© PHOTO : SIMLABS
Inauguré en 2015 sur le campus Erasme de l’Université libre de Bruxelles, le SimLabS de l’ULB-HELB-HUB a dix ans. Comme l’explique sa directrice, Marie Jacquet, ce laboratoire d’apprentissage des métiers de la santé par la simulation est destiné tant aux étudiants qu’aux professionnels.

Marie Jacquet
Directrice du SimLabS de l’Université Libre de Bruxelles
Quelle est la mission de votre laboratoire ?
Marie Jacquet : « Nous intégrons la pédagogie par simulation dans les formations du domaine de la santé en vue d’améliorer l’apprentissage. Notre centre offre un espace de travail sécurisé où étudiants et professionnels peuvent développer leurs compétences avant d’intervenir sur des patients. Nous misons sur la simulation à grande échelle, soit au plus proche de la réalité. Nous formons les enseignants à travers des formations de base et un certificat universitaire. L’approche combine la théorie, la simulation procédurale c’est-à-dire l’entraînement aux gestes, les stages et la simulation à pleine échelle. Cette dernière se fait en quatre étapes – prébriefing, briefing, scénario, débriefing -, l’idée étant de développer l’intelligence collective et la sécurité des soins. Cette pédagogie aide à identifier ce qui fonctionne ou non, tout en acceptant que personne n’est infaillible. Elle déconstruit l’idée que les soignants sont censés tout savoir et elle favorise le transfert des apprentissages sur le terrain. Qui plus est, le débriefing s’avère une solution efficace pour apprendre à mieux gérer les situations complexes. »
Apprendre ensemble, dans un cadre sécurisé, pour mieux soigner demain.
Quels types de technologies utilisez-vous ?
M. J. : « Tout dépend de l’objectif d’apprentissage. De haute technicité, nos mannequins permettent de simuler diverses situations médicales : un prématuré, une femme qui accouche, un enfant, etc. Ils parlent, pleurent, respirent, affichent des paramètres vitaux en temps réel et permettent la prise en charge de situations cliniques telles que l’arrêt cardiorespiratoire, l’accouchement inopiné ou l’erreur médicamenteuse. Cela permet de réaliser des actes qui nécessitent un travail d’équipe et qui ne pourraient pas être effectuées sur des êtres humains. Pour vous donner un exemple, lors de la simulation procédurale, les apprenants s’imprègnent de gestes techniques comme l’intubation. En simulation à pleine échelle, l’intubation en urgence va au-delà du geste : elle exige une coordination d’équipe pour gérer accès veineux, médicaments et réanimation ; elle inclut l’approche globale, la technicité et toutes les procédures autour. Nos apprenants maîtrisent d’abord chaque compétence isolément avant de les intégrer dans un contexte réaliste. »


On entend que l’aspect humain a toute son importance dans la formation…
M. J. : « En effet, 80 % des erreurs médicales sont dues à des facteurs humains. Nous utilisons des outils reconnus pour améliorer la sécurité des patients, réduire la mortalité et la morbidité. Nous formons aussi bien les professionnels aguerris que les apprentis, car la performance seule ne suffit pas. Le travail d’équipe leur permet d’apprendre de leurs erreurs. Nos simulations en pleine échelle sont menées dans des conditions au plus proche du réel dans des environnements telles qu’une chambre d’hospitalisation, de soins intensifs ou une salle de consultation. Tout est enregistré et analysé collectivement pour améliorer les pratiques. Cette approche est un véritable levier de la santé publique, car elle motive les jeunes soignants et aide les hôpitaux à fidéliser leur personnel en misant sur l’intelligence collective. »
Former, expérimenter, et progresser ensemble pour garantir des soins plus sûrs.
Comment le SimLabS a-t-il évolué en dix ans ?
M. J. : « En termes d’évolution, nous ne sommes pas en faveur d’une course à ‘l’armement technologique à tout prix’. Bien qu’il existe des technologies très attrayantes et intéressantes, leur impact sur le transfert de compétences est souvent limité. Notre ADN est centré sur l’humain, la pédagogie et l’apprentissage pour améliorer la qualité et la sécurité des soins sur le terrain. En dix ans, nous avons professionnalisé la formation des enseignants en simulation et privilégié les méthodes pédagogiques efficaces. Nous adoptons aujourd’hui une pédagogie active correspondant aux normes internationales. La professionnalisation de nos formateurs est une plus-value. Nous avons également procédé à un décloisonnement de la formation initiale et de la formation continue. Notre centre s’étend sur 400 m² et accueille plus de 2.000 apprenants par an. Nous comptons 85 formateurs spécialisés couvrant 13 disciplines et nous menons quatre projets internationaux. Récemment, nous avons obtenu la certification SoFraSimS de la Société francophone de la simulation et nous avons le plaisir d’accueillir un nouveau partenaire : l’Hôpital universitaire de Bruxelles, qui comprend l’Hôpital Erasme, l’Institut Bordet et l’Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola. »

