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Relever le défi lié à l’interdiction future des PFAS : une société wallonne travaille depuis plusieurs années sur des solutions efficaces.

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Basée dans le Hainaut, Lithcote Europe est spécialisée dans l’application de revêtements anti-corrosion, anti-adhésion et anti-usure à base de polymères spéciaux sur tout type de supports. Elle a créé en 2022 une spin-out, Sichem, dont l’objectif est de développer de nouvelles substances destinées à prendre le relais des PFAS. Rencontre avec son CEO. 

Christophe Leclercq

CEO de Lithcote et de Sichem

Pouvez-vous rappeler ce que sont les PFAS et la problématique qui y est liée ? 

Christophe Leclercq, CEO de Lithcote et de Sichem : « C’est une molécule qui a été découverte un peu par hasard dans un laboratoire en 1938, et dont on s’est rendu compte qu’elle possédait des propriétés anti-adhérentes. Ainsi, elle a été largement utilisée dans le domaine alimentaire (les poêles en Teflon), avant de s’étendre dans d’autres champs de l’industrie. Le désavantage de cette matière est que, une fois rejetée dans la nature, elle ne se décompose pas. Or, aujourd’hui, les PFAS englobent des milliers de matières qu’on retrouve dans de nombreux secteurs de l’industrie. La pollution qu’elles vont générer est donc hautement problématique, car ce sont des petites molécules pouvant être absorbées par l’organisme, et cette accumulation peut potentiellement générer à terme des problèmes de santé. » 

C’est suite au scandale des PFAS à l’usine 3M de Zwijndrecht que cette problématique a été exposée au grand public. Or, Lithcote travaillait déjà sur des alternatives éco-responsables ? 

C. L. : « Dès 2016, nous avons commencé à chercher des alternatives, avec pour but de respecter au maximum l’environnement et de faire ce que nous définissons comme étant de la chimie douce. Ainsi, au lieu d’utiliser de la chimie organique dérivée du pétrole, nous utilisons de la chimie inorganique. Par exemple, du sable qui va être reformulé pour créer des polymères et parvenir à une solution beaucoup plus respectueuse de l’environnement et sans solvant. Pour ce faire, nous utilisons de l’eau, tout est fait en phase aqueuse. L’objectif était donc de générer cette anti-adhérence, comme une sorte de nouveau Teflon, mais sans dérivé du pétrole. Nous avons donc eu recours à des argiles qui nous ont permis de générer cet effet-là et nous avons lié ces argiles aux polymères à base de sable. Il en résulte un complexe composé de sable et d’argile qui va présenter des qualités assez impressionnantes, avec des taux de glissement semblables à ceux du Teflon, mais avec une durabilité nettement supérieure et qui génère donc moins de déchets. Les tests effectués par des abrasimètres, utilisés pour évaluer la résistance à l’usure d’un matériau, en ont démontré l’efficacité. »

Dès 2016, nous avons commencé à chercher des alternatives, avec pour but de respecter au maximum l’environnement et de faire ce que nous définissons comme étant de la chimie douce.

Comment peut-on estimer l’évolution de cette innovation ? 

C. L. : « La grille de cotation TRL (Technology Readiness Level) qui va de 0 à 9 est un système de mesure utilisé pour quantifier l’innovation. Un projet d’innovation commence à zéro et passe au fur et à mesure d’un TRL à l’autre pour arriver à 9, ce qui correspond à un produit commercialisé depuis plusieurs années et ayant démontré sa stabilité. Aujourd’hui, dans le développement du produit que nous appelons le SilkCoat (ce revêtement polyvalent avec des applications étendues dans différents secteurs industriels), nous sommes en train de passer du TRL 7 au TRL 8. La différence entre ces deux étapes, c’est le fait d’avoir obtenu des agréments de commerce, en l’occurrence ici un agrément alimentaire. » 

Le respect de ces normes ouvre-t-il de plus larges perspectives ?

C. L. : « En Europe, il y a lieu de respecter des normes particulières et différentes des États-Unis. Les États-Unis dressent une liste de produits interdits qui ne peuvent donc pas être utilisés dans une formulation à destination alimentaire. En Europe, c’est l’inverse : une liste de produits autorisés est établie, en dehors de laquelle rien d’autre ne peut être utilisé. La norme européenne est donc la plus restrictive, mais avec l’avantage que si une innovation est en conformité avec cette norme très stricte, elle l’est potentiellement aussi au niveau américain et même mondial. Actuellement, nous travaillons sur l’agrément alimentaire de cette solution, avec le but de l’obtenir dans le deuxième semestre de cette année et ainsi lancer directement la commercialisation. » 

Cette nouvelle formule est donc très intéressante par les différentes applications que vous pouvez en faire ? 

C. L. : « En effet, elle n’est pas limitée au secteur alimentaire : nous l’appliquons dans d’autres secteurs de l’industrie non alimentaire, par exemple dans du démoulage plastique chez certains de nos clients. Cette innovation constitue une vraie alternative aux produits contenant des PFAS. »

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