L’entrepreneuriat wallon bénéficie de nombreux atouts : aides à la création, organismes de formation de qualité, exportations en croissance… Mais il est également confronté à des défis de taille. Fin novembre, Mediaplanet a réuni 7 experts issus du monde de la formation, de l’entreprise et de l’accompagnement pour évoquer ces questions.
Texte : Philippe Van Lil
Quel regard portez-vous sur l’entrepreneuriat en Wallonie ?
Olivier de Wasseige : « L’un de nos atouts est notre écosystème, très bien construit en termes d’aides et de financement. L’un des défis est en revanche notre faible taux d’entreprises : 79.000. Elles sont en outre de trop petite taille : 83 % comptent moins de 10 personnes ; seules 343 en ont plus de 200. En moyenne, ça donne 9,2 travailleurs, contre 11,5 en Flandre. Si on atteignait ces 30 % en plus, il n’y aurait plus de chômage en Wallonie ! Chez nous, on ne crée pas moins d’entreprises qu’ailleurs mais leur taux de disparition est plus important. Le manque de culture entrepreneuriale, les lourdeurs administratives et le morcellement du paysage de l’accompagnement en sont quelques-unes des causes principales. »
Annick Castiaux : « Toutefois, parmi les jeunes, on constate une réelle une dynamique, notamment avec le lancement d’incubateurs étudiants. Malheureusement, lorsqu’ils s’engagent par la suite dans la vie professionnelle, l’entrepreneuriat n’est que rarement la première voie envisagée. En outre, les initiatives lancées, souvent très ‘micro’, n’abordent pas suffisamment de problématiques sociétales à fort impact. Les étudiants devraient avoir plus de possibilités de se confronter à des réseaux afin d’envisager celles-ci. »
Benoît Autem : « Les aides d’organismes comme les Invest ou l’AWEX permettent de maintenir la pérennité de nombre d’entreprises. Mais, dans le même temps, je confirme que l’entrepreneuriat n’est pas une voie envisagée facilement. À cela, se greffe une autre problématique : la transmission des entreprises. Nombre des PME wallonnes ont été créées dans les années 90 et leurs dirigeants partent progressivement à la retraite sans trouver de repreneurs. Personnellement, j’ai racheté sa société à mon ancien patron il y a trois ans mais je ne connais malheureusement que peu d’exemples identiques au mien. »
Olivier de Wasseige : « Beaucoup de ces entreprises sans repreneur finissent par disparaître, alors qu’elles sont en bonne santé financière et qu’elles ont de bons produits ou services. »
En Wallonie, on ne crée pas moins d’entreprises qu’ailleurs mais leur taux de disparition est plus important.
Olivier de Wasseige Administrateur délégué & Directeur général de l’UWE
Nathalie Burteau : « J’abonde dans le sens de ce qui a été dit : notre environnement est positif. Un chercheur désireux de devenir entrepreneur peut bénéficier de beaucoup d’aides de la Région wallonne – First Spin-off, enveloppes financières Proof of concept, Fonds Frais de brevet, etc. -, du Fonds européen de développement régional – le FEDER – ou encore des institutions elles-mêmes, en ce compris les universités. Là où le bât blesse, c’est sans doute au niveau du manque d’esprit entrepreneurial mais aussi au niveau du financement de la recherche notamment fondamentale qui amorce la pompe de l’innovation. »
Etienne Goffin : « Il y a effectivement un écosystème très dynamique, où nombre d’acteurs accompagnent l’entrepreneuriat. Il nous faut cependant améliorer certains éléments : casser les silos et créer des ponts entre les institutions publiques et privées, qu’elles soient académiques, entrepreneuriales ou autres ; encourager l’entrepreneuriat et même l’intrapreneuriat au sein des entreprises, et ce à tout âge ; mieux exploiter notre potentiel multilingue pour conquérir les grands marchés qui entourent la Wallonie. »
Hortense Lamy : « Si en en termes de financement ou d’aides, entre autres via les incubateurs, l’accès à l’entrepreneuriat est relativement simple, il est cependant plus compliqué de grandir pour une entreprise, en particulier lorsqu’elle doit commencer à engager du personnel. Que ce soit pour le développement d’une entreprise ou son recrutement, il faudrait plus insister sur la force du réseau. Celui-ci doit commencer lorsqu’on est encore aux études pour se poursuivre une fois le business lancé. Ce réseau doit se tisser à de multiples niveaux – académique, entrepreneurial, etc. – en jetant des ponts entre eux et sans qu’il y ait de sentiment de concurrence entre le public et le privé pour la réalisation de certaines missions. La force d’un réseau est aussi de pouvoir engager des profils très divers, complémentaires à celui du manager qui engage. »
Il faut sensibiliser les entreprises à recruter des personnes à potentiel qui pourront acquérir les compétences nécessaires directement au sein de l’entreprise.
