Appelé à fournir des solutions concrètes aux défis du changement climatique et aux enjeux sociétaux, l’immobilier connaît actuellement une mutation historique. Le nouvel Executive Master in Future-Proof Real Estate à la Solvay Lifelong Learning (ULB) est né de cette transformation. Rassemblant près d’une trentaine d’étudiants passionnés, il a une mission : façonner un avenir plus durable pour l’immobilier en Belgique.
Ce n’est plus un secret : le secteur de l’immobilier a un impact majeur sur notre environnement et notre société. À l’échelle de l’Union Européenne, les bâtiments représentent collectivement plus de 40 % de la consommation d’énergie, plus de 35 % des émissions de gaz à effet de serre et plus de 35 % des déchets générés. Une problématique se pose : oui, on a besoin de construire et de rénover, mais comment y parvenir tout en réduisant drastiquement l’impact écologique de ce secteur et atteindre la neutralité carbone ?
Face à ce défi colossal, certains se retroussent les manches. C’est le cas de Géraldine Lacasse, Bernard Mathieu, Vincent Gérin et Benoit Moritz, tous les quatre co-directeurs académiques du nouveau Master in Future-Proof Real Estate à la Solvay Lifelong Learning (ULB). Le but de ce master : « relever les défis auxquels le secteur de l’immobilier est confronté aujourd’hui, que ce soit en matière de climat, d’économie circulaire, d’enjeux sociaux, afin de répondre aux besoins évolutifs de la société », explique Bernard Mathieu, enseignant à la Solvay Business School et consultant spécialisé en décarbonation de matériaux de construction.
Un master inter-facultaire qui crée des ponts
« Nouveau depuis septembre, ce master a la particularité d’être inter-facultaire », poursuit Bernard Mathieu. « Il rassemble les compétences de trois facultés de l’ULB : les architectes-urbanistes, les ingénieurs civils et les ingénieurs de gestion-économistes. Il est destiné à des personnes déjà expérimentées dans le secteur de l’immobilier, issus de ces formations mais aussi d’autres horizons. »
Notre territoire d’étude est plutôt urbain, dans des quartiers où se jouent des enjeux architecturaux et environnementaux liés à la transition énergétique.
« Cette année, nous avons un groupe de 28 personnes aux backgrounds très divers », ajoute Vincent Gérin, professeur à l’Ecole Polytechnique de Bruxelles (ULB) et CEO de Anixton. « Ils ont entre cinq et dix ans d’expérience et sont architectes, urbanistes, ingénieurs, juristes, ou encore négociateurs de paix ou experts en coliving. Cette diversité est très intéressante. Le but du master est aussi de leur permettre de se rencontrer, de se créer un réseau, d’apprendre les uns des autres. »
Future-proof = réellement durable
Enseigner de manière durable dans un secteur aussi changeant, c’est le concept du ‘Future-Proof’ : penser l’immobilier comme un secteur innovant, résilient, aussi bien dans ses métiers que dans ses dimensions environnementales, économiques, sociétales. « Le but est d’outiller les étudiants pour qu’ils puissent utiliser ce bagage dans leur parcours par la suite », explique Géraldine Lacasse, architecte-urbaniste et assistante à la Faculté d’Architecture de l’ULB.
Pour ce faire, le master est constitué de trois blocs. Le premier, « fondamental », vise à mettre tout le monde au même niveau au sein du groupe. Le second, « advanced », leur permet d’avancer sur des projets complexes et stratégiques. Enfin, le troisième module, « new ways of doing », a pour but d’enseigner les dernières innovations de l’immobilier en matière de durabilité et d’enjeux sociétaux ou économiques, auxquels s’ajoute la dimension Future-Proof, transversale et omniprésente. En notant bien que « d’année en année, ces nouvelles pratiques seront mises à jour selon les toutes dernières évolutions », explique Bernard Mathieu.
Pour inspirer les étudiants, des visites de sites Future-Proof sont également organisées. « Nous sommes par exemple allés visiter le site de RotorDC, qui démonte et revend des matériaux de construction de réemploi, ou encore la tour Multi à Bruxelles, ainsi qu’un simulateur de réalité virtuelle en 3D », poursuit-il. « Nous sommes aussi allés à Paris, pour nous inspirer des projets en cours là-bas.
L’idée est de montrer aux étudiants la réalité concrète de la transformation du secteur. Leur prouver que ce n’est pas que de la théorie et qu’en pratique aussi, les choses bougent. »
Un travail de terrain
Autre spécificité de cet Executive Master : il est ancré dans le présent et s’articule sur le terrain. « Il existe très peu de formations en immobilier qui s’adressent aux enjeux climatiques et sociétaux et qui enseignent les innovations à ce sujet », affirme Géraldine Lacasse. « Nous adressons toute une série de défis, comme l’importance de créer des logements abordables, de rénover énergétiquement et d’adapter plutôt que de démolir et reconstruire, de continuer à construire tout en limitant l’artificialisation des sols, etc. »
« Cette année, nos étudiants travaillent sur un site qui se trouve à Cureghem, en bordure du centre-ville de Bruxelles », explique Benoit Moritz, architecte et urbaniste et professeur à la Faculté d’Architecture de l’ULB. « Notre territoire d’étude est plutôt urbain, dans des quartiers où se jouent des enjeux architecturaux et environnementaux liés à la transition énergétique. Pour les étudiants, c’est un exercice de développement immobilier qui leur permet d’aborder des défis tels que le recyclage urbain, la préservation d’espaces verts, etc. Nous mettons également l’accent sur les formats de partenariats public-privé. Parce que notre but est de travailler sur des projets avec un rôle sociétal, au-delà de l’aspect immobilier. »
En résumé
Le master est constitué de trois blocs :
■ Le module « fondamental » vise à mettre tout le monde au même niveau au sein du groupe.
■ Le module « advanced » leur permet d’avancer sur des projets complexes et stratégiques.
■ Le module « new ways of doing » a pour but d’enseigner les dernières innovations de l’immobilier en matière de durabilité et d’enjeux sociétaux ou économiques auxquels s’ajoute la dimension future-proof, transversale et omniprésente.