L’extraction de la Pierre Bleue est une tradition dont les Belges peuvent être fiers. Eric Dothée, CEO des Carrières du Hainaut, nous en dévoile les secrets.
© FOSTER + PARTNERS, AECOM, IVANE DESIGN & PHOTOGRAPHY
Eric Dothée
CEO des Carrières du Hainaut
Cocorico ! La plus grande carrière de pierre calcaire ornementale d’Europe est wallonne, plus précisément à Soignies. On y trouve la fameuse Pierre Bleue du Hainaut, une roche sédimentaire dont la formation remonte à 350 millions d’années, quand une mer tropicale recouvrait encore le territoire actuel de la Belgique. « Ses qualités esthétiques exceptionnelles et sa solidité sans faille lui valent d’être exportée partout en Europe. Plus de 800 m² en ont été utilisés pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris », se réjouit Eric Dothée. « C’est l’un des seuls produits de luxe qui vienne de Belgique. »
Au tout début de l’exploitation de la carrière, en 1888, la pierre était affleurante au niveau du terrain naturel. Dorénavant, il faut s’aventurer à environ 100 mètres de profondeur pour trouver les 9 bancs présents dans le sous-sol. « L’argile provenant des couches supérieures est vendue aux briqueteries. Quant aux raches, couches de roches friables dont l’épaisseur peut atteindre 50 mètres par endroit, elles sont extraites grâce à des tirs de mines, puis valorisées sous la forme de granulats. Cette production sert surtout à fabriquer du béton », nous détaille le CEO.
C’est l’un des seuls produits de luxe qui vienne de Belgique.
Une valeur sûre
Une fois arrivé au niveau des gisements de Pierre Bleue, le personnel des carrières utilise des haveuses munies de dents en diamant de synthèse pour en extraire de larges parallélépipèdes, curieusement appelés « boules ». L’intégralité du processus de mise en valeur du matériau a lieu sur place. « Après une étape intermédiaire, dite de préparation des blocs, la pierre est envoyée en scierie pour y fabriquer des produits finis ou semi-finis. On vend essentiellement aux tailleurs de pierre et marbriers, ainsi qu’aux entreprises de construction et de voiries industrielles, », explique Eric Dothée. En dépit de la popularité de la Pierre Bleue, les carrières traversent en ce moment un passage à vide, avec une baisse de 20 % du volume de production. En cause : un ralentissement après l’envolée des commandes durant la crise sanitaire, mais aussi la concurrence de nouveaux matériaux dans le secteur de la construction. Eric Dothée se veut néanmoins optimiste : « La Pierre Bleue reste une valeur sûre. Aucun matériau synthétique ne pourra jamais provoquer la même émotion que celle ressentie en présence d’une pierre naturelle. »