Hortense Lamy HR Business Partner chez Accent
Pascale Delcomminette : « Notre écosystème entrepreneurial et d’innovation est en effet très riche. Nous disposons de secteurs de niche hyperspécialisés, stratégiques et technologiques, de pôles de compétitivité, de multiples dispositifs de soutien, etc. Tout cela renforce à la fois notre attractivité pour des investisseurs étrangers et l’internationalisation de nos entreprises. Cela se traduit dans les statistiques : le chiffre d’affaires des entreprises wallonnes à l’exportation a crû de 9,4 % de 2017 à 2019 ; elles exportent aussi plus loin, avec une progression de 20 à 28 % hors Union européenne de 2010 à 2019 ; plus de 50 % de nos exportations sont des produits à haute valeur technologique. Même si nos entreprises prennent de plus en plus de risques qui se transforment en succès, on constate encore certaines faiblesses comme la peur de l’échec, le manque de capital privé, la trop petite taille de nos entreprises, la pénurie de talents ou encore trop de silos entre secteurs privé et public et entre académiques et industriels. »
Nathalie Burteau : « Notons qu’il y a tout de même de plus en plus d’initiatives en termes de décloisonnement entre les mondes académique et entrepreneurial. Les pôles de compétitivité remplissent bien leur rôle, de même que les services de transfert technologique – les TTO -, qui ont pour vocation d’aider les chercheurs à sortir de leur labo et à valoriser leurs recherches au bénéfice du monde socio-économique. »
Annick Castiaux : « Définir très rapidement sa stratégie de croissance, via l’internationalisation et l’innovation, est extrêmement important, entre autres pour les projets des spin-off, généralement situés dans des niches technologiques dont le marché n’est pas énorme. »
Quelles solutions préconisez-vous face à la pénurie de talents ?
Pascale Delcomminette : « La Wallonie dispose de talents de qualité mais pas en nombre suffisant dans les filières techniques. Le secteur biotech par exemple, qui représente plus de 40 % de nos exportations, regroupe 185 sociétés qui emploient quelque 16.000 collaborateurs ; pour les trois prochaines années, les besoins en personnel sont équivalents à 2.400 personnes. Des solutions existent : la coopération renforcée entre les entreprises, universités et hautes écoles ; la formation en alternance ; le Plan de relance wallon qui crée la Biotech School à Gosselies ; le programme Explort que nous développons depuis 15 ans pour des stages d’étudiants et de demandeurs d’emploi à l’étranger et qui va évoluer vers un stage de plus longue durée. »
Notre écosystème entrepreneurial et d’innovation est très riche et renforce à la fois notre attractivité pour des investisseurs étrangers et l’internationalisation de nos entreprises.
