Avec plus de 3,5 % de son PIB dédié à la R&D, la Wallonie se positionne parmi les régions européennes les plus dynamiques en matière d’innovation. Pascale Delcomminette, CEO de l’AWEX et WBI, et Lionel Bonjean, Directeur Général du SPW Économie Emploi Recherche, mettent en lumière les atouts qui propulsent la Wallonie au rang de leader européen en innovation, ainsi que les stratégies mises en place pour renforcer cette excellence.
Lionel Bonjean : En effet, la Wallonie affiche des investissements en R&D bien au-dessus de la moyenne européenne. Cet engagement fait de l’innovation un levier clé de compétitivité régionale. C’est la stratégie de spécialisation intelligente, appelée S3 wallonne, qui joue un rôle fédérateur en rassemblant les principaux acteurs de l’innovation — entreprises, centres de recherche, universités et pôles de compétitivité — autour d’orientations communes. Cette démarche S3 (Smart Specialisation Strategy), impulsée par l’Union européenne, identifie des domaines et des initiatives d’innovation stratégiques, orientant plus les investissements vers les secteurs clés pour l’avenir de la Wallonie. Elle favorise également une participation accrue des acteurs dans les réseaux et projets européens.
Justement, la Wallonie renforce son ancrage européen et international. Quelles initiatives sont mises en place pour soutenir cette ouverture ?
Pascale Delcomminette : Les connexions internationales sont une priorité, voire une nécessité en matière de recherche et d’innovation. Nous travaillons en synergie avec le SPW Économie Emploi Recherche (SPW EER) et le NCP Wallonie pour renforcer l’accès aux financements européens, notamment via Horizon Europe. Depuis 2021, les acteurs wallons ont mobilisé 218,3 millions d’euros de fonds européens, et ce chiffre continue de croître.
Ce n’est pas encore suffisant et c’est pour cela que le service Recherche et Innovation de WBI joue un rôle essentiel en facilitant les collaborations internationales grâce à un réseau de dix Conseillères et Conseillers scientifiques et académiques (CSA) répartis à travers le monde.
La Wallonie affiche des investissements en R&D bien au-dessus de la moyenne européenne. Cet engagement fait de l’innovation un levier clé de compétitivité régionale.
En matière de financement, comment le SPW EER soutient-il la recherche appliquée en Wallonie ?
L. B. : Nous jouons un rôle clé dans le financement de la recherche appliquée, tant au niveau régional qu’international avec un total de 354 millions d’euros engagés en 2024. Nous aidons les chercheurs et les entreprises à concrétiser leurs projets ambitieux, à explorer de nouvelles technologies et à développer des solutions innovantes. Le NCP Wallonie, quant à lui, identifie les appels à projets européens les plus pertinents et accompagne les porteurs de projets dans leurs démarches.

WBI organise également des événements à l’étranger pour renforcer les collaborations. Comment ces actions s’intègrent-elles dans la stratégie globale ?
Pa. D. : Chaque année, WBI organise plus d’une centaine d’événements académiques et technologiques à l’étranger et en Wallonie. Ces rencontres sont essentielles notamment pour intégrer nos chercheurs dans des consortiums internationaux, qui leur donnent accès à des technologies complémentaires, des marchés potentiels et des financements additionnels. Pour préparer ces actions, nous effectuons un travail de veille basé une cartographie des appels à projets dans le but d’aider au mieux nos partenaires wallons à participer aux initiatives européennes et internationales.
Comment assurez-vous la transmission des savoirs et le renouvellement des compétences scientifiques ?
L. B. : La transmission des savoirs est un enjeu majeur. Nous accordons une attention particulière à l’accompagnement des jeunes chercheurs par des experts plus expérimentés. Cet encadrement permet non seulement de garantir un renouvellement des talents, mais aussi d’assurer une continuité dans l’excellence scientifique et technologique de la Wallonie. Parallèlement, nous renforçons l’attractivité des métiers et formations STEAM, du numérique et du secteur de la santé. Nous soutenons des initiatives afin de sensibiliser les jeunes et adultes à ces filières porteuses d’emploi. L’objectif est de fédérer ces actions, d’en accroître la visibilité et de contribuer à réduire les pénuries de main-d’œuvre.
Les connexions internationales sont une priorité, voire une nécessité en matière de recherche et d’innovation.
À long terme, comment envisagez-vous l’évolution de cette synergie entre recherche, innovation et développement économique ?
Pa. D. : Le Gouvernement nous demande plus d’efficience. Nous voulons renforcer une approche plus intégrée entre WBI et l’AWEX, qui couvre toute la chaîne de l’innovation, depuis la recherche fondamentale jusqu’à la commercialisation de produits à forte valeur ajoutée. En facilitant l’accès aux financements, en encourageant les partenariats technologiques et en attirant des investissements stratégiques, nous garantissons une croissance durable et consolidons la position de la Wallonie comme un acteur incontournable de l’innovation en Europe.
En conclusion, quels sont les défis majeurs à relever pour assurer cette dynamique d’innovation ?
L. B. : Il est essentiel d’assurer que cette innovation se transforme en retombées économiques concrètes pour la Wallonie.
Pa. D. : Le défi majeur est de maintenir et d’accélérer notre capacité d’innovation en intégrant toujours plus les réseaux européens et internationaux. Il est essentiel de continuer à renforcer nos collaborations et d’optimiser notre accès aux financements.