La Régie des Bâtiments, le gestionnaire immobilier des biens de l’État fédéral tient pleinement compte des critères de durabilité dans sa mission.
Laurent Vrijdaghs
Administrateur Général
la Régie des Bâtiments
Texte : Olivier Clinckart
Cet organisme d’intérêt public fondé en 1971 gère un patrimoine architectural et historique comprenant environ 900 bâtiments pour une superficie totale de 6,7 millions de m². Deux chiffres considérables qui justifient d’autant plus que la Régie des Bâtiments se doive d’être leader en matière d’efficacité énergétique et de développement durable. Elle est d’ailleurs directement concernée par le Plan National Énergie-Climat belge (PNEC) qui définit les grandes lignes d’une transition vers un système énergétique durable et fiable.
Plusieurs démarches en ce sens sont mises en œuvre, comme l’explique son Administrateur Général, Laurent Vrijdaghs, « Une de nos actions concrètes consiste à optimiser notre portefeuille immobilier, avec un impact important sur les émissions de CO2 et tous les coûts qui y sont liés.
Des raisons écologiques et budgétaires avaient déjà débouché sur des normes d’occupation des bâtiments depuis 2012. La crise sanitaire a démontré la pertinence de ces mesures anticipatives. Ainsi, nous estimons que, dans les 10 prochaines années, l’effet des mesures prises à partir de 2012 mèneront à une diminution de 100.000 tonnes d’émissions de CO2, l’équivalent de 400 millions de kilowatts/heure. »
Un secteur plus vert
« Depuis le 1er janvier 2017, les bâtiments gérés par la Régie des Bâtiments sont fournis en gaz et en électricité 100 % verte », précise L. Vrijdaghs. Par ailleurs, de nombreux contrats de location à long terme de la Régie des Bâtiments arriveront à échéance à l’horizon 2025-2035 : « Cet aspect va nous permettre de réorienter notre stratégie et de nous diriger vers des biens beaucoup plus verts et nettement plus adaptés aux nouvelles réalités du travail et du télétravail ».
« Ainsi, l’objectif est de relocaliser notre portefeuille autour des grands noyaux bruxellois de communication que sont les gares Centrale, du Midi et du Nord, avec des bâtiments moins grands qui correspondent aux nouvelles normes. Parallèlement, l’objectif est aussi de pouvoir offrir des alternatives de co-working autres que le lieu de travail principal ou le domicile, afin de délocaliser l’activité et ne plus perdre un temps considérable dans les embouteillages quotidiens. Avec un impact positif sur l’environnement. »
Construire et rénover durable
La Régie vient de lancer un marché public afin de désigner des auditeurs qui seront chargés de réaliser des audits énergétiques des bâtiments fédéraux dont elle a la gestion. « Parallèlement, en collaboration avec la Commission des Monuments et Sites, nous œuvrons à mieux isoler les bâtiments classés », commente Laurent Vrijdaghs.
« De nombreuses belles pièces patrimoniales – le Palais de Justice, le Palais Royal, la Cour des Comptes, le Cinquantenaire… – vont faire l’objet d’une isolation double ou triple vitrage. Par exemple, nous avons déjà isolé quasiment toute la surface des toitures du Cinquantenaire. »
L’objectif est donc de rendre au maximum les bâtiments passifs, en ayant recours à tous les moyens existants en la matière : panneaux solaires et photovoltaïques, isolation des bâtiments, géothermie, végétalisation, récupération des eaux de pluie, pompes à chaleur etc. Avec toutefois un défi de taille : « La demande en bâtiments passifs est très forte, mais l’offre actuelle est trop faible. D’où la nécessité d’avoir suffisamment d’entreprises aptes à construire ces bâtiments, or ces entreprises sont actuellement en pénurie de personnel, d’où le grand défi pour atteindre les objectifs souhaités à l’horizon 2030-2040. »
Le Village pénitentiaire de Haren
Parmi ces projets ambitieux, celui de la nouvelle prison de Haren n’est pas le moindre : « L’originalité du concept trouve son origine dans une double volonté du gouvernement d’humaniser les conditions de détention et d’améliorer les conditions de travail du personnel pénitentiaire. Certaines de nos prisons datent du 19e siècle, il était donc plus qu’urgent de réfléchir sérieusement à ces aspects. »
La notion de « Prison-Village » réside dans le fait que, contrairement aux anciennes prisons construites en étoile, Haren développe une conception pavillonnaire : « Ceci permettra de mieux identifier les pavillons en fonction des cas des détenus, d’avoir des zones de circulation des détenus mieux aérées et sécurisées, loin des vieilles cours de prison, tout en incluant évidemment des critères de durabilité : récupération des eaux, toitures vertes, etc. »
Cet établissement d’une capacité de 1190 places accueillera les détenus des trois anciennes prisons bruxelloises (Saint-Gilles, Forest et Berkendael). Pour la réalisation des nouvelles prisons, tant en Flandre qu’en Wallonie, l’Administration fédérale a opté pour un partenariat public-privé au moyen d’un contrat DBFM. « Autant d’initiatives qui démontrent la volonté de la Régie des Bâtiments d’être plus polyvalente, pluridisciplinaire et diversifiée dans ses actions pour une approche optimale en matière de développement durable », conclut L. Vrijdaghs.
En chiffres
Cet organisme d’intérêt public fondé en 1971 gère un patrimoine architectural et historique comprenant:
– environ 900 bâtiments
– pour une superficie totale de 6,7 millions de m²