Pascale Delcomminette Administratrice générale de l’AWEX
Hortense Lamy : « Une autre piste est la mise à jour constante des compétences des collaborateurs, voire leur reconversion professionnelle. Il faut aussi sensibiliser les entreprises à recruter des personnes à potentiel qui n’ont pas forcément toutes les compétences requises pour un poste mais qui pourront les acquérir au sein de l’entreprise. D’autres pistes doivent également être mieux exploitées : engager des candidats issus de la multiculturalité, en apprenant aux managers à mieux gérer la diversité dans leurs équipes ; renforcer la collaboration entre le monde de l’entreprise, le monde académique et tous les acteurs du marché de l’emploi ; lever les barrières empêchant la création d’écoles de formation au sein des entreprises ; inciter les jeunes à se diriger vers des filières en pénurie de main-d’œuvre. Depuis une quinzaine d’années, la liste des métiers en pénurie ne cesse de gonfler… et les métiers d’il y a 15 ans y figurent toujours ! »
Olivier de Wasseige : « La Wallonie compte en effet aujourd’hui 126 fonctions critiques et métiers en pénurie, plus de 37.000 emplois vacants… et, dans le même temps, plus de 200.000 chômeurs ! La pénurie touche tous les secteurs : les biotech, l’IT… mais aussi la construction, le transport, les infirmiers, les médecins généralistes, etc. »
Etienne Goffin : « Il existe beaucoup de gens dont le talent n’est malheureusement pas suffisamment exploité. Il convient de bien plus valoriser les profils atypiques dès le plus jeune âge. Les parents d’enfants à potentiel, notamment, ne doivent pas forcément leur faire suivre un parcours classique. Un enfant ou un adulte ayant un parcours atypique pourra créer des choses uniques et innovantes. En tant que recruteur ou patron d’entreprise, il faut pouvoir en être conscient. »
Annick Castiaux : « Dans le même ordre d’idées, beaucoup de jeunes, notamment les filles, s’autocensurent dans le choix de certaines filières comme les STEM et le numérique ; ils pensent qu’elles ne sont pas faites pour eux. Pour faire face aux métiers en pénurie, il faut dès lors agir sur les mentalités. Ceci concerne aussi les études professionnelles, encore trop souvent considérées comme des filières de relégation. Les choisir serait rater sa vie… c’est terrible de penser ainsi ! Inspirons-nous de ce qui se fait par exemple en Allemagne et en Suisse, où ces filières sont très valorisées. Sortons aussi de l’idée qu’elles sont déterministes ; elles doivent bénéficier de passerelles et permettre d’aboutir à un panel de possibilités très large. »
Olivier de Wasseige : « Un travail énorme doit aussi être fait au niveau des parents ; ils pensent souvent qu’une filière technique est synonyme d’échec. Un autre souci est l’offre de formations trop dispersée : 178 filières en technique et en professionnel, dont la grande majorité ne sont fréquentées que par 7 % des élèves. En outre, parmi les 15 filières les plus fréquentées, seules 4 mènent vers des métiers en pénurie ; dans les autres, il n’y a malheureusement pratiquement aucun avenir. Enfin, dans les cursus, il s’agit sans doute de mieux expliquer aux jeunes à quoi va servir ce qu’ils apprennent, notamment les STEM. »
Etienne Goffin : « Nous avons tous un rôle à jouer dans la déconstruction de ces préjugés qui se forment à tout bout de champ. Il faut aussi encourager et accompagner vers l’excellence les gens passionnés par un métier professionnel ou technique. »
Dans notre entreprise, l’intrapreneuriat est vraiment l’un des moteurs de croissance les plus importants. Dans cette optique, la formation continue est indispensable.
Etienne Goffin Managing Partner de Cronos Wallonia – Innovation Lab
Benoît Autem : « Si aujourd’hui on assiste à une telle épidémie de burnouts, c’est sans doute aussi car nombre de personnes ont suivi une voie qui leur a été imposée. Elles n’y trouvent pas de plaisir, de sens et de quoi se réaliser. Par ailleurs, je suis parfois étonné du stress de certains étudiants rien qu’à l’idée de choisir un thème de travail de fin d’études. Ils pensent qu’un tel choix déterminera à jamais leur avenir professionnel. C’est évidemment aberrant ! Les formations actuelles sont des ‘boîte à outils’ et les étudiants d’aujourd’hui exerceront demain des métiers qui n’existent pas encore. Ça devrait les faire rêver et non les stresser. »
Etienne Goffin : « Je perçois aussi ce stress chez les jeunes. Certains estiment qu’ils n’ont pas fait un baccalauréat super brillant et qu’en conséquence, ils ne feront pas une belle carrière. Chacun dispose de passions et de choses qu’il fait mieux que les autres ; il faut s’axer là-dessus. C’est à ce moment-là qu’on est bon dans ce que l’on fait et que l’on est compétitif. »
Comment rapprocher le monde de la formation des attentes des entreprises ?
