Pour Luc Parmentier, Directeur régional Bruxelles, Wallonie et Grand-duché du Luxembourg du développeur de quartier Matexi, construire le vide est aussi important que bâtir les pleins. Ce vide entre les bâtiments est au moins aussi important que les bâtiments eux-mêmes.
Texte : Philippe Van Lil
Luc Parmentier
Directeur régional Wallonie-Bruxelles
Matexi
Qu’est-ce que le concept de développement de quartier ?
Luc Parmentier : « Depuis une vingtaine d’années, nous nous positionnons comme développeur de quartier. La plupart des développeurs ne font que poser des briques. À côté du bâti, de la définition du bon produit, nous insistons également sur… la construction du vide ! Que cet espace soit privé ou public, il doit être de qualité. C’est le lieu de rencontre entre habitants, le cœur d’un quartier. Pour nous, c’est entre autres le vide qui crée la vie. »
Comment cela se concrétise-t-il ?
L. P. : « La nature de ces espaces de rencontre peut varier : un parc, un espace vert, un espace de jeux pour les enfants… Dans les circonstances actuelles, les gens doivent travailler à partir de chez eux, mais les logements ne sont généralement pas adaptés. Nous créons déjà, dans des projets plus larges, des espaces de coworking ou de partage mis à disposition des gens du quartier pour améliorer leur qualité de vie. Nous sommes aussi à l’initiative de l’application d’Holpr qui connecte entre eux les gens d’un même quartier. »
Quelle importance accordez-vous à la mixité dans vos projets ?
L. P. : « C’est crucial ! Avec l’aide d’un statisticien, nous avons créé un baromètre des quartiers. Il nous permet d’analyser un projet du point de vue des services, de la typologie des logements, de l’accessibilité, etc. Cet outil nous aide à confirmer ou non l’intérêt du site étudié mais aussi à mettre en évidence des manquements et de voir, en tant que développeur de quartier, quelles réponses nous pouvons y apporter. Cela peut aller de l’implantation de commerces de proximité à la négociation d’une création de ligne de transport en commun ou d’un arrêt complémentaire afin d’améliorer l’accessibilité. »
Votre concept est-il implémentable dans des zones denses ?
L. P. : « Nous nous lançons généralement dans des projets d’une certaine envergure, où nous pouvons mettre tous ces concepts en place. Si nous nous positionnons peu sur le remplissage d’une dent creuse, cela fait plus de 10 ans que nos développements se focalisent vers les centres-villes. Il n’est plus question de continuer à développer des logements dans les campagnes, le long des routes, etc. Nous cherchons à participer à la redensification des villes. »