focalisent sur les seuls critères énergétiques, laissant de côté les aspects urbanistiques liés à la convivialité ou encore à la verdurisation. Relevons aussi que nous avons revu un critère du permis d’urbanisation, à savoir l’imposition du taux de stationnement. Initialement, pour une maison familiale, il fallait prévoir deux emplacements devant la porte. Nous avons fait en sorte qu’il n’y en ait qu’un seul pour certains logements plus petits, comme les maisons destinées à des familles monoparentales. Revoir ce critère nous a permis d’offrir à la fois des logements à des prix plus abordables, de créer plus d’espaces de verdure entre les logements, des parkings de stationnement groupés à l’écart des logements avec bornes de recharge électrique, etc. Dans tous nos projets, nous ambitionnons de trouver une symbiose entre les différents défis auxquels nous sommes confrontés. » 

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