Nathalie Burteau : « Diverses initiatives se développent dans la formation. Certains entrepreneurs ou anciens entrepreneurs se voient par exemple confier des charges académiques, ce qui met les étudiants en lien direct avec leur avenir. La formation elle-même évolue, notamment celle des doctorants dans laquelle on a introduit désormais des soft skills. La Région wallonne finance en outre des thèses de doctorat liées aux transferts des savoirs vers le monde l’entreprise. Mentionnons aussi une initiative comme Trail dans le secteur du digital, également en forte pénurie de talents. Elle vise à mettre à disposition du tissu socio-économique l’expertise et les outils développés dans le domaine de l’intelligence artificielle par les 5 universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles et les 4 centres de recherche agréés actifs en IA. »
Benoît Autem : « On ne peut que saluer la démarche des professeurs ayant une expérience en entreprise. Ce savoir-faire allié à leurs connaissances permet aux étudiants d’aller très vite dans l’apprentissage. Il faut continuer au maximum dans cette voie où l’on établit des liens entre le monde académique et celui de l’entreprise. Mais c’est aussi aux entreprises de s’ouvrir, par exemple en organisant des journées portes ouvertes, en rencontrant les étudiants ou en répondant favorablement aux professeurs qui les sollicitent pour des projets collaboratifs. »
Nombre des PME wallonnes ont été créées dans les années 90 et leurs dirigeants partent progressivement à la retraite sans trouver de repreneurs.
Benoît Autem Managing Director & Administrateur délégué de D-Tek
Annick Castiaux : « Le rôle de l’université et de l’enseignement supérieur est d’offrir une formation de qualité. La façon d’enseigner évolue déjà fortement, avec des approches par problèmes et par projets afin de permettre de résoudre des situations complexes et de mobiliser des connaissances encore non acquises. Le premier rôle des universités et hautes écoles reste cependant d’apprendre… à apprendre ! Au-delà de ça, il faut aussi mettre l’accent sur la formation continue tout au long de la vie ; elle fait encore défaut chez nous. »
Pascale Delcomminette : « Nous sommes tous d’accord pour dire qu’on ne peut avancer qu’en décloisonnant et en alignant toutes les parties prenantes : universités, hautes écoles, entreprises mais aussi gouvernement, administrations, etc. Pour casser les silos, d’autres aspects doivent également être développés : le rôle sociétal des entreprises, le mentoring des grandes entreprises à l’égard des startups, le partage de bonnes pratiques, etc. Je souhaiterais voir se développer des pools d’entrepreneurs qui effectueraient des ‘road shows’ pour rencontrer les jeunes, les universités et les startups et constituer des ‘role models’. »
Benoît Autem : « Je m’interroge tout de même sur l’efficacité des spin-off universitaires. On investit ici des montants très importants en demandant aux universités d’endosser un rôle qui n’est pas le leur et en demandant de transformer les chercheurs en entrepreneurs. Or, être un bon chercheur n’induit pas que vous serez un bon manager ou un bon commercial. Après plus de 15 ans d’existence des spin-off, on constate qu’il y a eu beaucoup de rêves mais aussi beaucoup de déceptions en ce qui concerne la création nette d’entreprises. »
Annick Castiaux : « Cette idée à propos des spin-off est révolue depuis bien longtemps. Elles sont en général très bien accompagnées, y compris au niveau des compétences managériales. Que ce soit dans les universités ou les entreprises, un chercheur-entrepreneur solitaire, ça n’existe plus. »
Olivier de Wasseige : « Il est crucial de rapprocher le monde de la formation de celui des entreprises. Ces dernières ont de plus en plus l’impression que les jeunes n’arrivent plus avec le bagage suffisant, qu’il s’agisse d’un savoir de base – règle de trois, lecture d’un texte, etc. -, d’un savoir-être – ponctualité, politesse – ou d’un savoir-faire. C’est à ce dernier que l’entreprise peut sans doute suppléer le plus rapidement. Le niveau de qualification exigé n’arrête cependant pas d’augmenter. Jusqu’il y a peu, 25 % des engagés étaient faiblement qualifiés ; on est à 15 % aujourd’hui et on sera à moins de 10 % dans quelques années. Si on n’a pas une formation suffisante, on s’éloigne donc de plus en plus du marché de l’emploi. Or, au vu des chiffres du Forem, près de 20 % des demandeurs d’emploi ont au maximum un diplôme de primaire et 4 % celui de 4e secondaire. »
Que préconisez-vous encore pour favoriser la croissance de nos entreprises ?
Olivier de Wasseige : « Pour améliorer la situation, il faut notamment se diriger bien plus vers la recherche, l’innovation, l’exportation et une économise basée sur des produits finis plutôt que sur des produits intermédiaires. »
Pascale Delcomminette : « Vu la petite taille de notre région, 70 % de la valeur ajoutée se fait à l’international. Renforcer cette appétence vis-à-vis de l’international est donc en effet primordial. De nombreux outils sont à la disposition des entreprises pour s’exporter et grandir mais ne sont pas encore suffisamment exploités. L’internationalisation passe aussi par plus de collaborations avec l’étranger en matière d’innovation, notamment digitale, par un positionnement fort en matière de développement durable et par une meilleure visibilité de nos succès que nous devons oser célébrer davantage. »
Annick Castiaux : « Il s’agit d’accompagner les nouveaux entrepreneurs, non seulement au niveau de la création de leur entreprise mais aussi dans l’anticipation de leur stratégie de croissance, et ceci dès le départ. Quelles stratégies d’innovation, de diversification, d’internationalisation permettront de développer l’entreprise dans le futur ? Comment s’y préparer ? »
Beaucoup de jeunes, notamment les filles, s’autocensurent dans le choix de certaines filières comme les STEM et le numérique ; ils pensent qu’elles ne sont pas faites pour eux.
Annick Castiaux Rectrice & Professeure de gestion de l’innovation à l’Université de Namur
Benoît Autem : « Des entreprises telles que des microbrasseries jouent parfois la carte de l’international mais ne trouvent pas les capitaux suffisants pour y répondre à la demande. Les banques n’intervenant plus comme dans le passé, il est nécessaire d’avoir des intervenants locaux tels que les Invests. Un autre frein à la croissance des entreprises, ce sont les nombreux aspects réglementaires et administratifs exigés. »
Etienne Goffin : « Nous réalisons tous que des changements radicaux sont en train de se produire, tant au niveau technologique que de la durabilité et du sociétal. Les trois sont à ce point liés que cela implique de changer aussi le business model des entreprises. Le digital et les datas, par exemple, laissent des traces partout et tout le temps, que ce soit dans notre activité économique, nos loisirs, notre vie sociale… ou en termes de pollution quand on passe commande à l’autre bout du monde depuis son écran d’ordinateur. Il faut avoir une vision transversale. »
Certains entrepreneurs ou anciens entrepreneurs se voient confier des charges académiques, ce qui met les étudiants en lien direct avec le monde de l’entreprise.
Nathalie Burteau Présidente du Réseau Lieu
Nathalie Burteau : Le processus d’accompagnement des spin-off s’est sans cesse amélioré. Le trio idée + marché + équipe est prôné. Dans le cadre du programme First Spin-off, 110 spin-off ont été créées en 20 ans, avec 1.000 emploi à la clé et 80 % de taux de survie. Dans ce cadre, l’internationalisation a beaucoup d’importance. En effet, les spin-off sont dans des niches ; il faut donc aller très vite à l’étranger pour assurer un marché. Il y a beaucoup d’aides ; il faut les visibiliser et les articuler pour les choisir à bon escient mais garder l’agilité et la spécificité qu’elles offrent. »
Hortense Lamy : « Miser sur l’intrapreneuriat aboutit aussi à pas mal de success stories. Une telle prise d’initiative au sein des entreprises permet aussi de limiter la prise de risque. Un accompagnement de l’intrapreneur s’avère néanmoins également nécessaire. Il serait judicieux qu’au sein des entreprises, on organise un concours annuel de l’innovation, de l’intrapreneuriat ou de la création d’une startup en interne. Ce serait là un facteur favorisant leur croissance. »
Etienne Goffin : « Dans notre entreprise, l’intrapreneuriat est vraiment l’un des moteurs de croissance les plus importants. Ce n’est pas juste un concours ; c’est tout notre ADN ! Dans cette optique, nous sommes tous tout le temps en formation continue et en reconversion permanente. »
Hortense Lamy : « Un jour, au sein de notre société de recrutement, nous nous sommes demandé qui serait notre concurrent de demain. Nous avons estimé qu’il s’agirait des agences matrimoniales car elles font des matchs entre les individus. Pour évoluer, nous avons décidé de développer une application digitale similaire. Cela a abouti à la création d’une nouvelle société au sein du groupe… Aujourd’hui, elle y enregistre la plus forte croissance ! Cet exemple illustre que l’intrapreneuriat fonctionne bien. »